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Voyageuse épicurienne, carpe diem. Passionnée d'histoire, généalogie. J'adore visiter les châteaux, édifices religieux, monuments historiques, villages de caractère et médiévaux. Mon univers est riche et curieux. J'aime l'art, dessin, peinture, lecture, musique, balades, photographie, arts divinatoires, gastronomie, bien-être. Mes ami(e)s, famille, enfants et petits-enfants complètent mes passions

Histoire. Le Moyen-Âge (XIe - XVe siècle)

Publié par CHANTALE

Histoire. Le Moyen-Âge (XIe - XVe siècle)

Le Moyen Âge

La société du Moyen Âge

Le système féodal. Contexte historique. La fin d’un monde

La chute de l'Empire romain annonce une période sombre dans toute l'Europe, les tribus germaniques prennent le contrôle des régions. Rapidement, les Francs vont s'imposer et aboutir à la formation de l'Empire carolingien véritable pôle d'une renaissance culturelle. Au delà des invasions normandes, la ferveur religieuse entraîne les Croisades et les innombrables pèlerinages. Tandis que les principes de la féodalité aboutiront à un long conflit entre la France et l'Angleterre qui renforcera le pouvoir royal.

Le Moyen Âge central et tardif (XIe-XVe siècles), une période de transformations profondes en Europe, marquée par l'essor des villes, les croisades, la guerre de Cent Ans et la Renaissance.

Le Moyen Âge central (XIe-XIIIe siècles)

Essor et expansion

  • La société féodale :
    • Le système féodal s'établit solidement, avec une hiérarchie sociale basée sur les liens de vassalité.
    • Les seigneurs locaux exercent un pouvoir important sur leurs terres, tandis que le pouvoir royal se renforce progressivement.
  • L'essor des villes et du commerce :
    • Les villes connaissent une croissance démographique et économique, grâce au développement du commerce et de l'artisanat.
    • Les foires et les marchés deviennent des centres d'échanges importants.
    • L'apparition de la bourgeoisie, une nouvelle classe sociale, transforme la société médiévale.
  • Les croisades :
    • Les croisades, expéditions militaires et religieuses vers la Terre sainte, ont un impact profond sur l'Europe.
    • Elles favorisent les échanges culturels et commerciaux avec le Moyen-Orient, mais entraînent également des conflits et des massacres.
  • L'essor de l'Église :
    • L'Église catholique joue un rôle central dans la société médiévale, exerçant une influence spirituelle, politique et culturelle.
    • L'architecture romane et gothique se développe, avec la construction de cathédrales majestueuses.
    • Les ordres monastiques se développent.

Le Moyen Âge tardif (XIVe-XVe siècles) : crises et transformations

  • La peste noire :
    • La peste noire, une épidémie dévastatrice, décime une grande partie de la population européenne au XIVe siècle.
    • Elle entraîne des bouleversements économiques, sociaux et religieux.
  • La guerre de Cent Ans :
    • La guerre de Cent Ans, un conflit prolongé entre la France et l'Angleterre, marque une période de troubles et de destructions.
    • Des figures comme Jeanne d'Arc émergent, symbolisant la résistance nationale.
  • La Renaissance :
    • La Renaissance, un mouvement intellectuel et artistique, commence à se développer en Italie au XIVe siècle, puis se répand en Europe.
    • Elle se caractérise par un regain d'intérêt pour l'Antiquité, le développement de l'humanisme et la floraison des arts.
    • L'invention de l'imprimerie par Gutenberg, va révolutionner la diffusion des connaissances.
  • Les grandes découvertes :
    • La fin du XVe siècle est marquée par les grandes découvertes, avec le voyage de Christophe Colomb vers les Amériques en 1492.
    • Ces découvertes ouvrent de nouvelles perspectives économiques et géographiques, et marquent la transition vers l'époque moderne.

Héritage du Moyen Âge central et tardif

  • Formation des États-nations :
    • Le Moyen Âge a été une période cruciale pour la formation des États-nations européens, avec la consolidation des royaumes et des identités nationales.
  • Développement des villes et du commerce :
    • L'essor des villes et du commerce a posé les bases de l'économie moderne.
  • Héritage culturel et artistique :
    • L'art roman et gothique, la littérature courtoise, la philosophie scolastique et les universités médiévales ont laissé un héritage culturel et intellectuel durable.

Le Moyen Âge central et tardif est une période de transformations profondes, marquée par l'essor des villes, les croisades, la peste noire, la guerre de Cent Ans et la Renaissance. Ces événements ont façonné l'Europe moderne et ont laissé un héritage durable dans de nombreux domaines.

Le système féodal

Qui s'est installé en Europe depuis l'empire carolingien de Charlemagne, a entraîné une décentralisation du royaume en plusieurs territoires autonomes. Ce modèle a installé durablement une hiérarchisation de la société occidentale : rois, ducs, seigneurs, chevaliers, serfs.

Peu après les invasions barbares, le décor urbain de Rome disparut, et laissa place aux champs, pâturages et forêts. Les principes de la culture urbaine des Romains devaient ainsi s’adapter à ce nouveau changement. De puissantes tribus germaniques envahirent l’Europe et s’y installèrent aux IIIe et IVe siècles de l’ère chrétienne. Elles amenèrent de nouvelles règles de conduite, de nouveaux codes d’éthique et une nouvelle manière d’accumuler et de répartir les richesses.

 

Une société chaotique

Le monde était entré dans une nouvelle ère remplie d’énigmes et de mystères, il était dangereux de s’aventurer dans les forêts hostiles où les bandits avaient le contrôle. Les voyageurs du temps des Romains avaient disparus. La peur collective régnait partout. Les premiers Mérovingiens occupés à se détruire ont peu fait pour améliorer cette situation de chaos. A peine les invasions de l’Est endiguées qu’il fallait faire face aux Vikings et Normands. Le grand Charlemagne restaura en partie la situation en posant les principes d’une nouvelle administration. La monnaie circula de nouveau, des écoles furent crées, la population se hiérarchisa entraînant souvent la possession de privilèges pour les uns par rapport aux autres. Cette période est couramment appelée : « La Petite Renaissance ».

 

L’organisation féodale. L’administration locale

Sous l’Empire carolingien, l’empereur représentait le cœur de l’organisation administrative. L’étendue de son territoire l’avait contraint à déléguer son pouvoir à des responsables de régions, contrées ou districts. L’insécurité du territoire était telle que le royaume était délimité géographiquement de telle sorte que l’on pouvait aller d’un point à un autre en une journée de cheval. Les rivières ou les forêts délimitaient les régions ainsi formées. La nécessité et la peur avaient imposé un tel réseau de relations entre le responsable d’une région, appelé vassal et l’empereur ou le roi auquel il avait juré fidélité. Le vassal prêtait serment au seigneur, il occupait ainsi un fief, domaine terrien de taille importante. Il devait fournir des soldats au seigneur et lui assurait des revenus. En retour, le seigneur le protégeait avec son armée.

Certains champs et villages dépendent directement du vassal qui est retranché dans le château fort. Celui-ci a confié des hameaux à des arrières -vassaux qui protègent à leur tour des sous-vassaux qui s'occupent de quelques parcelles de maisons.

Décentralisation du pouvoir

Le système féodal est donc formé d’un ensemble de rapports personnels, fondés sur les aides réciproques qui organisent la société sur de nouvelles bases. Un certain rapport de force est caractéristique du système féodal. Le puissant a besoin d’hommes fidèles pour l’aider à administrer les terres et l’armée. Il y a d’autre part les moins puissants qui demandent aide et assistance, ils deviennent ainsi serviteurs du plus puissant. Mais ils pourront en outre promulguer des lois, recruter des soldats… Le système féodal est né de la faiblesse des États et de l’insécurité qu’elle engendrait. L’État fut par la suite morcelé en un grand nombre d’unités autonomes et accompagné du déplacement de la vie sociale et économique vers la campagne ainsi que vers la résidence du seigneur : le château.

Le château était le centre d'un ensemble vivant pratiquement en circuit fermé. Il comprend les habitations du seigneur, des soldats, des paysans libres, des artisans, des serfs ainsi que tout ce qui était nécessaire à leur vie : les écuries, les entrepôts, les magasins, les fours, les ateliers... Dans des situations exceptionnelles telles qu'un siège, il pouvait se passer du monde extérieur.

Une société nouvelle

Le vassal n’était pas le vrai propriétaire de son fief, cela revenait au suzerain, mais il pouvait administrer et utiliser à son profit les ressources et les produits de la terre. A la mort du vassal, la terre revenait au suzerain, mais dans la pratique le fils du vassal venait renouveler le serment de fidélité fait par son père. Le vassal peut lui-même être assisté par d’autres personnes qui lui prêtent serment, ces personnes recevaient alors, un château, une tour fortifiée avec un village, des champs, ou une route et un pont. Ils constituaient les arrière-vassaux. A cette époque on distingue déjà trois ordres : la noblesse qui s’occupait de commander et guerroyer, le clergé qui priait pour la paix spirituelle, les paysans quant à eux travaillaient moissonnaient, ils survivaient avant tout.

L’émergence de la noblesse

A la mort de Charlemagne, le pouvoir impérial s’affaiblit, les délégués du pouvoir prirent de l’indépendance et de l’importance. Une noblesse émergea et se hiérarchisa respectivement en barons, vicomtes, comtes, marquis, ducs et princes. Il arrivait même que des vassaux soient plus riches que leurs seigneurs. Ainsi les ducs de Normandie qui contrôlaient l’Angleterre étaient plus puissants que les rois de France. Lorsque les Capétiens montèrent sur le trône leur pouvoir était très réduit, ils ne contrôlaient pas tout le royaume mais uniquement la région d’Île de France. Il leur fallait aussi assurer leur hérédité, mais peu à peu les Capétiens parvinrent à restaurer l’autorité royale et à renforcer leur pouvoir. De son coté, l’Église récupéra le monopole spirituel de l’Occident où la vision manichéenne du Diable et de Dieu n’a jamais été aussi forte.

Expansion du système féodal

L’Empire carolingien était à l’origine d’une renaissance artistique, qui s’effondra sous les invasions normandes. Cependant les Normands adoptèrent le système féodal, ils l’exportèrent même en Sicile et en Angleterre. Le système féodal fut même employé en Espagne par les Musulmans. Les Croisades l’exportèrent jusqu’aux seigneuries latines d’Orient. Au XIIe siècle, les fiefs sont les plus importants au Nord et au Centre de l’Europe. Ils allaient donner naissance aux régions et principaux États modernes. Le système féodal se maintint en place près d’un demi-millénaire. Pendant des siècles, des régions européennes vécurent dans un climat de paix et de prospérité, cela n’excluait pas les guerres entre barons, mais le peuple avait rarement à subir les pillages et rapines.

Noblesse du Moyen-Âge

Prince. Duc. Marquis. Comte. Vicomte. Baron. Chevalier. Ecuyer.

La Ferveur Chrétienne

S'est progressivement ancrée dans la France du Moyen Âge. A partir du baptême de Clovis, la royauté a beaucoup utilisé la religion, provoquant de nombreux événements : croisades, pèlerinages, conflits, inquisition, etc.

Au début du Moyen Âge, la foi religieuse était déjà profonde et bien ancrée chez les chrétiens européens. Malgré une tendance à générer un certain fanatisme, elle ne s’exalta que rarement jusqu’à la violence. Les choses changèrent cependant à mesure que grandissait et s’étendait la menace de l’Islam…

Présentation du contexte historique L’expansion du christianisme A partir de l’an 100 de notre ère, les conversions au christianisme au cœur même de l’Empire romain alarmèrent les dirigeants impériaux. Sous le règne de Néron, la persécution s’effectuait à une cadence vertigineuse. Le théologien Origène qui s’était castré pour ne pas succomber au péché de chair écrivait alors : « La foi en Jésus Christ s’assoit, se nourrit et s’étend sur des montagnes de martyrs ». La logique et la morale de la pensée gréco-latine ne pouvait comprendre la chrétienne. Alors que les Romains se livraient avec délice au paganisme, l’empereur Constantin Ier fut frappé par une vision, et se convertit subitement au christianisme. En fait ce césar se souciait moins de ses convictions que d’une opportunité diplomatique.

Le Bien contre le Mal

Dans ce bouillon de culture très particulier que fut le Moyen Âge, bourré de fantaisies démoniaques et de visions angéliques, deux acteurs tiennent un rôle de premier plan : Dieu et Satan. Deux antithèses mères de tous les excès entre ferveur et exaltation. Hors le Ciel ou l’Enfer, point d’alternative au genre humain en cette période sombre. Sauver son âme tel était l’objectif. Pourtant au début des invasions barbares, Dieu était craint, ses colères étaient redoutées, mais finalement en quittant l’époque mérovingienne, le Dieu exerçant les châtiments est progressivement devenu un Dieu bienfaiteur incarnant le Bien, et Satan est devenu la personnalisation du Mal.

Divers exemples de la ferveur religieuse

La croisade contre les albigeois La ferveur religieuse fut le grand symptôme du Moyen Âge, à la chute de l’Empire romain, le christianisme apparaissait comme une religion jeune et vigoureuse. Un processus d’expansion soumis à des évolutions du point de vue dogmatique et spirituel, lui donnait un beau dynamisme. Cependant les hérésies et les schismes florissaient et se multipliaient. L’un des plus dangereux schismes était sans doute l’arianisme qui niait la divinité du Christ. L’une de ces hérésies fut celle des bogomiles de Bulgarie, et qui s’étendit jusqu’à l’Occident. Ce fut alors une grave crise religieuse en France qui vit s’affronter l’Église catholique aux Cathares et aux Albigeois. La croisade entreprise par la papauté contre l’hérésie cathare fut commandée par l’ambitieux Simon de Montfort. Les armées papistes ravagèrent l’Aquitaine, entraînant des milliers de victimes et détruisant la culture la plus raffinée de l’époque : la civilisation occitane issue du mythe de la chevalerie, de l’honneur chevaleresque et de l’amour-courtois, honorée par les troubadours.

Le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle

La tradition raconte qu’après avoir été décapité en Judée, les restes de Saint Jacques le Majeur, apôtre du Christ, auraient été amenés dans le plus grand secret sur la côte de Galilée. De là, on suppose qu’ils furent embarqués pour la Galice extrémité de la péninsule ibérique. Un culte primitif local entretint et perpétua la mémoire de cet événement, tenant secrète la sépulture jusqu’à sa découverte au IXe siècle. La nouvelle se répand alors dans le monde chrétien de l’Europe de manière vertigineuse enflammant les esprits, exaspérant la foi de tous. Un engouement pour ce nouveau culte apostolique va drainer des foules pèlerines en quête « d’extraordinaire ». Des hommes se mettent en route, à pied par les sentiers et les chemins peu sûrs, traversant rivières impraticables et denses forêts au mépris de tous les dangers. Les pèlerins d’Europe se retrouvent en France et traversent notamment le col de Ronceveaux (la Chanson de Roland). L’élan de la Reconquista espagnole donnera de l’ampleur au pèlerinage.

 

Les croisades

Bénie par le pape et conduite par les monarques des royaumes chrétiens, cette aventure devait représenter tout ce que l’esprit médiéval avait de bon en lui. Huit croisades au total, où s’impliquèrent tous les états (clergé, noblesse, bourgeoisie et université), toutes castes confondues. Forgerons, tanneurs et artisans équipèrent les Croisés, les travailleurs de chantiers navals fournissaient les navires pour traverser la Méditerranée. Les femmes confectionnaient vêtements, couvertures, et brodaient avec ferveur les bannières, enseignes et fanions qui devaient arborer les champs de bataille, de nombreuses femmes de la Cour suivaient la reine qui accompagnait parfois son royal conjoint. Et la hiérarchie du clergé priait depuis les plus hautes cathédrales aux modestes chapelles. Les multiples campements devant les cités assiégées étaient en proie à une dévotion particulièrement atroce. Ainsi, après la mise à sac de la Palestine, Raoul de Caen, chroniqueur de la Première Croisade écrivait : « A Maarat, les nôtres firent cuire les païens adultes dans des marmites et embrochèrent les enfants pour les manger rôtis. » Certains prêtres musulmans qui savaient où se cachait la Sainte croix du Christ furent torturés, des Juifs étaient enfermés dans leur synagogue et y brûlèrent vifs. Ces entreprises démesurées étaient principalement menées par les Francs qui perdirent durant les Croisades plus d’hommes que tous les autres pays Chrétiens réunis.

La hiérarchie du clergé

Le clergé peut se distinguer entre : clergé régulier : qui suit la règle d’un ordre religieux. Ordre monastique (bénédictains, cisterciens). Ordre mendiant (franciscains, dominicains). Clergé séculier : qui vit dans le « siècle », c’est-à-dire dans la société. On peut également distinguer :

Le haut clergé, les prélats:Pape. Cardinaux.  Evêques Archevêques Abbés Prieurs 

Le bas clergé :Prêtres Frères convers Curé

Les ordres Religieux et la justice au Moyen Âge

L’époque médiévale vit la coexistence de deux concepts en matière de justice :

Le premier se réclamant du droit romain, il s’agit de celui des rois et de l’Eglise, qui, après la chute de l’Empire et la christianisation des barbares incarnait l’antique prestige de Rome. Le Droit romain consistait en l’application de la justice en vertu de lois et décrets écrits : La loi des Douze Tables de l’ère républicaine tout d’abord, puis les lois plébiscites ou codes, à l’époque de l’Empire. Les Romains avaient adopté la manière des Athéniens de rendre la justice.

Le second est celui du peuple et des seigneurs sur leur fief qui désiraient établir leur justice sans rendre de compte, ce mode de justice dérive des principes du droit germanique Par essence, la justice germanique était très simpliste : le seigneur se réservait le droit d’infliger des châtiments à ses sujets, en application de vagues concepts issus d’antiques traditions. Cependant aucune loi n’était rédigée. L’exercice du droit germanique des seigneurs féodaux était réparti selon trois niveaux :

La haute justice, qui donnait pouvoir de vie ou de mort et l’octroi de l’utilisation de la torture ainsi qu’à la saisie des biens.

La moyenne justice se limitait à punir des délits qui n’impliquaient pas la peine de mort mais pouvaient conduire à de lourdes condamnations.

La basse justice était restreinte au châtiment des serviteurs dépendant du seigneur.

 

Justice et châtiments

Les concepts de droit romain et de droit germanique se heurtèrent au cours des siècles, de nombreux châtiments physiques refirent leur apparition en Europe. La principale nouveauté introduite en Europe fut l’ordalie, il s’agit d’un système visait à démontrer la culpabilité ou l’innocence de l’accusé. Cette pratique barbare consistait à soumettre l’accusé à une épreuve difficile qu’il devait surpasser pour prouver son innocence. Parmi les plus courantes : la bassine d’huile bouillante dans laquelle l’accusé devait plonger une main et la ressortir indemne ou celle des braises de charbon chauffées qu’il devait se saisir sans se brûler… Evidemment dans la majorité des cas, l’accusation était suivie par l’exécution capitale. L’Eglise ne fit rien pour éradiquer ces pratiques brutales, bien au contraire, elle les développa avec dextérité. Une variante de l’ordalie fut celle du « jugement de Dieu » : l’accusateur affrontait l’accusé dans un combat mortel. Les femmes et les nobles pouvaient choisir un champion pour les représenter. Une autre pratique fut celle de l’écartèlement. Le prisonnier, après avoir été pendu, décapité, lapidé, ou criblé de flèches, était mis en pièces : chacun des « morceaux » était exposé publiquement.

Le Tribunal d’Inquisition

L’Inquisition était chargée dès le XIIIe siècle de réprimer l’hérésie dans certains États catholiques. Les premiers inquisiteurs connus, deux moines de l’ordre de Cîteaux lors de l’hérésie cathare. C’est en 1231 que le pape Grégoire IX créa Le Tribunal d’Inquisition, placé sous le contrôle de l’ordre des Dominicains. D’abord présentée comme un organisme judiciaire temporaire, l’Inquisition a été transformée en établissement régulier et permanent par les conciles du Latran (1215) et de Toulouse (1229). Toute personne pouvait être poursuivie sur simple dénonciation, l’essentiel pour les juges étant d’obtenir l’aveu des inculpés, ce qui, à partir de 1252, les amena à utiliser la torture. Par son action brutale, elle fut aussi utilisée pour combattre d’autres formes d’hérésie, pour réprimer la sorcellerie, pour persécuter les non-chrétiens ou jugés tels. Au XVe siècle, les progrès de la centralisation royale firent peu à peu tomber en désuétude les tribunaux d’Inquisition en France.

En cachette, on pratiquait l’envoûtement et l’exorcisme. On croyait au pouvoir des talismans, amulettes, ou des philtres. La justice civile et religieuse ne tarda pas à mener une lutte féroce contre ces pratiques. Le satanisme se réfère à un maître, Satan ; c’est une religion qui s’oppose ouvertement à la chrétienté. Mais à cette époque, on ne fit pas de distinction entre sorcellerie et satanisme. Même l’herboristerie pouvait être considérée comme une hérésie.

Les ordres de chevalerie

Les Hospitaliers : L’ordre des Hospitaliers est fondé en 1113 en Palestine pour soigner et protéger les pèlerins qui s’y rendaient. Gouvernés par un grand maître, les Hospitaliers faisaient vœu de chasteté, de pauvreté et d’obéissance. Après la perte de la Terre Sainte avec la prise de Saint Jean d’Acre en 1291, ils s’installent à Chypre et conquièrent l’île de Rhodes sur les Byzantins en 1309. Charles Quint leur cède l’île de Malte; ils prennent alors le nom de Chevaliers de Malte. Ils continuent à s’illustrer contre les Turcs et s’illustrent lors de la bataille de Lépante en 1571. L’ordre demeura à Malte jusqu’à la prise de l’île par Bonaparte en 1798. L’ordre siège aujourd’hui à Rome et n’a plus qu’un rôle honorifique. Les Templiers : L’Ordre des Chevaliers de la milice du Temple est fondé en 1119, pour la défense des pèlerins en Terre Sainte. Il s’enrichit, posséda domaines et forteresses, servit de banque aux pèlerins et, plus tard, aux rois. Après la perte de la Terre Sainte, l’ordre se retire dans ses possessions européennes. En butte à de nombreuses hostilités, notamment parce qu’il ne relève que du pape, l’ordre est persécuté à partir de 1307 par Guillaume de Nogaret et Philippe IV le Bel : arrêtés et soumis à la question, les Templiers avouent des crimes peu vraisemblables. Le pape Clément V convoque un concile sous la pression du roi de France. En 1312, Clément V prononce la dissolution de l’ordre des Templiers. Le grand maître de l’ordre, Jacques de Molay, est exécuté en 1314, et les biens des Templiers sont transmis aux Hospitaliers.

Les Chevaliers Teutoniques : Cet ordre hospitalier et militaire est fondé vers 1128 par les Croisés à Jérusalem, mais exerce son influence surtout en Allemagne. L’ordre bénéficie bientôt de privilèges et de donations considérables. Les heurts avec les Hospitaliers les incitent à chercher un établissement en Europe Orientale. Leur avancée à l’Est est limitée par les Russes (défaite devant Alexandre Nevski en 1242). Au XIVe siècle, le grand maître des Teutoniques apparaît comme un des souverains les plus puissants et les plus riches d’Europe. Le XVe siècle voit cependant leur déclin la défaite de Tannenberg de 1410 face aux Polonais et Lituaniens. Napoléon supprime l’ordre en 1809, qui se reforme en Autriche en 1840.

On a beaucoup écrit sur ce fameux trésor, nombreux l’ont cherchés en vain. Pourtant l’ordre était infiniment riche, lorsque les sbires de Philippe le Bel investirent le Temple de Paris, ils ne trouvèrent rien. Un cortège de chariots recouverts de paille, avaient quitté la capitale la veille a-t-on dit. On dit que le trésor fut emmené au Nord de la France pour aller jusqu’en Angleterre. D’autres sources affirment qu’il fût caché dans les monts d’Auvergne. Mystère…

 

Les ordres religieux

La vie monastique a pris forme, dans ses structures essentielles, entre le IIIe et le XIIe s. Selon la tradition chrétienne, le monachus (moine) mène une existence retirée, plus ou moins solitaire, ceci est vrai pour l’ermite et, à un degré moindre, du cénobite (celui qui vit avec d’autres moines). Les ordres monastiques (bénédictins, cistérciens) : L’ordre bénédictin, fondé au VIe siècle par saint Benoît de Nursie, est le plus ancien ordre monastique d’Occident. À partir du XIe siècle, l’ordre se diversifia : clunisiens, camaldules, chartreux… En 1098, avec la création de Cîteaux par Robert de Molesme, naissait l’ordre des cisterciens, dont le théologien le plus célèbre fut saint Bernard, abbé de Clairvaux. Mais les entorses à la pureté primitive de la règle se multiplient, le prestige des cisterciens décroît au profit des ordres mendiants. Les ordres mendiants (franciscains, dominicains) : Saint Dominique part prêcher dans le pays languedocien en proie à l’hérésie cathare. Il prend conscience de l’ignorance de la population et du clergé. Il fonde à Toulouse en 1215, l’ordre des dominicains, une communauté de prêtres destinés à mener une sainte vie, à la prédication itinérante et à l’enseignement. C’est une innovation que de concevoir une vie religieuse au contact des foules et non dans un monastère isolé. Saint François d’Assise, quant à lui, fondateur des franciscains (1210) fait une rencontre personnelle avec le Christ qui le conduit à se dépouiller de tout son passé et à épouser Dame Pauvreté. La vie intérieure de St François est marquée par la réalisation de son propre péché et de la miséricorde de Dieu qui vient racheter. Les franciscains portent une robe brune avec une corde pour ceinture (ce qui leur a valu le nom de cordeliers), habit des pauvres de leur temps.

L'Art de la Guerre au Moyen-Âge

 Le guerrier médiéval s'est considérablement développé avec de nouvelles armes et armures. Malgré quelques batailles rangées, la guerre du Moyen Âge s'est surtout construite par le siège de places fortes : les châteaux-forts.

 

Faire la guerre au Moyen Âge. Stratégie militaire

Au Moyen Âge, à l’exception de Crécy, Bouvines ou Azincourt, il n’existe pas vraiment de grandes batailles. La majorité des opérations militaires consistent à éviter la bataille rangée et l’affrontement en rase campagne. La majorité des conflits ne sont que des escarmouches ou des embuscades (cependant meurtrières), des raids et des opérations relativement courtes mais avec des déplacements relativement longs en raison de la progression lente des armées. Souvent, dans les conflits locaux, il s’agissait de mettre en difficulté son adversaire en l’affaiblissant militairement (perte d’hommes, de matériel…) et économiquement (demande de rançons, destruction des ressources). Ainsi, il était coutume d’engendrer la crainte et la terreur, ce qui explique les sacs, pillages et autres rapines qui touchaient le plus souvent des populations pauvres et innocentes.

 

Tactique militaire

Le plus souvent, une armée était une combinaison de cavaliers et d’hommes à pied, ce qui aboutissait à un dispositif assez complexe qui était l’œuvre de grands tacticiens comme Charles le Téméraire par exemple. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, il n’existait pas de cartes d’état-major. Les commandants en chef n’avait une connaissance du terrain qu’en employant des espions ou des guides locaux. L’usage des cartes n’apparaît qu’au cours du XVe siècle pour les opérations terrestres, alors qu’on en employait depuis le XIIIe siècle pour les expéditions nautiques.

La bataille rangée

Refusée la plupart du temps, la bataille rangée était cependant le point le plus culminant de toute campagne. Il existe trois types de combattants au cours des batailles :

La cavalerie montée : Constituée de 3 ou 4 rangs de cavaliers formant une « bataille ». L’ensemble était constitué de petits groupes tactiques appelés « conrois » groupés autour d’une bannière représentant une famille ou un seigneur. On formait alors des blocs de cavaliers et de lances le plus serré possible. Les cavaliers se mettaient lentement en route pour conserver l’alignement, puis accélérant au moment d’arriver sur l’ennemi. Le but était de disperser l’ennemi, pour former des groupes isolés facile à vaincre.

La cavalerie démontée : La tactique était d’attendre l’attaque de l’adversaire. Cela pouvait durer longtemps… Elle était très utilisée par les Anglais, les Français, quant à eux l’appréciaient peu et l’employèrent bien trop tardivement.

L’infanterie : Le corps d’infanterie avait trois dispositifs de combats : en ligne de front sur quelques rangs formant une sorte de rempart ; en cercle très en usage chez les Suisses, employé par les Français à Bouvines ; en bloc comme la bataille en forme de quadrilatère, auquel s’ajoute un triangle d’hommes faisant face à l’adversaire. Une telle formation de 10 000 hommes occupait une surface de 60 m sur 60.

 

Sièges et places fortes

La plupart du temps, face à l’arrivée d’une massive armée, la seule solution adoptée est d’aller se retrancher dans une place forte où l’on s’organisera pour soutenir le siège. La guerre de l’époque n’est donc qu’une succession de perte et de reprise de places fortes émaillés par de fulgurantes charges de chevaliers. Si l’attaque échouait, les chevaliers survivants se retranchaient à nouveau derrière les murailles de la place forte. C’est ce que l’on appelle la guerre guerroyante. Les armées se livraient alors à une incroyable partie d’échecs qui consistait à s’emparer des places fortes, car celui qui les dominait, contrôlait tout le fief.

 

Le château fort

Le château est le lieu de résidence du seigneur, plus il est imposant et doté de moyens de défense, plus le seigneur affirme sa puissance et sa gloire. Mais c’est aussi un lieu militaire protégeant les biens et habitants du fief. Les premiers châteaux furent des tours en bois établies sur des collines que l’on protégeait par plusieurs palissades et fossés. Vulnérables aux feu et autres armes de jet, la pierre fut utilisée sous l’impulsion de normands. Les premiers donjons en pierre étaient carrés, par la suite on les faisait arrondis pour réduire les angles morts. Puis sous l’impulsion de Philippe Auguste en France, les châteaux devinrent de véritables forteresses. Il devenait alors difficile de s’en emparer. La méthode la plus courante était le siège, on encerclait le château pour le couper des ressources. En manque d’approvisionnement, les assiégés finissaient par se rendre. Cependant le château pouvait contenir une grande quantité de ressources et le siège pouvait durer des années. Il fallait alors passer à la prise du château.

 

Les corps d’armées

La cavalerie

Généralement, il y avait trois divisions de cavalerie, la première vague devait enfoncer l’ennemi, le gêner et le disperser, pour que les deux suivantes vagues puissent le mettre en déroute. Les chevaliers, qui étaient l’élite de l’armée obéissait rarement aux ordres, ils combattaient uniquement pour leur gloire personnelle, la victoire n’était qu’au second plan. Parfois, les stratèges mettaient leurs cavaliers à pied à combattre avec les fantassins en renfort, on se plaçait derrière des dispositifs (pieux, tranchées) pour contrer des charges. La bataille de Crécy (1346) montre bien l’indiscipline des chevaliers, les Français qui étaient bien plus nombreux se sont butés face aux archers Anglais qui se retranchaient derrière des pieux, ils étaient appuyés par des chevaliers à pied, et vainquirent les Français. Mais à la fin du Moyen Âge, le rôle de la cavalerie lourde était beaucoup plus réduit, les stratèges avaient compris qu’il ne suffisait pas de charger des troupes d’infanterie bien disciplinées. Les charges dévastatrices étaient encore possible, mais lorsque l’ennemi était en fuite et désorganisé.

 

Les archers

Pendant le Moyen Âge, il y avait toute sorte d’armes de jet (arc court, arc long, arbalète), l’avantage des archers était de pouvoir tuer l’ennemi sans engager de combat individuel. Très pratiqué dans les temps anciens, l’arme de jet s’oublia au début du Moyen Âge où les chevaliers dominaient les territoires. Le code d’honneur rejetait l’arc, qui est considéré comme l’arme d’un lâche. Mais les archers demeuraient utiles pour les sièges et batailles, ils furent déterminant au cours des batailles d’Hastings (1066) et Crécy (1346). Les archers étaient en formation compacte, leurs flèches pouvaient percer une armure à moins de cent mètres. Les Anglais utilisèrent beaucoup les archers car ils étaient désavantagés lorsqu’ils se battaient hors de leur île. Ils développèrent la tactique du tir de barrage, plutôt que de viser une cible individuelle, ils visaient la zone qu’occupait l’ennemi. Ils pouvaient en outre tirer six flèches à la minute. Les arbalétriers devinrent incontournables dans les autres armées d’Europe, qui bénéficient d’une meilleure précision. Vers le XIVe siècle, les premières armes à feu de poing apparurent aux champs de bataille.

 

L’infanterie

Pendant l’Âge sombre, les fantassins étaient prédominants dans les armées, la tactique était simple, on s’approchait de l’ennemi et on lui donnait de grands coups d’épées. Les Francs lançaient leurs haches avant de se précipiter sur l’ennemi pour briser leurs rangs. L’arrivée des chevaliers éclipsa l’infanterie, qui manquait de discipline et d’entraînement, il s’agissait souvent d’une milice de paysans. Les Saxons et les Vikings utilisaient leurs bouclier en avant pour se protéger des archers et des cavaliers. Les pays vallonnés (Écosse, Suisse) apprirent à utiliser l’infanterie contre l’ennemi, les lanciers et piquiers armés de lances et de pointes pouvaient ainsi mettre en déroute une cavalerie. Les Écossais plaçaient un cercle de lanciers pendant leurs guerre d’indépendance (comme dans le film « Braveheart »). Les Suisses se spécialisèrent avec l’utilisation des piques en réadaptant les formations de phalanges grecques. Pour contrer ces lourdes formations serrées, les Espagnols eurent l’idée d’utiliser l’artillerie, puis chargeait avec une infanterie équipés d’armes légères.

 

Les armures. L’armure du soldat

Très vite, on comprit que se défendre du combat était aussi important que porter un coup à l’ennemi. Le terme “armure” n’apparaît qu’au XVe siècle pour désigner les protections en aciers, auparavant on parlait d’harnois ou d’adoubement. Les premières armures étaient faites en cuir, les Grecs et les Romains utilisèrent le bronze. A la chute de l’empire, l’armure disparût, les barbares ne portaient qu’un bouclier et un casque. A l’époque carolingienne, l’armure réapparaît, on plaçait des pièces de métal (écailles, rectangulaires, anneaux) sur une large étoffe, c’est la broigne, utilisée par les Carolingiens et les Normands. Au XIIe siècle, on adopta le haubert (cotte de maille), véritable tissu de métal. Un capuchon de maille et des gants de peaux complétaient parfois l’équipement. Puis, au XIIIe siècle, on complétait la cotte de maille avec des gantelets et des chausses de mailles, on ajoutait ensuite des pièces de fer, car le haubert était vulnérable aux armes de choc (masse, marteau). Puis bras, torse, coudes, jambes furent tour à tour protégés. Au XIVe siècle, il y eut une transition entre la cotte de mailles et l’armure de plates complètes, avant d’être abandonnée par l’apparition des armes à feu.

"Le heaume" l’armure de tête

le terme fait son apparition au XIIe siècle, l’utilisation du casque remonte cependant à l’Antiquité. Les améliorations successives du casque consistèrent à couvrir de plus en plus le visage rendant difficile l’identification de son propriétaire. C’est peut-être l’origine de l’Héraldique, la science des blasons. Un épisode très célèbre figure dans la tapisserie de Bayeux, Guillaume le Conquérant enlève son casque pour être reconnu par ses hommes qui le croyait mort. Au Xe siècle, on utilisait le casque conique à protection nasale qui fut importé par les Normands. A partir du XIIIe siècle, pour mieux protéger le visage, on créa un heaume cylindrique enveloppant la tête entière avec des fentes uniquement pour les yeux. Ces heaumes étaient lourds et rendaient la respiration difficile. L’amélioration des techniques de travail du fer permit de revenir à une forme conique sur le dessus du heaume qui protégeait davantage que la forme plate, tout en conservant une protection du visage. Le bassinet, qui apparut vers le début du XIVe siècle améliora considérablement le confort. Il était moins lourd et possédait une visière pouvant être relevée. A la fin du XIVe siècle, le heaume à “tête de crapaud” fait son apparition (utilisé lors des tournois et joutes).

 

L’écu le bouclier du Moyen Âge

Le bouclier est la plus courante et ancienne des armes de défense, spontanément, les hommes utilisaient des pièces de bois pour parer les coups. Puis on y installa des attaches destinés à maintenir le bouclier d’une seule main, parfois on y ajoutait une sangle pour reposer le bouclier sur le dos afin de manier des armes lourdes. Les premiers boucliers étaient ronds, mais ce sont les Romains qui adoptèrent les boucliers à bords droits, beaucoup plus efficaces contre les projectiles. Mais au Moyen Âge, les Francs et les Vikings utilisaient plutôt des boucliers ronds recouverts de cuir pour une meilleure rigidité. On appelle écu, le bouclier du Moyen Âge. Dès le XIe siècle, les Normands adoptèrent le bouclier long, arrondi sur le dessus, et se prolongeant pour protéger les jambes. L’amélioration des armures et l’utilisation du cheval contraignit les soldats à employer un bouclier plus petit. A partir du XIIIe siècle, l’écu porte régulièrement les armoiries de son propriétaire ce qui permet de l’identifier. Au XIVe siècle, le bouclier de tournoi, plus petit apparût, il possédait une encoche sur le dessus afin de maintenir la lance. Le pavois fit également son apparition, il s’agissait d’un grand bouclier ovale porté par les fantassins et les arbalétriers, qui le plantaient dans le sol pour se protéger lors du rechargement de leurs armes.

 

Les armes de corps à corps

L’épée : C’est l’arme la plus utilisée par l’homme d’arme du Moyen Âge. L’époque carolingienne voit s’installer l’épée longue (les Romains utilisaient des épées courtes). Elle devint alors une arme noble et le chevalier lui donnait parfois un nom (Durandal, l’épée de Roland). A la fin du XIIe siècle, la poignée devient plus longue pour être portée à deux mains. On distingue deux types d’épées, lames légères et lourdes qui servent à frapper d’estoc ou de taille (de la pointe ou du tranchant), les chevaliers possédaient souvent les deux types de lame.

La lance : C’est une arme très ancienne, on utilise un long bâton équipé d’une pointe en fer. Au XIe siècle, la lance ne dépassait pas trois mètres, elle servait à charger l’ennemi. On y ajouta une garde d’acier pour protéger la main du chevalier. Au XIVe siècle, on utilisait un crochet fixé sur l’armure afin que le chevalier puisse maintenir la lance sous l’aisselle. La lance fut ainsi plus longue et plus lourde.

Le fléau : C’est un manche de bois muni d’une chaîne métallique sur laquelle est accroché une masse de fer, les Français ne l’utilisaient que très peu. Elle était particulièrement destructrice pour les hauberts, elle fut ensuite rallongée, pour atteindre les cavaliers. La masse était généralement sphérique et armé de pointes. Une variante du fléau : le goupillon possédait plusieurs chaînes garnies de boules à pointes acérés.

La hache : Les peuplades germaniques furent les premiers à utiliser la hache (outil) au combat. Les Francs utilisaient la francisque (hache courte à une lame), qu’ils pouvaient lancer à 3-4 mètres pour ouvrir le combat. Ils utilisèrent plus tard la hache Danoise, longue (1m50) tenue à deux mains. Au XIVe siècle, des haches nouvelles apparurent (hallebarde), pouvant frapper de taille et d’estoc (tranchant et pointe).

La masse : Composée d’un manche et d’une tête garnie de pointes, on l’utilise dès le XIIe siècle. La masse pouvait briser un crâne ou même casser un membre à travers le haubert. Plus tard, la masse était formée d’une série de lames, le manche fut fabriqué en fer pour éviter qu’il se casse.

 

Les armes de jet

L’arc : Arme qui date du néolithique, il s’agit d’un bâton de bois courbé avec une corde liée aux extrémités. L’arc composite fut une avancée majeure, améliorée au niveau de la corne et des nerfs. Les flèches devaient avoir une trajectoire stable pour être efficace, généralement peu coûteuses, elles étaient produites en quantité. La taille des flèches dépendait de la difficulté à bander l’arc. L’archer était vêtu légèrement pour pouvoir se mouvoir plus facilement, pour sa survie, il devait disposer d’une arme supplémentaire (couteau, épée).

L’arbalète : Cette arme dérive de l’arc, elle est utilisée dès le Xe siècle. L’arc est posé sur une pièce en bois qui le maintient (arbrier) et d’un mécanisme (noix) qui permet de maintenir la corde tendue, de lâcher la flèche, et de bander l’arc. L’arbalète est plus puissante et précise que l’arc mais sa cadence est plus faible. Les flèches courtes étaient appelés les carreaux (15 à 30 cm). Le pape Innocent II interdit en 1139 l’usage de cet instrument (qui dit-on fut inventé par le diable), mais elle fut employée contre les infidèles lors de la IIIe croisade. Les différentes arbalètes se caractérisent par leur mécanisme :

 

L’arbalète à croc : tout en maintenant l’arbalète des deux mains, le soldat engageait son pied dans un étrier et tendait la corde en poussant l’arme.

L’arbalète à pied de biche : constituée d’un levier à deux branches, lorsqu’on le basculait, il ramenait deux crochets vers l’arrière qui bandaient l’arc. Elle était beaucoup utilisée par les arbalétriers à cheval.

L’arbalète à moufle : une corde attachée à un treuil était placée à l’aide d’un crochet sur la ceinture du soldat qui en tirant dessus rabaissait le treuil et bandait l’arc, c’est la plus puissante des arbalètes.

L’arbalète à cranequin : constitué d’un tambour rotatif qui sous l’effet d’une manivelle se déplaçait sur une roue dentée à crémaillère. Un stratège chinois inventa au IIIe siècle une arbalète à répétition qui pouvait tirer dix traits en quinze secondes.

Origine de l’héraldique. 

L'héraldique est créé au XIe siècle pour permettre la reconnaissance des armées. Il permet d'illustrer chaque clan à l'aide de figures géométriques et de symboles animaux ou végétaux.

A la fin du XIIe siècle, à l’époque des Croisades, des lois précises et jusqu’alors immuables, règlent les principes auxquels doit obéir la science du blason, appelée « Héraldique ». On est de nos jours assuré que l’origine des blasons, sous cette forme remonte au XIe siècle, lorsque les casques à protection nasale étaient utilisés. On ne pouvait alors reconnaître le soldat. Les chevaliers vont alors peindre sur leurs écus des figures géométriques, animales ou végétales. La reconnaissance sur les champs de bataille est donc l’élément qui a contribué à la création de l’héraldique. Pouvoir se rassembler rapidement auprès des chefs de bataille en pavanant des étendards et autres fanions aux couleurs de chacun.

La forme de l'écu L’écu a revêtu différentes formes suivant son origine ou sa destination. Sa surface est divisée en neuf partitions. Le coté droit de l’écu (dextre) correspond à la gauche de la personne qui le regarde. Il en est de même pour le coté gauche (senestre). De par sa forme, nous savons si les armoiries de l’écu a des origines françaises, suisses, allemandes…

Les couleurs 

Les couleurs se divisent en deux groupes : les métaux et les émaux. Il existe également un code schématique (points, lignes…) qui correspond à chaque couleur. On associe également une planète et une pierre précieuse à chacune des couleurs ainsi qu’une liste de vertus. Les couleurs ne peuvent pas être employées n’importe comment et leur superposition obéit à des règles strictes et impératives. On ne peut donc superposer deux couleurs du même groupe, par exemple si la table de l’écu est de gueules (rouge), le lion qu’elle portera ne pourra être que or ou argent (métal jaune ou blanc). Si la règle n’est pas appliquée, on dit que les armes sont “à enquerre”.

Les différents types d’armoiries 

Les parlantes : Elles ont une relation avec le nom de famille, par exemple trois marteaux pour désigner la famille Martel (elles se présentent parfois sous la forme de rébus). Les allusives : Elles font référence à un fait ou un exploit au cours duquel s’est illustré la famille ou l’un de ses membres. Les armes d’Autriche portent une bande d’argent (blanc) sur un fond de gueules (rouge) (on retrouve la même disposition sur le drapeau de l’Autriche actuelle). Ceci pour rappeler la blessure du duc Léopold II, son armure était couverte de sang, seule sa ceinture restait blanche. Les politiques : Elles rappellent un lien unissant un groupe : corps de métier, états ou régions unis par un pacte. Les symboliques : Elles évoquent une idée ou un concept. 

Partitions et pièces honorables 

L’écu peut être divisé en parties égales, par une droite dont les directions sont celles correspondant aux quatre orientations des coups d’épée donnés avec le tranchant. Ce sont les grands coups guerriers. Ces parties déterminées sur l’écu sont appelées partitions. Mais l’écu peut être divisé par plusieurs droites, soit deux traits et trois partitions ; cinq traits et six partitions ; ce qui forme à la surface de l’écu un dessin différent que l’on appelle pièce honorable; 

Autres partitions et pièces honorables. 

En plus des partitions précédentes qui rappelaient les coups d’épée, il y en a six autres. Parmi les pièces honorables, la variété est plus grande, elles se distinguent des autres pièces du fait qu’elles couvrent, pour la majorité d’entre elles, au moins un tiers de la table d’attente. On distingue également les pièces honorables qui sont relatives aux vêtements. 

Les rebattements. 

Les rebattements sont des répétitions des pièces honorables sur l’écu, elles portent parfois un nom qui rappelle la pièce honorable répétée. 

Modification des pièces honorables. 

Un certains nombre de pièces honorables peuvent subir des modifications de formes qui permettent d’ouvrir encore plus le champ des possibilités de représentation adaptées aux besoins de ceux qui désirent adopter des armoiries. Denché : Lorsque le pal, la fasce, la bande ou la barre sont découpés en dents de scie. Componé : Il s’agit d’une modification qui affecte la bordure d’un écu. Cette bordure est alors composée de fragments de couleurs ou de métaux différents alternés. Dentelé : Lorsque les dents de scie sont plus nombreuses que dans les pièces denchées. Aiguisée : Lorsque l’une de ses extrémités est taillée en pointe. Vivré : Les pièces ont des bords entaillés par de grosses dents. Alésée : Lorsque l’extrémité des pièces ou d’une pièce ne touche pas le bord de l’écu. C’est un attribut que l’on trouve très souvent dans les croix. Bastillé : Lorsque les pièces sont, à leur partie inférieure (donc tournés vers la pointe de l’écu), munies de créneaux. Rompue ou brisée : Il s’agit de toute pièce qui porte une brisure qui, rappelons-le, est une modification ajoutée à un écu pour distinguer la branche cadette d’une famille de la branche aînée ou la branche bâtarde par rapport à la branche légitime. Bretessé : Lorsque les pièces sont crénelées sur toutes leurs faces ; une pièce est dite « contre-bretessé » lorsque les créneaux sur les deux faces sont alternés. Potencée : Se dit de la pièce qui se termine en forme d’équerre. Engrêlé : Les pièces sont alors bordées de petites dentelures aux côtés arrondis. Vidée : La pièce vidée est celle dont seuls les bords sont marqués et dont la couleur intérieure est celle de l’écu. 

Les meubles. 

Ce sont des pièces de petite dimension qui viennent charger un écu et qui ne sont pas des pièces honorables. Ces figures sont en très grand nombre et très diverses. Ce sont soit des figures animales, dans un nombre très limité, végétales ou géométriques. Quand il s’agit de pièces géométriques, leurs proportions sont strictement définies (losange, anneau, triangle, étoile…). Pour les figures animales, des conventions de représentations sont mises en place. Pour les figures végétales, les feuilles et les fruits sont disproportionnés (afin qu’ils soient visibles et reconnaissables de loin). Les représentations animales sont très stylisées, en particulier les parties facilement identifiables : tête, griffes… Au XIVe siècle, il apparaît de nouveaux meubles : objets, armes, bâtiments. 

Le blasonnement. 

On appelle blasonnement la manière de décrire des armoiries selon un langage conventionnel qui permet, à lui seul, de décrire l’écu sans que l’on ait besoin de le dessiner. Le cas le plus simple est celui de l’écu qui ne comporte ni partition ni figure, il est alors dit « plain ». Ensuite pour blasonner un écu, on commence toujours par énoncer le champ de l’écu (par son émail ou métal) puis on énonce les pièces qui le chargent. Si la table d’attente de l’écu est divisée en partitions, il faut toujours commencer par citer celle qui se trouve en haut à gauche (ce qui correspond pour nous à la dextre de l’écu). Viennent ensuite celles de la partie supérieure, puis celles venant en dessous. Chaque partie doit être intégralement décrite avant de passer à la suivante. 

 

L'Art et la Culture 

De l'art du Haut Moyen Âge, d'influence barbare, en passant par l'art roman, héritage de l'empire romain, le Moyen Âge se caractérise surtout par le style gothique qui habille les plus belles cathédrales de France. La culture se développe grâce aux premières universités, tandis qu'apparaissent de nouvelles formes de littérature.

Les différents mouvements d’arts

L’Art au Haut Moyen Âge Peu après la chute de l’Empire Romain, on assiste à l’apparition d’édifices à plan centré basé sur le cercle, le carré ou l’octogone entourés de demi-cercles. A l’origine, à vocation thermale ou de loisirs chez les Romains, mais adopté comme édifice religieux par les chrétiens. Sur les différents décors, les personnages sont représentés avec de très grands yeux et des traits figés, l’individualisation se faisant plus par les vêtements et la chevelure. Les sarcophages sont taillés dans des pierres dures et sculptés de scènes de loisirs, de chasses. Les invasions barbares apportent un nouvel élan dans la culture artistique (tombeau de Childéric). Plus tard, sous Charlemagne, l’héritage culturel des Romains est mis au goût du jour. Dans le domaine des manuscrits, la minuscule caroline fait son apparition. Une part nouvelle est faite pour les finitions et détails, comme en témoignent l’architecture et la sculpture. L’art ottonien (d’Otton Ier) se situe dans le prolongement de la renaissance carolingienne mais avec une influence byzantine dont les œuvres d’art circulent par les voies marchandes. On emploie beaucoup de pierres brutes ou polies (saphirs, rubis, émeraudes). Le Saint Empire Romain Germanique où règne l’empereur Otton succède à l’empire carolingien. La Saxe est désormais la région la plus florissante aux dépens de la France. 

L’Art Roman. 

L’art roman est né de questions physiques dans le domaine architectural qui sont apparus au Xe siècle : remplacer les plafonds de bois en pierres, élargir les nefs, augmenter la hauteur des églises et faire mieux pénétrer la lumière. Le terme roman désigne en partie l’appartenance avec l’art romain ainsi que l’essor des langues romanes. Les différentes caractéristiques sont la recherche de chapiteaux et de voûtements, l’apparition du cuivre champlevé, le culte pour les reliques, et la vogue des pèlerinages. A partir de 1120, débute la sculpture des tympans d’église (espace sur les portails d’églises décoré de sculptures), de magnifiques frises font leur apparition. En architecture, les voûtes sont plus larges, et en Normandie, sous l’influence réciproque avec l’Angleterre, on commence déjà à voir les prémisses du gothique. La tapisserie de Bayeux est l’œuvre la plus représentative de cette époque. Après la dislocation de l’empire carolingien apparaît en Meuse une forme artistique intéressante et originale, qui aura quelques liens avec l’art ottonien en Germanie, et qui participera à l’éclosion de l’art gothique. C’est l’art Mosan (de la Meuse) qui est un art “charnière” entre roman et gothique. 

L’Art Gothique. 

Sous l’affermissement des rois Capétiens (Louis VII, Philippe Auguste…), cet art nouveau apparaît en Île-de-France. L’architecte gothique cherche à unir les masses, à fondre les volumes. L’arc-boutant y joue un rôle tout aussi important que l’ogive. Il crée une dynamique verticale, il permet aussi de réduire le rôle porteur du mur. Les grandes arcades s’inscrivent dans une volonté d’amplifier les vides au détriment des pleins. Dès lors, une grande vague de reconstruction balaye la France, à cause d’incendies ou autres événements, les églises se réadaptent à ce genre nouveau qui s’impose très vite. Les vitraux sont beaucoup mieux utilisés, parfois jusqu’à la démesure (cathédrale de Reims). Par ailleurs, les sculpteurs affirment leur originalité par un jeu complexe de courbes et de contre-courbes dans les plis, par des effets d’ombre et de lumière. Dans tous les domaines d’arts, la lumière joue un rôle dynamique. La sculpture devient servante de l’architecture, cet accord correspond à un grand bouleversement stylistique. La peinture joue un rôle plus prépondérant, on voit ainsi apparaître de magnifiques fresques murales. Les objets d’arts se multiplient, notamment à Limoges. L’art gothique s’impose comme l’art caractéristique du style médiéval. Mais comme toujours, l’art sert avant tout la religion, ce n’est que bien plus tard, dans les peintures flamandes et italiennes, que l’on commence à peindre des gens ordinaires, et des scènes du quotidien. 

La littérature au Moyen Âge. Troubadours et jongleurs. 

Selon la tradition, le fondateur de la poésie lyrique des troubadours fut Guillaume IX (1071-1127), comte de Poitiers, duc d’Aquitaine, un vassal plus puissant que le roi de France. Ses compositions étaient fortes et raffinées. D’ailleurs les troubadours appartenaient le plus souvent aux classes dominantes. Les jongleurs en revanche, étaient issus exclusivement des classes ouvrières. Les deux « métiers » étaient distincts. Les troubadours composaient leurs propres vers et les mettaient en musique. Accompagné d’un instrument à corde, le jongleur n’était que l’interprète de ces chansons. Le réel artisan de la poésie provençale du Moyen Âge fut le troubadour. Certains n’étaient pas toujours noble, cependant lorsqu’un poète atteignait la condition reconnue de troubadour, on le considérait plutôt comme un marquis que comme un tavernier. Le Sud de la France était une région attentive plus que partout ailleurs à ce phénomène lyrique.

 L’éloge de l’amour courtois. 

Les structures féodales étaient différentes au Nord, où oui se disait « oil » (langue d’oil). Au Sud, où l’on parlait la langue d’oc, la femme était une source infinie pour la poésie occitane. En Languedoc, la femme avait une importance politique plus large, elle pouvait dirigeait le fief en l’absence de son époux. Saint Bernard de Clairvaux, fondateur de l’Ordre cistercien avait influencé le culte de la Vierge Marie. Grâce à Marie, la femme avait une représentation de la Création, et par conséquent, une source de perfection. La Dame « chantée » par un troubadour n’était pas son épouse, mais celle d’un noble située socialement très au-dessus de lui. Sur un plan plus laïc, Guillaume, abbé de Saint-Thierry, l’ami de Saint-Bernard, dans son traité « De la nature de l’amour », place la femme au-dessus de l’homme dans l’expression de ce sentiment. La structure féodale continuant à être la règle dominante de la société européenne, la supériorité atteinte par l’image de la femme par rapport à celle de l’amant, très platonique, finit par créer dans cette relation un lien de vassalité similaire à celui du chevalier avec son seigneur. C’est le principe courtois. Parmi ces marques extérieures de « dépendance », se trouve celle de la soumission reproduite dans les miniatures où le Chevalier jure à genoux fidélité à sa Dame. A cette époque, où l’on célébrait les mariages d’intérêts, il était toléré qu’un troubadour fasse l’éloge de l’épouse d’un noble. Au contraire, l’épouse se trouvait glorifié, et par conséquent le conjoint aussi. Cependant, l’amour physique était secrètement souhaité, mais rarement consommé. 

La chanson de geste. 

La chanson de geste est la première forme de littérature profane écrite en langue française. C’est la forme médiévale de l’épopée latine, transposée au monde de la guerre, de la poésie hagiographique, de l’exaltation de la vie des saints. La chanson de geste est une forme littéraire de l’action comme l’indique clairement le terme de geste (du latin gesta : actions). Le mot chanson met en évidence le caractère oral de ces textes qui sont, en règle générale, chantés et récités par les jongleurs. Un seul jour n’était pas suffisant pour réciter les 4 000 vers de « la Chanson de Roland », la plus célèbre de toutes. Les sources manuscrites sont ainsi très différentes entre elle compte tenus de ce caractère oral. Ces longs poèmes narratifs célébraient les prouesses guerrières, les héros, en général des chevaliers français devenus des personnages légendaires. Les événements narrés remontent à plusieurs siècles avant la création du poème, mais sont revus à l’occasion des conflits contemporains. Le thème récurrent de la croisade sert de prétexte pour exalter la vaillance guerrière et les prouesses des héros sur fond mythique de combats surhumains et de descriptions fabuleuses. Exprimée à une époque chrétienne, la chanson de geste véhiculait une profonde charge idéologique, celle de la lutte entre le Bien et le Mal. La Chrétienté contre les Sarrasins musulmans. La plupart des chansons sont composées dans le Nord-Ouest de la France (Normandie), mais il se peut que le berceau de cette forme poétique soit né au Sud de la France. Les chansons les plus célèbres sont celles de Roland, de Charlemagne, de Guillaume d’Orange et du Cid.

Autre formes littéraires. 

Dans les cours princières et seigneuriales, jusque là très rudes, l’influence des clercs et le contact avec les civilisations orientales par le biais des Croisades, firent naître le goût d’une littérature écrite dans la langue du pays. Outre les chansons de geste, vus précédemment, d’autres formes littéraires s’exprimèrent. Au milieu du XIIe siècle, la poésie aquitaine s’introduisit dans les cours du Nord : elle chantait dans un langage précieux les aventures et les amours des chevaliers. Ce genre atteignit son sommet avec les romans de Chrétien de Troyes : Perceval ou Lancelot sont des monuments de la poésie française. Puis apparurent les contes et chantefables, composés de morceaux de proses et de couplets en vers accompagnés de mélodies : Aucassin et Nicolette, au XIIIe siècle annonçaient déjà une littérature plus populaire. 

La culture et l’enseignement au Moyen Âge. 

Culture écrite ou orale Les récits colportés par les ménestrels n’étaient pas la source unique des connaissances du peuple. Transmise de père en fils, la tradition orale inscrivait dans la mémoire de chacun des faits, des recettes et des enseignements moraux : proverbes, contes et légendes, chansons, recettes pour guérir telle ou telle maladie formaient la culture populaire à laquelle s’ajoutait l’enseignement de l’Église. A cette époque, l’imprimerie n’était pas encore inventée, les livres étaient écrits à la main par des moines copistes qui mettaient une année, ou plus, à écrire ou à recopier un seul ouvrage. On écrivait sur des feuilles de parchemin, obtenues par tannage de peaux d’agneau et de brebis. Les livres coûtaient si cher qu’ils étaient des objets de luxe. Il y avait très peu de livres, mais peu de gens savaient lire et encore moins écrire. A chaque fois que l’on devait lire une lettre, de connaître le contenu d’un recueil de lois, ou d’écrire une missive, on avait recours à un spécialiste. Il s’agissait d’un métier, et personne ne s’étonnait de l’analphabétisme des rois et des princes. 

L’Église, moteur de la culture. 

Dans l’océan d’ignorance du Moyen Âge, l’Église représentait l’unique « institution culturelle » et le trait d’union entre l’Antiquité et la culture moderne. Dans les églises et les couvents, on préserve avec soin les conquêtes du genre humain : la langue latine, la littérature, la sculpture, la peinture, les arts ainsi que les techniques les plus précieuses. Benoît de Nurcie, au VIe siècle avait recommandé aux moines d’apprendre l’art de l’écriture, de constituer une bibliothèque dans chaque couvent et de constituer une école élémentaire ouverte à tous. C’est grâce à cette action que put s’étendre la grande culture médiévale. Mais c’est Charlemagne qui ordonna l’ouverture d’école publique dans les monastères. Les écoles se multipliaient auprès des cathédrales, des églises importantes et des monastères. Le rôle principal de ces écoles était de former les futurs clercs. Il y avait deux écoles auprès de chaque cathédrale : L’école « intérieure » était réservée à ceux qui désiraient approfondir leurs études pour entrer dans le clergé. L’école « extérieure » était une sorte d’école élémentaire ou primaire. Cette dernière qui était aussi ouverte aux pauvres, joua un rôle décisif dans la diffusion du savoir en Europe.. L’Église, moteur de la culture Dans l’océan d’ignorance du Moyen Âge, l’Église représentait l’unique « institution culturelle » et le trait d’union entre l’Antiquité et la culture moderne. Dans les églises et les couvents, on préserve avec soin les conquêtes du genre humain : la langue latine, la littérature, la sculpture, la peinture, les arts ainsi que les techniques les plus précieuses. Benoît de Nurcie, au VIe siècle avait recommandé aux moines d’apprendre l’art de l’écriture, de constituer une bibliothèque dans chaque couvent et de constituer une école élémentaire ouverte à tous. C’est grâce à cette action que put s’étendre la grande culture médiévale. Mais c’est Charlemagne qui ordonna l’ouverture d’école publique dans les monastères. Les écoles se multipliaient auprès des cathédrales, des églises importantes et des monastères. Le rôle principal de ces écoles était de former les futurs clercs. Il y avait deux écoles auprès de chaque cathédrale. 

L’école « intérieure » était réservée à ceux qui désiraient approfondir leurs études pour entrer dans le clergé. 

L’école « extérieure » était une sorte d’école élémentaire ou primaire. Cette dernière qui était aussi ouverte aux pauvres, joua un rôle décisif dans la diffusion du savoir en Europe. 

Les premières universités. 

Après avoir acquis des notions d’arithmétique, de grammaire, de géométrie, de musique et de théologie, l’étudiant pouvait continuer ses études en se rendant dans une université. L’université est une création typiquement médiévale, bien que différentes des nôtres à l’heure actuelle. En effet, il s’agissait d’une association d’étudiants provenant de régions et de nations très diverses, qui se réunissaient autour d’un maître qu’ils payaient eux-mêmes. Les docteurs ou professeurs, hébergeaient souvent les étudiants sous leur toit. Être professeur au Moyen Âge n’était pas de tout repos, s’il n’était pas clair ou ennuyeux, il était chahuté et même malmené. Clercs et étudiants formaient une catégorie à part. Unis par le même amour du savoir, parlant entre eux le latin, grands amateurs de divertissements, ils se déplaçaient par groupe dans toute l’Europe. Ces compagnies turbulentes d’étudiants itinérants contribuèrent à former une culture internationale. 

L’enseignement du Moyen Âge.

 L’intérêt majeur des docteurs se portait sur la théologie, c’est-à-dire l’étude approfondie de Dieu et de son œuvre : l’Homme et son destin. Le grand foyer de la théologie fut la Sorbonne, où régna au XIIIe siècle Saint Thomas d’Aquin. Bien vite, la philosophie ou étude des idées, fut adjointe à la théologie. La renaissance de cette discipline fut due pour une grande part aux Arabes qui avaient sauvé les œuvres des penseurs grecs comme Aristote, qu’ils avaient traduites et commentées, avant de les répandre jusqu’en Occident. Parallèlement à ces deux sciences fondamentales se développèrent d’autres disciplines liées aux nécessités pratiques. Le contact avec le monde arabe, et en particulier avec l’école de Bagdad fit naître de grandes écoles de médecine : Salerne en Italie, Séville en Espagne, Montpellier en France devinrent des centres renommés pour les soins et la recherche médicale. Vers le milieu du XIVe siècle, après l’épidémie de peste noire qui ravagea le tiers de la population, on découvrit la propagation des maladies contagieuses. Par ailleurs, le développement du commerce permit aux mathématiques de faire des progrès considérables. Les études juridiques reçurent quant à elles, une grande impulsion grâce au développement de l’État et de l’administration centralisée.

Le Commerce au Moyen-Âge. 

Le développement du commerce au Moyen Âge contribue à l'essor de la bourgeoisie qui prend peu à peu le pouvoir dans les villes. Les échanges commerciaux se mettent en place par l'organisation de guildes, de foires. Il faut également souligner le développement des voies de communication terrestres et maritimes. 

Au Moyen Âge, un commerçant spécialisé dans le type de marchandises orientales (poivre, noix, cannelle, huile…) était un homme riche. Avec le développement du grand commerce, la fortune et le pouvoir des « bourgeois commerçants » allaient toujours croissant. En effet, au cours du bas Moyen Âge, les petites associations, à caractère régional, d’artisans et de commerçants ayant des intérêts communs évoluent et prospèrent jusqu’à devenir des ligues européennes puissantes. Nous allons traiter dans cet article : 

  • Les voies de communications
  • L’activité commerciale au Moyen Âge
  • La navigation
  • De nouvelles routes commerciales. 

Les Européens commencèrent doucement à s’émanciper vers les territoires extérieurs. Grâce aux Croisades, ils se déplaçaient maintenant avec assurance sur terre comme sur mer. La carte des routes commerciales du Moyen Âge montre que le grand commerce touchait toute l’Europe : 

  • Au nord, une puissante association de villes germaniques et scandinaves, la Hanse, exerçait un véritable monopole en mer du Nord et dans la Baltique.
  • Au sud, les villes portuaires de Gênes, Amalfi et Venise, en Italie, dominaient le commerce méditerranéen. Ces villes bénéficiaient des conséquences des croisades qui contribuèrent puissamment à réactiver les échanges avec les ports du Levant. 

De plus, des pistes caravanières et des routes maritimes rejoignaient l’Inde, le Sud-Est asiatique et la Chine. Les produits provenant de ces contrées étaient achetés par les Européens dans les villes du Levant ou à Byzance. En échange, ils y vendaient du bois, du fer, du blé, du vin, de l’huile, etc. 

Des innovations techniques. 

Parmi les causes de l’essor du commerce médiéval, il faut compter certains progrès techniques accomplis dans le domaine des moyens de transport. Pour le transport terrestre, il y a les avancés du ferrage, du harnachement et de l’attelage à la file des chevaux. Ces innovations furent complétées par le cerclage de fer des roues des charrettes et des chars ainsi que par l’augmentation des routes pavés. D’autres améliorations se produisirent plus tardivement : au XIVe siècle apparurent les sangles suspendant les caisses des charrettes et les avant-trains tournant autour d’un essieu. 

Le réseau romain. 

Depuis Rome, comme « centre nerveux », de nombreuses voies et chaussées rayonnaient suivant des tracés qui pouvaient atteindre n’importe quel point de l’Empire, y compris le plus éloigné, et au long desquels les voyageurs pouvaient bénéficier d’un remarquable système de relais pour les chevaux et d’auberges pour se reposer. Lors de la chute de l’Empire romain, le changement qui s’opéra, s’il ne fut pas brutal, suivit cependant un lent processus de détérioration et d’abandon qui se prolongera durant plus de deux siècles. Concrètement, depuis le règne de l’empereur Caracalla, jusqu’au troisième siècle de notre ère, Rome avait cessé de se préoccuper de l’entretien du réseau secondaire de routes ; seules, les grandes voies qui partaient de Rome bénéficiaient de ces tâches vitales, les relais fonctionnaient, et les auberges bien que se raréfiant demeuraient ouvertes. L’immense réseau de voies de communications élaboré par les Romains, cette œuvre parmi les plus colossales de l’ingénierie civile de tous les temps, devait malheureusement disparaître avec le collapsus de l’Empire. 

Les voies d’invasions. 

Au VIIe siècle de notre ère, les grandes voies romaines, déjà fortement détériorées, restaient néanmoins le meilleur et le plus fréquenté des moyens de communication de l’époque. Ce furent les voies romaines qu’empruntèrent en priorité de nombreuses tribus barbares pour envahir l’Empire à partir du IVe siècle, avec leurs pesants chariots tirés par des bœufs, bétail et esclaves, sans compter les femmes, les enfants et de redoutables guerriers montés à cheval. D’après les chroniques de l’époque, en Europe et dans la première moitié du VIIIe siècle, ces voies ou ce qu’il en restait furent délaissées au profit des voies strictement vicinales. Les villes, les cités et des villages entiers connaissaient alors une désertification en masse. Cette période coïncide avec le début du féodalisme.

 

La « petite Renaissance »

Dans la seconde moitié du VIIIe siècle sur le Vieux Continent se produisit un renouveau de l’activité commerciale, intellectuelle et religieuse initié par l’empereur Charlemagne, personnalité dominante du Haut Moyen Âge (période qui s’étend du début du Ve siècle jusqu’à l’aube du XIIe siècle). L’Empire Carolingien, maintenu par les successeurs de Charlemagne devait durer presque un siècle et demi au cours duquel il connut une authentique renaissance qui s’affirma dans la première moitié du IXe siècle. Les routes de l’Europe au cours de ces longues périodes furent à nouveau fréquentées. Mais c’en était fini des antiques chaussées romaines ; le temps avait fait son œuvre d’une part, et, après le passage successif des barbares et des paysans, elles avaient été saccagées et pillés, car le matériau dont ces voies étaient faites, blocs de pierres d’excellente qualité s’était révélé d’une grande utilité pour la construction des habitations. De nombreux manoirs furent construits à partir de la pierre extraite des chaussées romaines. Toutes ces raisons firent qu’il restait bien peu de choses des larges voies qui traversaient jadis les montagnes et franchissaient les rivières sur des ponts ingénieux, la plupart détruits. Les chemins et les sentiers de l’Empire carolingien, s’ils s’inspirèrent de la voie romaine étaient beaucoup plus modestes.

Le féodalisme : localisation du commerce

Le féodalisme avait fait de timides apparitions dans la première moitié du VIIIe siècle, voici qu’il resurgit avec toute sa vigueur au début du Xe siècle. A cette époque, le système féodal de vassalité prédomine en Allemagne, en Angleterre et dans une grande partie de la France. Système rigide dans lequel le paysan, serf de la glèbe, devait se plier au joug de la terre. Au sommet régnaient les grands seigneurs féodaux, propriétaires d’immenses territoires et auxquels devaient se soumettre d’autres propriétaires moins bien nantis, les vassaux. Le féodalisme est un système très local qui est quasiment indépendant de l’extérieur. Les seigneurs assurent la protection des vassaux car les routes ne sont plus très sûres. De ce fait, le Xe siècle fut la période la plus obscure de l’histoire de l’Europe. Les chemins se vidèrent de leurs voyageurs, seuls les troupes de soldats les parcouraient, lors d’inévitables incursions guerrières. Les cités et les villes laissées à l’abandon, ressemblaient alors à des fantômes de pierre. Rome qui, un siècle avant notre ère, avait hébergé un demi-million de personnes, selon les calculs les moins optimistes, ne recensait au Xe siècle pas plus de cinquante mille âmes, soumises à toutes sortes d’actes de violence et d’humiliations de la part d’une noblesse avide.

 

Les routes au service des pèlerinages

Malgré tout, à partir de la moitié du XIe siècle, l’activité commerciale commença à redonner des signes de vies. Le chemin de Santiago, qui conduisait jusqu’aux confins du Nord-Est de l’Espagne, là où selon la légende, reposait les restes de l’apôtre Jacques le Majeur, devint la route la plus fréquenté d’Europe. Les pèlerins partant de France traversaient les Pyrénées pour aller se recueillir sur la tombe du saint apôtre. Le chemin de Compostelle ou « chemin français » était surveillé de manière efficace par le célèbre ordre militaire des Templiers, et ses chevaliers avaient pour mission de nettoyer le chemin des pillards et des malfaiteurs, bandits de grands chemins et filous de tout poil qui le hantaient. En fait, ce zèle se confondait parfois à quelques excès, à tel point qu’en deux occasions le Pape dut mettre un frein à l’excessive ferveur de certains chevaliers. En plus des pèlerins, qui voyagèrent habituellement à pied et par groupes peu nombreux, beaucoup d’autres voyageurs en transit empruntaient le chemin français : montreurs, acteurs, ambulants, bambocheurs, femmes de mœurs légères, arracheurs de dents, barbiers, drapiers, commerçants en vin, marchants de bois, vendeurs d’eau, vendeurs de reliques (toutes certainement fausses) ; toutes sortes de prêtres et de frères, les membres d’ordres mineurs tels celui des frères mendiants.

L’activité commerciale et le commerce au Moyen Âge

Le Moyen Âge se divise en deux grandes étapes :

  • Le Haut Moyen Âge : Elle s’étend du Ve siècle au milieu du XIe. C’est une époque chaotique où le dépeuplement des villes et des cités va croissant. Période éminemment rurale au cours duquel le système de commerce est fondé sur le troc.
  • Le Bas Moyen Âge : Cette période verra fleurir le commerce et les marchands, ainsi devait naître une forme de capitalisme qui s’affirmera au fil du temps. Les guildes et les hanses sont issues de cette deuxième partie du Moyen Âge. A l’origine, il s’agissait de confréries à caractère religieux, qui fleurirent au cours de l’Empire Carolingien, lesquelles donnèrent naissance aux corporations.

Des confréries aux ligues

Malgré une idéologie respectable « association traditionnellement pieuse et charitable mise sous la protection d’un saint patron », certaines des confréries s’attirèrent de nombreuses critiques pour leurs désordres de vie. En 852, Hincmar, archevêque de Reims, critiquait durement les coutumes de groupes capables de transformer les fêtes de sanctification à la gloire de Dieu en banquets des plus fastueux. Il devint difficile alors de distinguer confréries et corporations, religion et profession étant alors étroitement unies. En dépit d’une soi-disant renaissance carolingienne, l’Europe demeurait une société rurale où villes et cités comptaient peu. A partir de l’essor économique de la fin du Xe siècle, les villes et les cités commencèrent à compter dans le milieu toujours dispersé de la société campagnarde, et les artisans se regroupèrent par domaines d’activité : merciers, orfèvres, marchands d’eau, drapiers, épiciers, peintres, musiciens… Les corporations défendaient les intérêts de leurs membres et servaient également aux autorités municipales pour contrôler la qualité des produits et fixer les taxes. Les marchands vont jouer un rôle de premier plan au cours du XIe siècle. Les échanges commerciaux prennent de l’ampleur : les marchandises sont transportées d’un point de l’Europe à l’autre par voie de terre ou le long des côtes méditerranéennes. Les risques encourus tout au long de l’acheminement étaient multiples : banditisme, péages outranciers, etc. La nécessité de protéger les intérêts mutuels s’imposait donc et les marchands vont s’associer en guildes : de la cité, l’échange s’étend alors à la contrée et très vite aux régions, annonçant la prospérité.

Guildes et frairies

Les guildes possédaient leurs privilèges et leurs propres juridictions codifiés selon un statut officiellement reconnu. Parmi ceux-ci, figuraient la fixation des prix, celle des poids et mesures et le monopole commercial. Certaines guildes obtinrent le droit de frapper leur propre monnaie, mais ces cas étaient cependant rares et de courte durée. Dans le contexte de l’époque, la guilde passa pour être une authentique association de marchands et de transporteurs sur une même voie d’eau, de clients attirés d’un même centre commercial. La Guilde des marchands de Tiel, en Gueldre, par exemple, était en contact avec l’Angleterre, c’est la plus ancienne. La frairie était celle de la Halle basse de Valenciennes, en France, dont les archives datent de 1050. Apparut ensuite la Guilde marchande de Saint Omer. Mais ce sont la Flandre et les régions rhénanes qui furent le fer de lances des guildes économiques qui, beaucoup plus tard vers le XVIIIe siècle s’étendront en Angleterre, à la totalité des Pays-Bas, aux pays scandinaves…

Hanses d’Europe

Les guildes avaient vigoureusement contribué au développement du mouvement communal en suscitant l’esprit de solidarité et la résistance au régime féodal. Mais ces corporations vont bientôt disparaître pour laisser la place à une politique plus ambitieuse, d’abord régionale puis européenne : la création des hanses (de l’allemand ancien hansa, troupe, bande). Tout d’abord regroupement de guildes, les hanses n’échappèrent pas au mouvement et se transformèrent en ligues de villes marchandes :

  • La Hanse de Londres regroupait plus d’une vingtaine de cités et de villes autour d’échanges commerciaux avec la capitale britannique.
  • La Hanse des XVII Villes, association de marchands drapiers, qui va s’affirmer dès 1230 aux Pays-Bas et dans le nord de la France.
  • La Hanse Teutonique, sans aucun doute alors la plus célèbre et la plus importante de toutes. Au XIVe siècle, elle est à son apogée. Contre la domination de ce patriciat, oligarchique et exclusif, les petits se liguèrent. Sa puissance était telle que les États traitaient ses représentants comme les ambassadeurs d’un grand pays.

Le commerce hanséatique était fondé, d’une part, sur le trafic des fourrures et de la cire, provenant de Russie et de Prusse, d’autre part, sur celui des draps flamands et anglais et du sel gemme. A ces produits de base s’ajoutaient le cuivre et le fer de Suède, les vins de France ou du Rhin, etc. Au XVe siècle, la décadence des guildes et des hanses devint manifeste, à l’exception de la Hanse Teutonique. Beaucoup d’entre elles firent un retour au concept de confrérie religieuse, dont les rites allaient se maintenir jusqu’à une époque tardive (au milieu du XIXe siècle, en Angleterre).

Les grandes foires

Si la plus grande part du commerce international provenait des ports du Nord ou de la Méditerranée, ceux-ci irriguaient ensuite le continent tout entier. Désormais, les commerçants étaient de véritables hommes d’affaires, alors que leurs prédécesseurs se déplaçaient à dos de mulet ou sur des charrettes branlantes, ils achetaient désormais des chargements entiers de navires et des lots de marchandises. Dans les foires, où ces grands marchands se donnaient rendez-vous, se réglaient d’énormes affaires. Les foires étaient l’âme du commerce médiéval. Elles se déroulaient dans toutes l’Europe : Londres, Reims, Troyes, Cologne, Leipzig, Genève… Les foires duraient chacune six ou sept semaines selon un calendrier fixé afin que les foires puissent s’enchaîner chacune par rapport aux autres. Ainsi, le marché était actif toute l’année. Les affaires conclues au cours de ces rencontres encourageaient la production industrielle et artisanale, elles stimulaient les progrès techniques. Afin d’éviter aux grands marchands de transporter une grande quantité d’argent, on inventa la lettre de change : ce moyen permet de payer une dette à distance, en passant par l’intermédiaire de deux banquiers qui correspondent entre eux. La lettre de change introduisit le crédit, mais de façon camouflée car l’Église interdisait les prêts avec intérêts. Au cours de cette période, ce sont les riches familles italiennes qui furent à l’avant-garde dans le domaine bancaire. Le monde changeait, les châteaux féodaux perdaient de leur importance tandis que les villes commerçantes croissaient. La fortune des seigneurs s’amenuisait au profit des riches bourgeois qui tenaient les rênes de l’économie. Ceci contribua à la naissance des États modernes.

La navigation. Progrès techniques dans la navigation

Le grand commerce médiéval bénéficia des progrès réalisés dans la construction des navires et dans l’apparition de nouveaux instruments de navigation. L’innovation la plus importante fut la diffusion de la boussole. Son origine reste incertaine : si les Chinois la connaissaient depuis longtemps, ce sont peut-être les Arabes qui l’introduisirent en Europe, à moins qu’elle n’est été redécouverte par des marins ou des astronomes occidentaux. L’aiguille magnétique qui flottait simplement, au début, sur l’eau ou sur l’huile fut, par la suite, fixée sur un pivot permettant de tourner la boussole dans toutes les directions. Les marins pouvaient désormais affronter la haute mer sans craindre de se tromper de cap. Outre la boussole, on commença à utiliser deux instruments arabes, l’astrolabe et le sextant, qui permettaient de mesurer la hauteur des astres au-dessus de l’horizon. En calculant exactement le temps passé à naviguer, on pouvait déterminer avec précision la distance que le navire avait parcourue vers le nord ou le sud (latitude), vers l’est ou l’ouest (longitude). Profitant de ces améliorations, les Génois furent les premiers à la fin du XIIIe siècle, à relier par voie maritime l’Italie aux Flandre et à l’Angleterre. A cette époque le navire type était la galéasse. Cette galère se déplaçait principalement à la voile. L’apparition de la voile latine triangulaire, qui pouvait être orientée dans toutes les directions permettait au navire de naviguer par vent de travers et même contre le vent. Le gouvernail de poupe, fixé par des charnières au milieu du pont arrière du navire (gouvernail d’étambot), remplaça les rames latérales, longues et pesantes, les manœuvres en furent améliorées. La vergue (support en croix de la voile) tournante permit d’orienter au vent de côté les voiles carrées. Sur certains voiliers, un second mât à l’avant commençait à faire son apparition.

La navigation commerciale

Comme nous l’avons déjà vu, la chute de l’Empire Romain provoqua l’effondrement des routes de communications. Le commerce par voie de mer pendant l’Empire romain germanique était considérable. Les provinces de l’Empire ne cessaient d’échanger leurs marchandises, la Méditerranée était alors balayée par les grands quinquérèmes et trirèmes. Ainsi le blé d’Égypte servait à approvisionner le port d’Ostie qui permettait la survie de Rome. Vers l’an 250, la fabrication de grandes trirèmes cessa, et la navigation n’eut plus cours. Pirates barbaresques, corsaires siciliens et maltais occupèrent alors la Méditerranée. Si bien qu’à l’apparition des Vikings sur les côtes européennes, aucune puissance ne pouvait rivaliser sur mer. Par la suite, Génois et Vénitiens se firent une lutte acharnée pour dominer en Méditerranée. Les Portugais, de leur côté, après l’invention de la caravelle étaient plus en proie à la quête de terres nouvelles et de marchés lointains. Le commerce des épices fut un monopole portugais pendant longtemps durant. Ce petit pays côtier de la péninsule ibérique était devenu le royaume le plus riche d’Europe. Ceci donne alors une idée de l’importance de la navigation commerciale. Nous sommes alors à la moitié du XVe siècle et le Moyen Âge touche à sa fin.

La technique et la science 

La science et la technique se sont beaucoup développées au Moyen Âge. On voit apparaître les premières techniques d'industrialisation, notamment dans le domaine agricole. A signaler également, le développement de l'imprimerie et de la poudre à canon qui sont les technologies qui auront apporté le plus à l'humanité à cette période.

Pendant longtemps, le Moyen Âge fut considéré comme une époque morte du point de vue du développement scientifique et du progrès technique. Aujourd’hui, on reconnaît au contraire que les quatre ou cinq siècles qui séparent l’an Mille de l’invention de l’imprimerie apportèrent de profondes transformations. Certes, il y eut peu de découvertes ou d’inventions spectaculaires, de celles qui ouvrent de nouveaux horizons à l’humanité, comme l’invention, au XVIIIe siècle, de la machine à vapeur ou de l’électricité. Les conquêtes de la technique médiévale étaient plus humbles, davantage liées aux besoins de la vie quotidienne et aux travaux familiers de la ville et des champs. Mais c’est justement pour ces raisons qu’elles se révélèrent, à la longue, d’une portée fondamentale.

Techniques agricoles. Des innovations en agriculture

Nous savons qu’après l’an Mille, l’Europe connût un formidable essor économique. Un facteur essentiel de la reprise économique fut la capacité des agriculteurs à produire plus que ce dont ils avaient besoin pour leur subsistance. Les biens excédentaires pouvaient alors être vendus ou échangés sur les places des marchés ou encore dans les grandes foires commerciales. Cet afflux de marchandises redonna vie au commerce, et, en contrecoup, à l’artisanat et à l’industrie. Certaines innovations, ou applications pratiques de découvertes faites par des savants, furent apportées à la technique de l’agriculture. Elles jouèrent un rôle peut-être décisif dans cet essor général, car elles permirent d’augmenter considérablement les rendements.

Un nouveau type de charrue

Les grandes civilisations du monde antique s’étaient développées dans un milieu chaud, où les terres étaient sèches, friables et les sols peu profonds. Le problème principal des agriculteurs était alors de maintenir le plus longtemps possible l’humidité dans la terre. Ils adoptèrent pour cela une charrue légère, sans roue, appelée araire, en réalité un simple et solide pieu égratignant à peine la terre. Il était en effet inutile de retourner la terre au soleil, elle sécherait plus vite. Avec une paire de bœufs, les paysans labouraient le champ en sillons parallèles, puis, perpendiculairement aux sillons, de manière à briser les mottes de terre. Cette manière de procéder, adaptée au climat méditerranéen, ne convenait pas du tout en Europe du Nord. Là, la terre était humide et lourde, de plus l’humidité endommageait les racines de certaines plantes. Après plusieurs tentatives, un nouveau type de charrue fut adopté, toujours en usage de nos jours. Cette charrue, plus lourde que l’araire était montée sur roues. Devant le soc, un long couteau vertical en fer, appelé coutre, permettait de pratiquer une première ouverture dans un sol lourd. Le soc, recouvert de fer, retournait les mottes. Il se terminait par un versoir qui permettait de rejeter la terre remuée de part et d’autre du sillon. De cette façon se formait, entre deux sillons parallèles, un petit monticule de terre, qui se révéla très utile. Quand la saison était sèche, le blé poussait dans le creux des sillons humides. Au contraire, si la saison était trop humide, il poussait sur le monticule débarrassé de l’humidité excessive.

Des attelages plus efficaces

Depuis, la domestication du cheval, les hommes savaient qu’il était rapide et plus fort que le bœuf. On n’avait pourtant que rarement recours à cet animal pour les travaux des champs, car le harnais n’était pas adapté aux lourdes tractions. Le harnachement traditionnel consistait en une bricole lâche portée sur le cou de l’animal. Aussi, plus le cheval tirait, plus la bricole gênait sa respiration. Au début du Moyen Âge, on inventa le harnachement à collier rigide. Ce collier rembourré s’appuyait sur les épaules du cheval et n’entravait pas sa respiration. On améliora aussi le rendement des attelages en modifiant la position des animaux de trait. Dans l’Antiquité, deux, quatre, parfois six chevaux étaient attelés côte à côte devant un char. La force de ces chevaux était mal concentrée, et en partie perdue. Au Moyen Âge, on les attelaient à la file, ou par couples, les chevaux exerçaient ainsi une force bien supérieure. Sous les climats chauds et secs, les sabots des chevaux s’usaient relativement peu. On les protégeait en les munissant de bandages appelés hipposandales. En revanche, sous les climats tempérés et lourds du centre de l’Europe, on renforçait les sabots grâce à des fers cloués dessous. Le ferrage fut une des innovations qui contribuèrent à faire du cheval l’auxiliaire indispensable de l’Homme. Par ailleurs, la selle arquée améliora la stabilité du cavalier, surtout dans l’axe longitudinale (avant - arrière), elle accrut sa capacité de manœuvre notamment dans les affrontements armés. Les Barbares venus d’Orient, apportèrent l’étrier dès le IXe siècle. Reliés à la selle, les étriers constituaient un solide point d’appui, renforçant la stabilité latérale. Le guerrier pouvait portait des lances et se dresser sur les étriers lors d’un combat.

Les moulins

La redécouverte du moulin à eau

Le monde industrialisé actuel est aux prises avec un grave problème : celui de l’énergie. Il y a encore quelques années, le pétrole semblait suffisant à satisfaire des besoins en augmentation constante. On a depuis pris conscience de l’épuisement des ressources. Un problème analogue se posa au cours du XIe siècle. En effet, l’essentiel de l’énergie disposé par l’Homme était fourni par l’animal. La relance de l’activité économique créa un besoin urgent en énergies nouvelles. Dans l’Antiquité, les grands empires disposaient d’une masse énorme d’esclaves, de ce fait la question de l’énergie ne se posa jamais de façon cruciale. Mais le déclin de l’esclavage dans le monde médiéval, poussa les hommes à redécouvrir et répandre une invention très ancienne : le moulin à eau. On pense que les premiers moulins à eau étaient connus, dans les pays d’Orient, en Grèce et dans l’Empire romain dès le Ier siècle avant J-C. Vers le IXe siècle, les moulins se répandirent rapidement en France. Le principe du moulin à eau est relativement simple. La force de l’eau qui s’écoule ou tombe du haut met en mouvement une grande roue. Des engrenages transmettent ce mouvement à une meule de pierre qui, en se mouvant sur une pierre fixe, broie les céréales jusqu’à en faire de la farine. A partir de ce principe de base, d’ingénieux dispositifs permirent d’actionner des mécanismes beaucoup plus complexes.

Le moulin du meunier

Le moulin seigneurial :

Le plus ancien et le plus répandu des moulins était celui du meunier, où les paysans venaient faire moudre le blé et d’autres céréales. Les seigneurs obligeait leurs serfs à moudre le grain, contre paiement, dans le moulin seigneurial (ou moulin banal), et punirent ceux qui utilisaient les meules à main. L’usage du moulin se répandit et la maison du meunier devint un des principaux lieux de rencontre de la vie villageoise.

Le moulin à vent :

A cette époque, les moulins du meunier sont encore hydrauliques. Mais le Moyen Âge eut recours à une autre source d’énergie : le vent. L’utilisation du moulin à vent s’imposa dans les milieux arides et battues par les vents. Il est connu depuis fort longtemps, notamment en Asie. Le principe de son fonctionnement et ses applications sont pratiquement les mêmes que ceux du moulin à eau. La force motrice est produite par le vent, qui fait tourner des ailes reliées à l’arbre central. L’avancée technique la plus importante se produisit lorsqu’on plaça la partie supérieure du moulin sur une plate-forme tournante. De cette façon on orientait les ailes en fonction de la direction du vent.

Progrès techniques dans la navigation

Le grand commerce médiéval bénéficia des progrès réalisés dans la construction des navires et dans l’apparition de nouveaux instruments de navigation. L’innovation la plus importante fut la diffusion de la boussole. Son origine reste incertaine : si les Chinois la connaissaient depuis longtemps, ce sont peut-être les Arabes qui l’introduisirent en Europe, à moins qu’elle n’ait été redécouverte par des marins ou des astronomes occidentaux. L’aiguille magnétique qui flottait simplement, au début, sur l’eau ou sur l’huile fut, par la suite, fixée sur un pivot permettant de tourner la boussole dans toutes les directions. Les marins pouvaient désormais affronter la haute mer sans craindre de se tromper de cap. Outre la boussole, on commença à utiliser l’astrolabe (instrument arabe), qui permettait de mesurer la hauteur des astres au-dessus de l’horizon. En calculant exactement le temps passé à naviguer, on pouvait déterminer avec précision la distance que le navire avait parcourue vers le nord ou le sud (latitude), vers l’est ou l’ouest (longitude). Profitant de ces améliorations, les Génois furent les premiers à la fin du XIIIe siècle, à relier par voie maritime l’Italie aux Flandre et à l’Angleterre. A cette époque le navire type était la galéasse. Cette galère se déplaçait principalement à la voile. L’apparition de la voile latine triangulaire, qui pouvait être orientée dans toutes les directions permettait au navire de naviguer par vent de travers et même contre le vent. Le gouvernail de poupe, fixé par des charnières au milieu du pont arrière du navire (gouvernail d’étambot), remplaça les rames latérales, longues et pesantes, les manoeuvres en furent améliorées. La vergue (support en croix de la voile) tournante permit d’orienter au vent de côté les voiles carrées. Sur certains voiliers, un second mât à l’avant commençait à faire son apparition.

Des progrès en optique

Grâce à la redécouverte d’ouvrages de l’Antiquité, ou à la découverte des écrits des savants arabes, certaines sciences connurent un grand essor. Il en fut ainsi de l’optique. Une de ses applications allait changer la vie de beaucoup de personnes : les lunettes. Les premières lunettes sont appelées besicles, dérivant de béryl, la pierre précieuse transparente qu’on utilisait alors pour les verres. Elles n’avaient pas de branches, mais les montures des verres pivotaient et pinçaient le nez pour se fixer. Il est probable que l’usage des lentilles concaves et convexes, qui augmentaient les possibilités de l’œil humain, soit beaucoup plus ancien. L’empereur Néron n’employait-il pas des pierres précieuses adroitement taillées comme loupes ? Les progrès en optique s’appliquèrent également dans la navigation, et, plus tard, dans l’observation du ciel.

Les premières images « imprimées »

Depuis toujours, la culture était l’affaire de quelques privilégiés. Malgré les efforts de l’Église et de souverains éclairés, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture était réservé aux classes favorisées. Il était entendu que les autres, les paysans, les artisans, n’en avaient nul besoin. De plus, le coût très élevé des manuscrits et leur nombre restreint limitaient la diffusion de l’instruction. Deux inventions allaient commencer à changer cet état de fait. La technique de la gravure sur bois d’abord, ou xylographie, un procédé déjà connu en Chine : une image entaillée dans le bois et encrée laissait une empreint nette sur une feuille. Et l’apparition du papier, au XIVe siècle, permit le remplacement des parchemins fut une avancée encore plus importante. C’est ainsi que des images dessinées illustrant des scènes de la Bible furent répandues partout : on les appela les « Bible des pauvres », ceux qui, ne sachant pas lire, se contentaient de regarder les illustrations.

La naissance de la chimie

Les alchimistes du Moyen Âge cherchaient la substance, ou pierre philosophale, qui aurait changé en or n’importe quel matériau ordinaire. Nous savons aujourd’hui que cela est possible en théorie, grâce à la physique atomique, mais impossible en pratique. Les alchimistes médiévaux effectuèrent cependant des milliers d’expériences, dans un but souvent plus mystique, que scientifique, avec les matières les plus disparates, enregistrant ensuite soigneusement les résultats de leurs observations. S’ils ne découvrirent pas la pierre philosophale, ils purent connaître, par l’expérience, les réactions de presque toutes les substances et jetèrent ainsi les bases de la chimie.

La légende veut que Nicolas Flamel ait non seulement découvert la formule permettant de transformer le plomb en or, mais également l’élixir de vie éternelle. Nicolas Flamel aurait reconstitué la pierre philosophale à partir des symboles contenus dans un livre d’origine divine : “Abraham le Juif”. L’alchimiste avait acquis une grande fortune, et, construit plusieurs chapelles et hôpitaux. En 1712, un voyageur rencontre un derviche en Asie Mineure qui lui affirme que Nicolas Flamel et sa femme sont toujours vivants. Certains pensent que Richelieu aurait été le dernier propriétaire du livre.

L’héritage extérieur

La poudre à canon :

Les Chinois, inventeurs de la poudre à canon, l’utilisaient pour tirer des feux d’artifice lors de leurs fêtes, ou pour lancer des messages lumineux, la nuit. On ignore, où et comment la poudre a été introduite et « réinventée » en Europe. Lorsque l’usage s’en répandit au XIVe siècle, son expérimentation se limita aux champs de bataille. Ainsi naquirent les premiers canons, qui projetaient, avec une précision de tir très approximative, des boulets de pierre sur les armées ennemis ou contre les épais murs des châteaux forts qui devinrent obsolète.

L’invention du zéro :

Les sciences mathématiques connurent, elles aussi, une remarquable évolution au Moyen Âge. C’est peut-être dans ces domaines que les progrès furent les plus significatifs. Parmi les nombreuses innovations, on peut rappeler l’introduction des chiffres arabes, ceux-là même que nous utilisons : en réalité, il s’agissait de chiffres indiens transmis aux européens par les Arabes. Un chiffre qui ne compte pour rien, le zéro, a une importance plus grande encore, et augmenta considérablement les possibilités de numération. La comptabilité des marchands s’améliora et devint plus précise.

Les premières industries

La première industrie textile : L’industrie textile fut à la base de l’énorme développement que connaîtra l’Europe quelques siècles plus tard. L’art de transformer la laine des moutons ou la tige du lin en fibres, de les filer pour obtenir des fils continus et de les tisser pour en faire une étoffe est une activité qui suppose une technologie élémentaire. C’est très probablement pour cette raison que ce travail fut le premier à être presque entièrement « industrialisé ». Les mouvements rotatoires, rectilignes ou alternés qui étaient imprimés à la machine par la roue du moulin à eau convenaient bien au travail à répétition de la filature.

La naissance des industries :

 Après l’an Mille, la situation était, schématiquement, la suivante : grâce aux changements des conditions politiques et sociales, ainsi qu’aux innovations techniques, l’agriculture produisait, outre le nécessaire, des excédents, c’est-à-dire, une richesse qui pouvait être échangée ou vendue. La diffusion des moulins permettait de disposer d’une énergie suffisante pour actionner des machines accomplissant une série de travaux. Les techniques de travail des métaux furent ainsi renouvelées, grâce aux quantités d’énergie supplémentaires fournies par les moulins. Une roue hydraulique et un arbre à cames, par exemple, pouvaient actionner facilement de gigantesques soufflets dans une fonderie. L’air envoyé sur le feu augmentait la température à des degrés de fusion, en grande quantité et à des coups limités. Les activités métallurgiques connurent alors un véritable essor.

La vie quotidienne au Moyen Âge 

La vie quotidienne au Moyen Âge oppose déjà le modèle de la vie rurale et de la vie urbaine. On voit de nombreux divertissements populaires, tournois, foires, etc. Les repas, costumes et le rôle des femmes sont également des éléments intéressants. 

Cet article regroupe plusieurs aspects des mœurs et de la vie quotidienne au Moyen Âge. Nous étudierons successivement :

 

  • La vie urbaine au Moyen Âge, avec l’expansion des communes et la description de Paris
  • La vie des paysans à la campagne
  • Les divertissements populaires tels que les foires ou les tournois de chevaliers
  • Les mœurs et coutumes, habillement, coiffures, rôle des femmes…

La vie urbaine. Les communes

Avec le réveil économique et la croissance des villes, l’influence de ses habitants, les burgenses ou bourgeois était croissante. Dans les principales cités d’Europe s’étaient formées des associations appelées corporations, guildes ou hanses, et rassemblant les personnes exerçant le même métier. Au début leur rôle consistait en un soutien mutuel contre la concurrence et le besoin. Mais les corporations se heurtèrent très vite aux seigneurs qui voyaient d’un mauvais œil cette organisation étrangère à l’ordre féodal. La lutte entre seigneurs et bourgeois fut ainsi à l’origine du mouvement des communes libres. Peu à peu, la prospérité et l’unité de la bourgeoisie citadine réussissaient à contrôler ou neutraliser le pouvoir effectif du seigneur. Les moyens utilisés étaient divers. Parfois, les citoyens trouvaient l’appui d’un allié précieux : l’évêque de la ville. L’évêque n’hésitait pas à défendre les bourgeois contre leur seigneur et même à prendre les armes pour s’opposer aux grands féodaux. Dans d’autres lieux, c’est le souverain lui-même qui soutenait les prétentions des bourgeois : le comte de Flandre et le roi de France encouragèrent le mouvement des communes. Pour le roi de France, il s’agissait d’affaiblir le pouvoir des grands feudataires du royaume. Ainsi, les citadins d’une ville « se gouvernaient en commun », d’où l’appellation de commune.

Les libertés communales

Dans la plupart des cas, les bourgeois conjurés achetaient leurs libertés au seigneur. Si le seigneur acceptait, on rédigeait des « chartes de franchise » (ou de liberté), énumérant les droits accordés aux communes libres. Mais bien souvent, irrités par les refus et réticences qu’ils rencontrèrent, les citadins n’hésitèrent pas à recourir à la violence. Bien sûr, la répression féodale était terriblement sanglante (1076 : Le Mans, 1114 : Amiens …). Mais le mouvement s’étendit durant les XIIe et XIIIe siècle. Les libertés acquises par les villes étaient plus ou moins étendues. Au nord-est de la France, la commune jouit d’une réelle indépendance. Elle fait ses lois, bat sa monnaie, lève une milice… Mais c’est en Allemagne et Italie du Nord que les libertés sont les plus larges : les communes constituent de véritables petits états. Ayant obtenu leur autonomie, les communes s’organisèrent sous le gouvernement de leurs magistrats, contrôlés et aidés par le conseil communal, dont faisaient partie les personnages les plus riches et les plus influents de la cité. Souvent, des conflits éclataient entre les corporations et les grands de la cité (marchands, banquiers…). Le roi proposait alors son arbitrage face à ces conflits permanents. Mais parfois, la cité faisait appel à un personnage étranger à la ville, le podestat (celui qui exerce l’autorité), auquel on confiait le gouvernement de la cité. Le mouvement d’émancipation de ces villes introduisit des manières de penser et des attitudes qui étaient étrangères au monde féodal. Enfin, il légua une institution qui se maintint jusqu’à nos jours : le régime municipal.

« L’air de la cité rend libre »

Une règle particulière fut établie dans certaines communes, notamment Bologne. Elle consistait à acheter la liberté d’un esclave s’il se réfugiait un an et un jour dans une commune. Les citoyens ne désiraient aucun serf ou esclave sur leur territoire.

Paris au Moyen Âge

Protégée par l’épaisse muraille de ses remparts, qui discipline sa croissance et le met à l’abri des invasions, Paris, à la fin du XIIIe siècle, compte environ 200 000 habitants, ce qui est énorme pour l’époque. Située sur la montagne Sainte-Geneviève, l’université attire plus de deux mille étudiants et une centaine de professeurs venus de toute l’Europe. Dans ce quartier, marchands et artisans sont surtout spécialisés dans le livre (relieurs, parcheminiers, enlumineurs). Entre ce quartier intellectuel de la rive gauche et la ville marchande de la rive droite, l’île de la Cité concentre les fonctions politiques et religieuses. Robert le Pieux, au début du XIe siècle, a décidé d’y établir la résidence royale. A partir de 1160, sous l’impulsion de Sully, évêque de Paris a été ouvert le chantier d’une nouvelle cathédrale. L’évêque dirige lui-même les travaux, embauchant tailleurs, charpentiers… Grâce à l’application des principes de l’architecture ogivale (ou gothique), Notre-Dame peut élever sa voûte jusqu’à 35 mètres, et ses murs troués de vitraux multicolores, permettent à la lumière de pénétrer dans la nef pour éclairer les nombreuses statues. En 1245, Saint Louis fait construire la Sainte-Chapelle, un monument d’une audace architecturale exceptionnelle. 1130 panneaux de verre y résument l’histoire du monde telle qu’elle est racontée dans la Bible. Situé au croisement d’une voie fluviale, la Seine, et de la route terrestre allant d’Orléans à Senlis, Paris est aussi un carrefour commercial important et un grand centre économique et bancaire. La Seine est encombrée de bateaux et ses rives sont parsemées de moulins. Sur la rive droite, deux grandes bâtisses construites par Philippe Auguste permettent la protection des marchandises entreposées. Par suite du développement de la ville, ce premier marché permanent (les premières halles) déborde rapidement l’enceinte prévue. Les ateliers et les échoppes envahissent alors les rues. Les artisans se regroupent par rues auxquelles ils donnent le nom de leur corporation : rue de la Ferronnerie, rue de la Tissanderie… La corporation la plus importante est celle des « marchands d’eau », son chef, finira par s’imposer comme maire de Paris.

Des rues très animées

En 1131, le fils aîné de Louis VI qui se promenait à cheval dans Paris fut jeté à bas de sa monture qui avait été effrayée par un troupeau de cochons. Le dauphin se fractura le crâne et mourut peu après. Le roi avait donc interdit les cochons dans la ville. Mais les animaux ne disparurent pas pour autant. Les places et les rues étaient très sales, jusqu’au jour où Philippe Auguste, incommodé par l’odeur de purin qui montait jusqu’à ses fenêtres décida de les faire paver. Ces rues étaient le théâtre d’une immense animation. Dès le lever du jour, l’étuveur invitait les citoyens à prendre un bain chaud dans son établissement. Les boutiques s’ouvraient alors : drapiers, barbiers interpellaient les clients depuis le pas des portes, le pâtissier offrait ses gâteaux, ses saucissons et son pâté. Le pain était vendu par des marchands ambulants, qui le portaient dans de grands paniers en osier. Comme les gens ne savaient pas lire, les commerçants affichaient de lourdes enseignes sur leur boutique. Mais il n’y avait pas que les marchandises que l’on vantait dans la rue. Les actes officiels et les nouvelles étaient criés. Des attroupements de badauds se formaient autour de jongleurs, musiciens qui récitaient notamment des chansons de geste. Mêlés à la foule, les mendiants imploraient les passants. Les eaux usées et les détritus étaient jetés par les fenêtres, « Gare à l’eau ! » criait-on. Lorsque la nuit tombait, les rues étaient plongées dans l’obscurité, il n’y avait pas encore d’éclairage public. Aussi, la nuit, les rues étaient-elles abandonnées aux brigands.

La vie rurale. Campagne et ville

Les paysans représentent près de 95% de la population médiévale, ils formèrent la base matérielle, et le fondement de l’activité économique de la civilisation européenne. Le dynamisme des marchands et artisans fit la prospérité des cités, mais ce sont les paysans qui nourrissaient les citadins. Le travail de la terre était pénible et laborieux, mais il s’améliora, et permit à l’Europe de prospérer. Au Moyen Âge, la séparation entre ville et campagne était moins nette qu’aujourd’hui. Autour des remparts de la cité s’étendaient champs et prés. Mais le développement technique avec l’essor du commerce, de l’artisanat et des travaux intellectuels en ville, et de la culture et de l’élevage en campagne, entraîna une séparation plus marquée. La vie des paysans épousait le rythme des saisons, les mêmes travaux se répétaient d’une année à l’autre. Les transformations à la campagne étaient moins nombreuses et moins rapides qu’en ville. La vie citadine, au contraire, favorisait le contact entre les individus, la diffusion des connaissances techniques et intellectuelles. L’habitant des cités apparaissait moins soumis aux contraintes de la nature.

La représentation du temps

Au Moyen Âge, les paysans avaient une conception du temps très différente de la nôtre; ils se le représentaient comme quelque chose qui se répétait sans cesse et qui revenait toujours à son point de départ, à l’instar des aiguilles d’une horloge. Le temps était pour eux à l’image des saisons qui se succédaient. Ainsi le calendrier des paysans épousait étroitement la succession des activités agricoles (labours, semailles, récoltes…). Les mois de l’année sont un motif fréquemment représenté au Moyen Âge, chaque mois est symbolisé par les activités agricoles de la saison.

Deux catégories de paysans

Les serfs de la glèbe : Les paysans, ou serfs de la glèbe (c’est-à-dire de la terre, au sens de sol cultivé) faisaient partie du domaine. Lorsque le terrain était vendu, ils passaient d’un maître à l’autre, de la même manière que les animaux de la ferme. Les fils de paysans devenaient paysans comme leurs ancêtres, et comme leur futur descendance. Mais le servage n’était pas à proprement parler l’esclavage, même si la condition des serfs était proche des esclaves de l’Antiquité. Dès la fin de l’Empire romain, l’esclavage avait reculé sous l’influence de la nouvelle organisation économique et sociale, qui s’était formée autour du domaine, et qui suppléait l’État en pleine décomposition. De plus l’Église condamnait l’esclavage. Les serfs avaient beaucoup d’obligations mais aussi des droits. Ils étaient pleinement considérés comme des personnes, et théoriquement, ils pouvaient quitter le domaine à tout moment, aucune loi ne les obligeait à rester liés à la terre.

Manants et alleutiers : Le phénomène de servage se généralisa en Europe du Nord. En témoignent les nombreux vocables européens. Du latin manere (resider), dérivèrent les mots mansus ou manse, c’est-à-dire les champs et la maison des paysans. En français, le paysan fut appelé manant, celui qui reste sur la terre. L’habitation de la ferme fut appelée maison. En Angleterre, les seigneurs appelèrent manor, manoir, le petit château destiné à surveiller et protéger les champs. A côté des serfs subsistaient des paysans libres ou alleux. Les alleutiers (ou vilains), comme on les appelait en France, étaient fort nombreux dans l’Europe du Sud.

Serfs de la glèbe travaillant la culture fourragère

Introduction des cultures fourragères (XVIe siècle). 

La répartition du territoire

Au début du Moyen Âge, l’Europe était une étendue inculte et sauvage, appauvrie par le passage des tribus barbares. La transformation de ce continent est le résultat du labeur ininterrompu commencé à l’époque médiévale, et en particulier des grands défrichements des forêts (par le feu ou la hache). La terre appartenant au seigneur était divisée en deux parties :

  • La réserve domaniale : Du latin dominus (maître). En plus du château ou de la résidence seigneuriale, elle comprenait les champs, les vignes, les pâturages, les forêts, terrain de chasse du seigneur. Elle comprenait également le village installé autour du château, avec le four, le moulin et des artisans tels que le sellier ou le forgeron.
  • Les manses : Le reste du domaine était divisé en manses (ou tenures) attribués selon leur étendue à une ou plusieurs familles paysannes. Le manse était la cellule fondamentale de l’économie agraire du Moyen Âge. Le serf disposait des produits du potager, ainsi que de la basse-cour et du porc, une des seules sources de protéine animale, le mouton était réservé à la laine et le bœuf pour le trait. Le serf avait également le droit de faire paître ses bêtes sur les champs en jachère (terrains non cultivés).

L’évolution du servage

En échange de la terre et de la protection militaire, le serf avait quelques devoirs envers son seigneur. Il devait remettre une partie de la récolte à son suzerain et payer des taxes. Il devait également participer gratuitement à des travaux appelés corvées. Ces tâches pouvaient être labours, récoltes ou sarclages sur les terres du seigneur. Mais ils étaient également appelés à la réparation d’un pont, creusement d’un puits ou réparation des murs du château. Mais au fil des ans, les besoins en argent des seigneurs s’accrurent, en partie à cause de l’enrichissement général. Le paysan quant à lui obtenait des revenus en vendant au marché les produits qu’il ne consommait pas. Cela modifia la condition du serf qui pouvait ainsi s’affranchir des corvées et réquisitions militaires en échange d’une somme d’argent au seigneur. On passa ainsi du servage au fermage, le propriétaire louait la terre au paysan qui l’exploitait à son compte. La production agricole augmenta considérablement car le paysan travaillait à son compte et se devait d’obtenir de quoi payer le loyer et de quoi nourrir sa famille.

De nouvelles techniques agricoles

Les paysans avaient constaté que certaines cultures comme les céréales, appauvrissaient le sol, alors que d’autres comme les légumineuses (pois, fèves, haricots) l’enrichissaient. Pour éviter l’épuisement du sol, les agriculteurs de l’Antiquité avaient institué le système de la rotation biennale : un champ semé en céréales était laissé en jachère l’année suivante, il était labouré, mais non semé, et servait de pâturage. Au Moyen Âge, la rotation devint triennale : le champ était cultivé en céréales la première année, puis en légumes la deuxième année, avant d’être laissé en jachère la troisième année. Le gain de ce système était double. En effet, désormais seul un champ sur trois restait improductif, et la culture des légumes enrichissait la terre. La production augmenta de 50%, le paysan pouvait vendre ses excédents et améliorer sa condition précaire. De plus, la technique permit l’amélioration des outils agricoles : araire, charrue, herse, houe, faucille…

Les divertissements populaires

Foires et spectacles

  • Les foires : C’est à partir du IXe siècle et sous l’essor des croisades qu’une ferveur religieuse redonna de la vigueur à la vie sociale. Les grandes foires européennes du Moyen Âge eurent à cette époque leur premier moment d’authentique splendeur. Les foires apparurent comme la conséquence de la nécessité pour les commerçants de s’approvisionner en marchandises de toutes sortes. La France fut un acteur de premier ordre dans le développement des grandes foires médiévales, parmi lesquelles se détachent celles de la Champagne et la foire parisienne du Lendit. Au XIIe siècle apparurent d’autres foires et d’autres produits, notamment la foire de Beaucaire en Languedoc. Mais avec le temps, les foires méridionales françaises furent éclipsées par celles organisés quatre fois l’an, deux semaines durant, dans la ville de Lyon, depuis 1420. La situation privilégiée de Lyon, à un croisement où confluent les courants du trafic international provenant des quatre points cardinaux, en fit une ville de foire par excellence.
  • Les spectacles : Le Bas Moyen Âge fut une époque où l’industrie et le commerce eurent un essor qui ne sera dépassé qu’à l’aube de la Révolution industrielle du XVIIIe siècle. Les gens se déplaçaient alors partout, sur mer comme sur terre. Des spectacles itinérants se produisaient de foire en foire et sur les plus modestes marchés régionaux. Saltimbanques, funambules, lanceurs de couteaux, ventriloques, conteurs, bouffons, pitres, mimes… passaient de palais en châteaux, sans négliger les plus petites cours royales. Parfois, d’authentiques œuvres théâtrales étaient montées. Les œuvres représentées par ces compagnies ambulantes étaient rudimentaires, car peu de gens pouvaient lire et écrire. Les dialogues pouvaient ainsi être livrés à l’improvisation des interprètes, qui pouvaient être des étudiants en vacances ou des religieux.

Foire marchande

Les tournois

Seuls les chevaliers pouvaient participer aux joutes et aux tournois. Ces compétitions étaient le spectacle le plus apprécié du public durant tout le Moyen Âge. Le tournoi était solennellement ouvert par un héraut (officier chargés de faire des proclamations solennelles), qui annonçait sur les places publiques l’intention du roi ou d’un grand seigneur de rassembler pour cette fête les chevaliers les plus réputés du pays. Autour d’une vaste esplanade, appelée lice, les participants avaient élevés leurs riches tentes ou pavillons. Au sommet de la lance plantée à l’entrée était suspendu le bouclier avec les armoiries du seigneur. Le tournoi durait habituellement plusieurs jours. Les épreuves étaient variées et dotées d’un riche prix. Les adversaires s’affrontaient avec des armes dites « courtoises », c’est-à-dire rendues inoffensives ou presque (les accidents étaient fréquents) : les lances étaient épointées et les épées privées de leur tranchant. Alors que la joute voyait s’affronter deux cavaliers séparés par une barrière ou une corde, la « mêlée » consistait en une véritable bataille rangée entre deux groupes de cavaliers égaux en nombre. La mêlée se déroulait en champ libre, et bien qu’il existât quelques règles comme celle de ne pas frapper d’estoc, elle était très violente ! Il n’était pas rare de sortir des morts du terrain d’affrontement. Au XVe siècle, se formèrent des compagnies de chevaliers dont l’unique but était de favoriser des tournois. Pour les jeunes fils cadets d’aristocrates, le tournoi devenait une véritable profession. A en croire les chroniqueurs, les combats devinrent de plus en plus spectaculaires. Il y avait parfois d’autres compétitions comme la lutte libre, le tir à l’arc, à l’arbalète ou à la fronde.

La joute

L’épreuve la plus spectaculaire était la joute, au cours de laquelle deux adversaires s’affrontaient directement, à pied et à cheval. Le chevalier défiait son rival en touchant de la pointe de l’épée le bouclier suspendu à son pavillon. Le défi devait alors être relevé. Descendu dans la lice, le chevalier parait son armure resplendissante, manifestant ses sentiments envers sa dame, à qui l’on dédiait le combat : le chevalier portait au bras, sur la lance, ou autour du cou, un voile ou un mouchoir aux couleurs de celle-ci. Puis la joute commençait. Au signal des juges, les concurrents s’élançaient au galop l’un contre l’autre; le choc des lances contre les boucliers ou l’armure était terrible. Si aucun des deux adversaires n’était désarçonné, un nouvel engagement succédait au premier. Au contraire, si l’un tombait, l’autre mettait pied à terre et le duel continuait à l’épée ou à la masse. Le perdant devait reconnaître loyalement sa défaite, sinon les juges le déclaraient « hors de combat ». Le vainqueur recevait non seulement le prix mis en compétition, mais aussi les armes, les chevaux et la personne même du vaincu : celui-ci était considéré comme prisonnier et recouvrait la liberté sous une rançon.

Le dernier tournoi

En 1559, c’est au cours d’un double mariage que se produisit un spectacle de bien funeste mémoire. Pour clôturer les festivités, un tournoi eu lieu à Paris. Le roi de France Henri II décida alors d’y participer pour affronter le comte de Montgomery, l’une des plus fines lames de l’époque. La fatalité fit qu’au cours de la troisième passe, la lance de Montgomery, déviée par l’écu d’Henri pénétra sous la visière du casque de celui-ci et lui traversa l’œil. Le roi agonisa dix jours, puis mourut. La reine Catherine de Médicis interdit alors les tournois et les joutes sur le sol français.

Les fêtes

Au Moyen Âge, près d’une journée sur trois est chômée, il y a beaucoup de vacances. La majorité des fêtes sont catholiques, mais la tradition a conservé quelques rites d’origine païenne :

Les fêtes catholiques

  • Epiphanie : Elle correspond à la présentation de Jésus aux Rois Mages. La traditionnelle galette des rois est alors partagée.
  • Carême : Quarante jours avant Pâques, le peuple est invité au partage, au jeun et à la prière.
  • Pâques : Vers le début du printemps, on s’échange des œufs peints pour symboliser la fin des privations de l’hiver et du carême.
  • Toussaint : Fête d’origine celte, instituée par Louis le Pieux. Le 1er novembre, on fête Tous les Saints, c’est-à-dire de la Communauté des vivants et des morts.
  • Noël : Le 25 décembre, on fête l’avènement du Christ.

Les fêtes profanes

  • La fête des fous : Elle était célébrée le jour de Noël, ou le jour de l’An ou encore de l’Épiphanie. Les domestiques prenaient la place de leurs maîtres, les valeurs établies de la société étaient renversées et la religion était ridiculisée.
  • La fête de l’âne : Elle était célébrée dans certaines villes la veille de Noël. En souvenir de la fuite en Egypte, une jeune fille tenant un enfant dans ses bras pénétrait dans une église à dos d’âne. Pendant la messe, toutes les prières se terminaient alors par “hi-han”. L’Église a rapidement interdit ces célébrations.
  • Les Mais : Le 1er mai ou au cours du mois de mai, les jeunes hommes déposaient des branches d’arbres devant la porte des jeunes filles à marier. La branche d’arbre symbolisait les qualités ou les défauts de la jeune fille.
  • La Saint-Jean : Le soir du 24 juin, au moment des moissons, on allume de grands feux. Les jeunes couples se tenaient par la main et sautaient par dessus le feu pour avoir des enfants ou une bonne récolte.
  • La Saint-Michel : Le 29 septembre, les paysans devaient payer aux seigneurs leurs redevances (taxes).

Les moeurs et coutumes

La condition des femmes

Au Moyen Âge, l’Église considère la femme comme instigatrice du péché originel, on la soupçonne de porter l’hérésie. Il n’y a qu’un remède à cela : le mariage, en rendant la femme mère. Ce sont les familles qui unissent leurs enfants, généralement douze ans pour les femmes et quatorze ans pour les hommes. Dans les classes élevées, le mariage est un instrument d’alliances et d’implémentations. Si le couple n’est pas en mesure d’avoir un enfant, le mariage peut être remis en question, et la femme peut être répudiée. Beaucoup de grossesses sont fatales aux mères, et faute d’avortement on pratique beaucoup l’infanticide. Les prostituées ou filles de joie sont beaucoup présentes au Moyen Âge. La prostitution est autorisée par l’Église, la femme doit provenir d’une ville étrangère pour éviter l’inceste. Souvent, ces femmes ont été rejetées par leur famille après un viol ou une grossesse clandestine. Le viol est puni, mais pas de la même façon : s’il s’agit d’une religieuse, d’une femme mariée ou d’une vierge, le crime peut être puni de mort. S’il s’agit d’une servante d’humble condition, on doit fournir une indemnité à la famille. Les femmes participent activement à la vie économique, d’ailleurs, dans le commerce alimentaire, les femmes sont majoritaires. Cependant les salaires sont dès cette époque nettement inférieurs aux hommes. En campagne, elles aident leur mari aux tâches agricoles. Mais à travers l’amour courtois des chevaliers et troubadours, la femme reste une importante source d’inspiration. Principalement développé par la culture occitane, les femmes sont vénérées pour leur beauté et leur amour, les hommes pour leur courage et leur bravoure. Enfin certaines femmes ont réussi à se forger une solide renommée historique : Aliénor d’Aquitaine, Marie de France, Jeanne d’Arc…

Costumes et habillement

Le vêtement possède au Moyen Âge une signification sociale : selon le rang et les fonctions occupés, on ne s’habillera pas de la même façon. Au XVe siècle, la plupart des hommes ont adopté le port d’un vêtement de dessus très court, mais certains, par décence, continuent de porter des robes et manteaux longs : les prêtres, les notables, les doctes. Parmi ceux-ci, médecins et juristes partagent le privilège de porter le même costume rouge doublé de fourrure blanche. Les vêtements proprement dits sont complétés par de nombreux accessoires du costume. La ceinture, le plus souvent une simple lanière de cuir, est parfois cloutée. Celle des femmes peut être orfévrée et constituer un véritable bijou. Nombreux sont les hommes à accrocher à leur ceinture une bourse ou une sacoche. Accessoire indispensable du costume, les aiguillettes sont des lacets accrochant l’un à l’autre deux vêtements ou deux pièces d’un même vêtement.

Les coiffures

Les gens du Moyen Âge ne conçoivent pas de vivre tête nue, la variété des couvre-chefs, tant masculins que féminins, est flagrante. Les femmes de plus haut rang portent des coiffes à cornes cachant complètement leurs cheveux tirés en arrière. Ces coiffes sont recouvertes de tissu façonné et parfois d’une résille. Certaines portent un simple voile blanc tombant sur leurs épaules. Quand elles sont vieilles, les femmes s’entourent toute la tête, y compris le menton, dans des linges blancs appelés touailles. La touaille est une pièce de tissu étroite et très allongée qui fait partie du trousseau de la mariée et sert à tout dans la maison : torchon, serviette, essuie-mains, maillot, bandage, tablier… Diversité et hiérarchie apparaissent également dans les coiffures masculines. Travailleurs manuels et hommes de peine portent un simple calot. Apprêter son chaperon demande une certaine dextérité : cette longue pièce de drap est enroulée au sommet de la tête. L’un, court, retombe sur le côté, l’autre plus long, drape souplement les épaules ; en cas de mauvais temps il peut aussi serrer davantage le cou et les oreilles pour les protéger du froid.

Les repas

La table est généralement recouverte d’une nappe blanche, au centre de la table, dans une grande coupe sur pied se trouve le plat principal. Les aliments ne sont pas posés sur des assiettes mais sur des « tailloirs », larges tranches de miches de pain, qui absorbent le jus. D’autres petits pains, façonnés en boules détachables les unes des autres, sont à la disposition des convives. Les gens mangent avec leurs doigts et partagent quelques verres et quelques couteaux, la cuiller est réservée au service du plat central, la fourchette n’existe pas à cette époque (introduite sous Henri III). La nourriture est hachée (on a de mauvaises dents) et très épicée (elle se conserve mal). Les carafes, pour l’eau et pour le vin, et différentes sortes de cruches et de pichets sont utilisées dans chaque maison.

La condition des femmes au Moyen-Âge

 

Histoire. Le Moyen-Âge (XIe - XVe siècle)

Les grandes batailles du Moyen Âge

La bataille de Poitiers en 732, Ronceveaux en 778, Hastings en 1066, la prise de Jérusalem en 1099, Bouvines en 1214 et les batailles de la guerre de Cent Ans (Crécy en 1346,  Poitiers en 1356, Azincourt en 1415, Castillon en 1453)

Les Grandes Batailles du Moyen-Âge

La Bataille de Poitiers 25 octobre 732

Moins d’un siècle après la mort de Mahomet, les guerriers musulmans avaient envahi l’Espagne. Au début du VIIIe siècle, ils franchissent les Pyrénées et investissent le Languedoc, la chrétienté n’a jamais été aussi menacée. Le duc d’Aquitaine, Eudes, était parvenu à freiner la poussée islamique près de Toulouse en 721. Le duc Eudes s’était allié avec un gouverneur berbère de Septimanie, qui de religion musulmane était en révolte contre ses coreligionnaires. Seulement le gouverneur d’Espagne, Abd al-Rahman, avait canalisé la révolte et se lançait maintenant à une expédition punitive contre les Aquitains. Devant un tel danger, Eudes fit appel à son voisin Charles Martel qui contrôle tout le Nord de la Loire. Celui-ci fait avancer son armée venue de toutes les parties du royaume franc. La bataille s’engage près de Poitiers contre les troupes d’Abd al Rahman. Charles Martel équipe chacun de ses soldats d’une épée, d’un haubert ainsi que d’une longue lance. Après sept jours durant lesquels les troupes se sont livrées seulement quelques escarmouches, les Arabes se décident enfin à attaquer, mais ils se heurtent inutilement aux défenses franques. Abd al-Rahman est tué au cours de la bataille, et les Arabes s’enfuient au cours de la nuit. La légende raconte que ce sont 375 000 Arabes qui auraient péri. Fort de ce succès, Charles Martel investi l’Aquitaine et chasse les chefs musulmans qui y sont installés. Le chef franc apparaît alors comme le sauveur de la chrétienté, et le maître incontesté du royaume franc.

Charles tient son nom de Martel « celui qui frappe comme un marteau » grâce à son incroyable énergie qui lui a permis d’écraser les musulmans.

La bataille de Roncevaux 15 août 778

Ganelon le beau-père de Roland, désireux de se venger de celui-ci ainsi que des onze pairs qui lui vouent un véritable culte, s’entretient avec Marsile, un roi sarrasin, et lui donne toutes les informations qui permettront d’exterminer l’arrière-garde de Charlemagne. Roland est nommé à la tête de cette arrière-garde, avec ses onze pairs dont Olivier, comte de Genève et meilleur ami de Roland. Charlemagne a dès lors un sombre pressentiment. Marsile a réuni 400 000 hommes, qui se ruent sur les 20 000 Francs, enclavés dans le col de Roncevaux. Par fierté, Roland refuse alors de sonner l’olifant (cor) pour rappeler Charlemagne. La première vague de Sarrasins (100 000 hommes) est contrée et exterminée. Mais au bout du cinquième assaut, les Francs ne sont plus que 60. Roland se décide alors à sonner de l’olifant, Charlemagne l’entend mais Ganelon lui dissuade d’en prendre compte. La bataille continue, Roland tranche la main de Marsile qui s’enfuit. Olivier mortellement blessé meurt dans les bras de Roland. Roland reste seul avec son ami Turpin qui sont soudain assaillis par 400 sarrasins qui les criblent de flèches avant de s’enfuir. Mourant Roland tente en vain de briser son épée, la vaillante Durandal, qui brise un roc. Roland se couche alors le visage tourné vers l’Espagne et s’en remet à Dieu. Charlemagne, très affecté, condamne le traître Ganelon, symbole de la félonie. La fiancée de Roland, Aude, meurt de chagrin. Le poème fait une grande part au merveilleux chrétien et à l’amour des preux chevaliers pour la « douce France ».

La bataille de Hastings 14 octobre 1066

Le 14 octobre 1066, les troupes normandes et saxonnes s’affrontent à Hastings. On compte environ 7 000 hommes dans chaque camp. L’armée saxonne est très disparate et essentiellement constituée d’hommes à pied qui ont pour seule consigne de « bombarder l’ennemi avec tous les projectiles possibles. » La ligne de front est protégée par une ceinture de boucliers. En face, l’armée de Guillaume paraît mieux organisée. Elle est constituée de normands, bretons, flamands, français… Une première ligne d’archers est chargée de harceler l’ennemi tandis qu’une ligne de fantassins prend le relais. Les chevaliers suivent… Suivant le plan de Guillaume, les archers décochent leurs flèches sur les lignes adverses. Mais la chevalerie normande s’éparpille dans les marécages, c’est la déroute. Le bruit circule que le duc de Normandie a été tué. La panique gagne les rangs, les Anglais se lancent à la poursuite des fuyards. Guillaume ôte son casque et parcourt ses lignes afin que ses soldats le reconnaissent. Mais les défenses anglaises tiennent bon. C’est alors qu’il ordonne un simulacre de retraite. Un trait de génie ! Il attire ainsi les Anglais désorganisés et sans discipline pour mieux les occire. La bataille se prolongea l’après-midi. Harold meurt après avoir reçu une flèche dans l’œil. A la nuit, Guillaume avait gagné la bataille d’Hastings, ainsi que le trône de l’Angleterre. La bannière papale arborée durant la bataille confère à l’expédition le statut d’une véritable croisade contre le roi saxon. Transformant le pays en l’un des plus puissants d’Europe, les Normands ont importé l’arc long, qui fait sa première apparition à Hastings. Arme de prédilection des Anglais, ravageuse lors de la guerre de Cent Ans.

La bataille de Jérusalem 15 juillet 1099

Le 7 juin 1099, trois ans après leur départ d’Occident, 12 000 soldats du Christ, déguenillés, tombèrent à genoux en pleurant lorsqu’ils aperçurent au loin les remparts puissants et élevés de Jérusalem, la Ville Sainte ! Les Croisés bénéficièrent des rivalités entre musulmans. Pendant que les Turcs étaient à Antioche, les Egyptiens fatimides avaient pris la ville de Jérusalem. Godefroi de Bouillon fit dresser les tentes autour de la ville et installer les machines de sièges, les tours pour l’escalade des remparts, construites par les charpentiers génois, les catapultes et tous les engins conçus par les techniciens militaires. La garnison de la place, qui ne dépassait pas le millier, observa tous ces travaux avec étonnement et quelque crainte. Le calife égyptien envoya ses ambassadeurs auprès des chefs croisés : il promettait, comme autrefois, toute liberté aux pèlerins chrétiens pour séjourner dans la ville et visiter les lieux saints. Les chefs de la croisade tinrent conseil. Allait-on abandonner, si près du but, l’objectif principal de l’expédition et s’interdire de former des royaumes latins en Orient, alors même que certains chevaliers s’étaient déjà taillé quelques fiefs dans les territoires conquis ? Aussi exigèrent-ils une reddition sans conditions. Les musulmans refusèrent. Le siège de la ville commença. Durant quarante jours, les mille défenseurs résistèrent aux douze mille croisés qui les assiégeaient. Le 15 juillet, Godefroi, Tancrède et leurs hommes réussirent à escalader les remparts de la ville. A coups de hache, ils atteignirent les portes, qu’ils ouvrirent toutes grandes. Les soldats se ruèrent dans la cité. Exaspérés par les privations, exaltés par les harangues des prédicateurs, affamés, ils ne pensèrent plus qu’à se venger et à rançonner la population, comme ils l’avaient fait à Antioche. Ce fut une page peu glorieuse de la chrétienté.

La bataille de Bouvines 27 juillet 1214

Après la défaite de Jean Sans Terre à La Roche-aux-Moines, Philippe Auguste décida d’affronter l’empereur d’Allemagne Othon et le comte de Flandre. La rencontre des deux armées eut lieu en juillet 1215 sur le plateau de Bouvines, entre Valenciennes et Lille. Au cours d’une mêlée confuse, le roi de France est désarçonné et manque d’être capturé par les Flamands. Il ne doit son salut qu’à l’intervention de quelques chevaliers. L’empereur, à son tour, est assailli et s’enfuit en abandonnant son étendard. Mais la fureur française eut raison des fantassins teutoniques. Lorsque la nuit tomba, l’armée impériale était en pleine retraite. Philippe fit alors sonner les trompettes pour rappeler ses troupes, « qui rentrèrent au camp avec une grande joie ». Malgré sa confusion, la bataille de Bouvines fut une victoire incontestable dont le retentissement fut énorme dans le royaume et dans tout l’Occident. Le retour de l’armée fut triomphal. Dans les villages, les cloches sonnaient. On tendait des tapisseries sur les façades. A Paris, les bourgeois, les étudiants et le clergé se portèrent au-devant du roi en chantant des hymnes. Durant sept jours et sept nuits, on dansa dans les rues de la cité. Pour la première fois, le peuple ressentait comme sienne une victoire remportée par le roi et son armée.

La Bataille de Crécy 26 août 1346

En 1346, les hostilités reprennent entre Français et Anglais. Edouard III débarque dans le Cotentin, il envahit la Normandie et marche sur Paris. Impressionné par l’armée que vient de lever Philippe VI, il se replie sur la Somme et campe à Crécy pour reposer ses troupes et faire le plein de vivres. Mais le roi de France le poursuit avec opiniâtreté. Ce dernier s’arrête à Abbeville où des renforts lui parviennent. Le 26 août, l’armée anglaise, fraîchement reposée, attend les Français sur les hauteurs. Edouard III a organisé ses troupes habilement afin de les tenir prêtes à riposter à l’attaque de la cavalerie française : ses archers sont placés de telle façon que chaque groupe est couvert par un autre. Derrière eux, les chariots contenant la réserve de flèches ont été disposés en arc de cercle protégeant ainsi chevaux et cavaliers. Côté français, c’est l’anarchie ! L’armée a quitté Abbeville tôt le matin ; très sûre de ses forces, elle pense venir à bout très facilement de l’ennemi et l’organisation laisse à désirer. Soudain, les Anglais sont en vue ! A cette annonce, le roi de France tente de rassembler ses troupes, en vain ; il est déjà trop tard. L’arrière-garde essayant de rejoindre l’avant-garde, le désordre est tel qu’on ne distingue même plus les bannières les unes des autres. Cependant, trois groupes se forment finalement : les arbalétriers génois, les hommes du comte d’Alençon et enfin les hommes du roi. Un violent orage éclate, rendant le terrain boueux et impraticable. Dans une telle situation, comment diable recharger les arbalètes ? Les hommes sont de plus fatigués de leur marche, rappelons qu’armes et carreaux pèsent jusqu’à 40kg. Néanmoins, les voici qui s’avancent. Ils sont reçus par de denses volées de flèches, si drues que « ce semblait neige », dira Froissart. Les hommes s’enfuient de tous côtés, gênant les soldats. Le roi est furieux. Ordre est donné aux cavaliers de tuer cette piétaille en fuite et d’attaquer ! Les chevaliers se battent bravement, certes, mais en pure perte. Le roi lui-même se jette dans la mêlée, et voit deux chevaux mourir sous lui. A la nuit tombante, tout est terminé, la victoire anglaise est aussi imprévue qu’éclatante.

 

Crécy en chiffres. Forces en présence :

France : 36 000 hommes dont 15 000 mercenaires génois (arbalétriers)

Angleterre : 12 000 hommes dont 7 000 archers

Pertes françaises : 11 princes dont Charles, comte d’Alençon, frère du roi et Jean de Luxembourg, roi de Bohème

1 250 chevaliers

15 000 hommes d’armes dont 6 000 Génois

Flèches anglaises tirées : - Plus de 500 000 !

La défaite de Crécy

Crécy marque un tournant dans la stratégie de guerre : les bombardes faisaient leur apparition pour la première fois dans une bataille rangée. Pas très efficace du fait de leur portée limitée, elles effrayèrent néanmoins les troupes françaises et leurs chevaux, contribuant ainsi au désordre affligeant de l’armée française. La chevalerie entre en déclin, les chevaliers sont battus par l’infanterie.

Nouvelle Bataille de Poitiers 19 septembre 1356

Face aux chevauchées du Prince Noir, Jean le Bon ne peut réagir car il manque d’argent. Il réunit les états généraux en 1356 afin de lever une armée. Pour poursuivre les Anglais efficacement, il ne garde que les cavaliers, plus rapides. Le combat se déroulera au sud de Poitiers, sur un terrain accidenté et coupé de haies, Jean II le Bon décida que le combat se ferait à pied. Croyant à une fuite des Anglais, les Français s’engagent dans un chemin bordé de haies, devenant ainsi une proie facile pour les archers anglais. Par la suite, les deux corps de batailles s’engagent dans le désordre. La bataille tourne rapidement à l’avantage du Prince Noir. Sentant la défaite s’approcher, Jean le Bon décide d’envoyer ses trois fils aîné vers Chauvigny. Seul le cadet Philippe le Hardi (futur duc de Bourgogne), 14 ans, reste au côté de son père en lui recommandant ces célèbres paroles : « Père, gardez-vous à droite, père, gardez-vous à gauche ! » Mais le roi est rapidement cerné, et même capturé par l’ennemi. La défaite est désastreuse, dix ans après Crécy, le royaume est plongé dans la plus grave crise de son histoire. En l’absence du roi, les états généraux de langue d’oil (états du nord) se réunissent sans attendre et décident de libérer Charles le Mauvais dans l’espoir qu’il protège le pays dans la défaite. Mais le perfide Navarrais entre en contact avec les Anglais pour s’approprier de nouveaux fiefs.

La Bataille d' Azincourt 25 octobre 1415

Les querelles fratricides qui balayent la France n’ont pas échappé au nouveau roi d’Angleterre, Henri V de Lancastre. Ce dernier en profite pour relancer la guerre, il débarque avec ses troupes en Normandie. Henri V est le fils d’Henri IV, l’usurpateur qui a fait assassiner Richard II, l’héritier des Plantagenets. Il souhaite revoir les ambitions anglaises sur la couronne française, et à défaut, regagner une partie du continent perdue grâce aux campagnes de Bertrand du Guesclin. Sitôt débarqué en France, le souverain anglais va se réfugier à Calais. L’armée française s’organise autour des Armagnacs. Une fois encore, ils possèdent l’avantage numérique, mais malgré les défaites de Crécy et de Poitiers, la chevalerie française n’a rien perdu de son arrogance. En dépit des conseils du duc de Berry, les Français décident d’attaquer les Anglais dans un passage étroit, où il est impossible de se déployer. Déjà fatigués par la longue nuit d’attente sous la pluie, les chevaliers chargent avec le soleil dans les yeux. Avec leurs lourdes cuirasses, ils peinent à se déplacer et sont accueillis par une volée de flèches anglaises. Des piétons anglais viennent bientôt aux pieds des chevaliers en les frappant avec masses et épées. Les prisonniers sont égorgés. Azincourt est l’une des plus meurtrières batailles du Moyen Âge avec 10 000 pertes côté français. Une fois de plus, de nombreux barons français sont tués, Charles d’Orléans, neveu du roi et père du futur Louis XII est capturé et demeurera 25 ans en Angleterre. La chevalerie française qui demeurait l’élite du royaume pendant deux siècles entre en déclin. Ses vertus ancestrales comme le courage, la foi et le sacrifice sont balayés par la stratégie militaire. Une fois de plus une poignée d’infanterie a défait une horde de chevaliers.

La Bataille de Castillon 17 juillet 1453

Avec la prise de Bordeaux en 1450, la Guyenne est presque reconquise par les Français, mais les exigences de Charles VII font regretter la tutelle anglaise. Henri VI charge John Talbot (déjà perdant à Orléans et Patay) de la reconquête. Après une rapide campagne, Bordeaux est repris. Les Français décident alors de contre-attaquer. L’armée franco-bretonne comprend environ 10 000 hommes dont une puissante artillerie de 300 pièces servies par 700 manœuvriers. L’emplacement choisi offre d’incontestables avantages géographiques : Au nord, une petite rivière aux rives escarpées; À l’ouest, au sud et à l’est, un fossé de 5m de large. Averti de l’arrivée des Français, Talbot, se décide à porter secours aux Castillonnais. Il s’apprête à entendre la messe, lorsqu’on lui rapporte que les Français s’enfuient, abandonnant le camp retranché. On saura plus tard qu’il s’agissait des pages et des bagages inutiles au combat qui quittèrent le champ de bataille. Trompé par ces apparences, Talbot n’hésite plus et se précipite avec les troupes dont il dispose afin de mettre les Français en déroute. L’artillerie des Français, commandée par les frères Bureau, a eu le temps de se préparer. Carnage effrayant. Les assaillants sont pressés les uns contre les autres, ils ne peuvent ni s’échapper ni se dissimuler. Dans la mêlée qui s’ensuit, Talbot est précipité à terre et tué par quelque archer. Au bruit de la canonnade, les Bretons en réserve à Horable chargent avec leur cavalerie et précipitent la déroute des Anglais. Plus tard, le 18 juillet, les Français avançant quelques pièces d’artillerie sous les murs de Castillon obtiennent la reddition de la ville. La même année en 1453, Constantinople tombe aux mains des Turcs, le Moyen Âge s’achève progressivement.

Clovis et la conquête de la Gaule (476 - 629)  Clovis Ier 

 

Clovis, chef des Francs, entreprend une conquête de la Gaule depuis la vallée du Rhin. Grand chef militaire, il parvient à réunifier les territoires gaulois et se convertit au christianisme afin de s'approprier une partie de l'héritage romain. Ses descendants se partagent le royaume et s'affrontent (Austrasie/Neustrie). 

 

Terrible époque que celle-ci, le grand Empire Romain s’émiette pour disparaître, les grands empereurs ont perdu leur panache. Les tribus germaniques se sont étendues, elles ont reculé les frontières de l’Empire. Les légions romaines ont perdu leur efficacité face à la ferveur barbare. Cette période est sombre et énigmatique, le monde entre progressivement dans le Moyen Âge.

Le contexte de l’époque

L’héritage des Francs

Barbares civilisés les tribus franques se mirent en mouvement en même temps que les Germains. Les plus actifs d’entre eux sont les Francs Ripuaires et Saliens. Les Ripuaires (ou Rhénans) s’étendaient sur la vallée Rhénane à la droite du Rhin. Les Saliens sont originaires du territoire hollandais, ils se déplacèrent vers le sud-ouest et investirent le nord de la Gaule. Comme les autres peuples barbares, les Francs reconnaissaient l’autorité d’un roi. Les premiers souverains des Francs Saliens sont des rois légendaires tel que Clodion le chevelu et Mérovée (qui donna son nom à la dynastie mérovingienne). Ces derniers avaient aidé les Romains d’Aetius à chasser Attila de Gaule, une gigantesque bataille avait eu lieu aux Champs Catalauniques où les Huns furent battus. Childéric Ier succéda à Mérovée, avec lequel aucun lien de parenté n’est établi. Il mena tout d’abord une vie de débauche et fut chassé de son royaume. Rétabli quelques années plus tard, il aida les Romains d’Aegidius à chasser les Wisigoths.

Un article sur les Francs sera l’objet d’une étude plus approfondie.

 

Le tombeau de Childéric

Le tombeau de Childéric fut découvert à Tournai en 1653 par un maçon sourd et muet. Il étonne par son origine païenne et germanique. Le roi est enterré avec ses chevaux, portant au bras un bracelet d’argent et par son aspect Romain. Il portait un manteau de pourpre tenu par une fibule d’or, propre au général romain et un anneau au doigt servant à sceller les actes et portant l’inscription : Childéricus rex (Childéric roi). Le manteau était orné d’abeilles d’or, symbole mérovingien que Napoléon Ier adopta par la suite pour rappeler les origines de la France.

La Gaule, une mosaïque de peuples

La Gaule était la province la plus cultivée et la plus riche de l’Occident romain. Elle fut avec la Bretagne l’une des premières provinces à être abandonnées par les Romains. Avec l’affaiblissement des défenses impériales elle tomba très vite aux mains des Barbares :

 

  • Au Sud-Ouest, les Wisigoths (Espagne et Aquitaine).
  • Au Sud-Est, les Ostrogoths (Italie du Nord).
  • Le Centre-Est devint le pays des Burgondes (un des rares peuples convertis au christianisme).
  • Entre la Loire et la Somme, un général romain, s’était taillé un royaume dont la capitale était Soissons. Se considérant comme le « roi des Romains », il essayait de maintenir la civilisation latine.

Ainsi la Gaule représentait une mosaïque de cultures et un enjeu principal pour le nouveau roi des Saliens : Clovis, fils de Childéric.

 

La Gaule à l’avènement de Clovis

Le prénom Clovis

Clovis s’appelait en réalité Chlodowech (illustre à la guerre), les historiens le déformèrent en Clovis. Le prénom a évolué sous les Carolingiens : Chlodowichus puis Lodovicus avant de devenir Ludovicus puis Ludovic de nos jours. En France occidentale, le prénom devient Lodoïs puis Louis. Clovis peut ainsi être considéré comme Louis Ier !

Le règne de Clovis

La conquête du royaume de Syagrius

A 15 ans, Clovis est encore un jeune garçon imberbe lorsqu’il est hissé sur le pavois (bouclier) pour être proclamé roi des Francs à Tournai en 481. Le royaume est maigre et d’autres saliens contrôlent les régions voisines mais Clovis bénéficie de l’œuvre de son père Childéric. Très vite le jeune roi veut s’affirmer et refuse de partager son pouvoir comme son père l’avait fait. Il réunit les petites tribus avoisinantes et s’allie avec deux autres rois saliens (Ragnacaire et Chararic) afin de s’emparer du royaume de Syagrius ainsi que sa ville : Soissons. La guerre déclarée en 486, Clovis et ses troupes triomphent sur les Romains aux portes de Soissons. Syagrius vient alors se réfugier chez le chef des Wisigoths : Alaric, mais par peur de représailles, Alaric livre le chef romain à Clovis qui l’égorgea. Grâce aux rançons obtenues pour la libération de riches notables et au butin amassé lors de la conquête, il put former une armée permanente. Poursuivant sa marche victorieuse, il étendit le royaume des Francs jusqu’à la Bretagne et la Loire.

Le vase de Soissons

Après la prise de Soissons, le butin comme le voulait l’usage, devait être partagé entre le roi et ses hommes. Or, Clovis, voulant offrir un beau vase trouvé dans le pillage de Soissons à l’évêque de Reims, le plaça hors part. Cela mit en colère un de ses guerriers qui accusa publiquement Clovis de tricherie, et selon la légende brisa le magnifique vase. Un an plus tard, lors d’une revue militaire, Clovis reconnu le guerrier et lui jeta sa hache à terre, le guerrier se baissa pour la ramasser et Clovis lui décocha un coup de francisque sur le crâne en disant : « Ainsi as-tu fait avec le vase de Soissons ». Des doutes subsistent sur cette légende, en effet le vase n’aurait pas été détruit et donné à Saint-Rémi.

L’influence de Clotilde

Pendant ce temps, Théodoric le Grand chef des Ostrogoths s’est imposé un grand royaume en Italie, il se maria avec l’une des sœurs de Clovis. Voulant échapper au pouvoir des Goths, Clovis chercha une alliance auprès des Burgondes. Ainsi un mariage fut arrangé entre Clovis et Clotilde la fille du chef des Burgondes. Ayant reçu une éducation catholique, Clotilde s’employa à convertir son mari dont le peuple pratique le culte païen. Mais à l’Est, les Alamans agressent les frontières, menaçant les Burgondes, les Saliens et les Ripuaires. Un affrontement a lieu à Tolbiac en 496, la bataille part à l’avantage des Alamans, après avoir invoqué les dieux païens, Clovis s’en retourne vers le dieu de Clotilde et lui jure de se convertir s’il gagne la bataille. Par miracle, le chef Alamans est tué. Bientôt ses soldats fuient et sont en déroute. Il restait alors au chef franc de respecter son vœu.

 

La fleur de lys

Lors de la bataille de Tolbiac, un ange proposa à Clovis d’échanger les trois crapauds (symbole païen) qui ornaient son bouclier contre trois fleurs de lys d’or. Ainsi, la fleur de lys devint l’emblème de la monarchie française jusqu’en 1830. Elle flotte encore sur le drapeau du Québec.

La conversion des Francs

Au delà de la promesse faite à Tolbiac, Clovis savait qu’il pouvait tirer un avantage de sa conversion au catholicisme. En effet, il pourrait s’attirer la bienveillance des populations gallo-romaines dont la plupart était régis par des rois ariens. Cependant Clovis hésita, la moitié de son peuple vouait le culte païen, la reine Clotilde demanda l’appui de l’évêque Rémi qui influençait beaucoup Clovis. Ainsi, à Reims dans la nuit de Noël 497 (ou 498,499 ?), Saint-Rémi baptisa Clovis avec 3 000 de ses soldats. Les populations gallo-romaines accueillirent les Francs non plus comme des envahisseurs mais comme des libérateurs. L’Église, qui était la plus haute autorité spirituelle, choisit ainsi le camp des Francs.

 

Le Baptême

Ce fut une cérémonie impressionnante qui réunit chefs francs et notables gallo-romains qui se soumettaient à l’autorité du roi. Par la suite, l’action de Clovis fut favorisée par l’Église : « Chaque jour, Dieu faisait tomber les ennemis sous sa main car il marchait d’un cœur pur devant le Seigneur. »

Les Wisigoths

Vers l’an 500, Clovis intervient dans une querelle familiale des Burgondes. Chilpéric, le père de Clotilde est assassiné par son frère Gondebaud. Après avoir affronté Gondebaud pour venger sa femme, Clovis se résout à signer un traité d’alliance avec celui-ci en 502. Cette nouvelle alliance inquiéta de plus en plus Alaric le chef des Wisigoths qui en fit part à Théodoric des Ostrogoths. Clovis entraîna ses tribus franques ainsi que les Burgondes à Vouillé près de Poitiers pour affronter les Wisigoths, ennemis des Francs de longue date. Alaric II fut vaincu et tué par les propres mains de Clovis. L’armée de Théodoric fut quant à elle contenue par les Byzantins de l’empereur Anastase, qui a signé une alliance avec les Francs. Clovis s’empara alors de Toulouse, capitale des Wisigoths, ainsi que du légendaire trésor d’Alaric.

 

Le trésor d’Alaric

La légende veut qu’en 52, l’empereur Titus trouva le trésor de Salomon lors de la mise à sac de Jérusalem. Par la suite, Alaric Ier s’en empara lors de la mise à sac de Rome en 410. Ce trésor était le plus grand d’Occident et contenait le Saint Graal. D’autres sources affirment que les Wisigoths ont transporté le trésor dans les remparts de Carcassonne où Clovis échoua. On le situa dans le puits de Carcassonne, dans la montagne d’Alaric ou dans le château de Montségur où les cathares avaient position. Au début du XXe siècle, un curé Béranger Saunière dépensait des fortunes colossales sans que l’on sache d’où provenait sa richesse. On pense alors qu’il a découvert le trésor d’Alaric et a fait un trafic illégal avec la cour Autrichienne.

La réunification des tribus

Après la victoire de Vouillé, Clovis reçut à Tours le signe de la protection bienveillante de l’Empire Romain d’Orient qui lui donna le titre de consul et d’auguste. Cette investiture l’élevait comme souverain légitime, aussi s’employa-t-il à réunifier le royaume franc qui est encore morcelé par l’existence de petits territoires régis par des rois. Clovis commença à s’attaquer à Chararic et Ragnacaire ses deux alliés Saliens contre Syagrius, il fit raser la tête au premier (la chevelure était le symbole du pouvoir royal, ainsi les soldats avaient la nuque rasée), puis il les exécuta. Les Saliens unifiés, il restait les Francs Ripuaires à soumettre. Clovis mit en œuvre une machination démoniaque, en incitant le prince des Ripuaires à assassiner son père Sigebert le roi. Par la suite, le jeune prince fut tué alors qu’il amenait les trésors de son royaume à Clovis. Clovis sut alors convaincre la population ripuaire de le choisir comme roi. Cette attitude barbaresque déconcerta l’entourage du roi des Francs.

Les successeurs de Clovis

Le partage du royaume

En 509, Clovis choisit Paris comme nouvelle capitale de son royaume, la ville est déjà un pôle actif de la Gaule et fut le lieu de résidence de certains empereurs romains, on parle aussi de l’influence de Sainte-Geneviève (patronne de la ville) sur Childéric puis Clovis. Se considérant comme le chef de l’Église, Clovis s’employa à convertir la Gaule entière au catholicisme. En 511, Clovis réunit les évêques au concile d’Orléans, l’Église mérovingienne prend alors naissance. La même année, le grand roi meurt à Paris, il est inhumé auprès de Sainte-Geneviève. La loi salique qui régissait les coutumes franques excluait les femmes à la succession. Ainsi, comme le voulait la tradition, le royaume fut partagé entre les quatre fils de Clovis. L’unité mérovingienne était perdue et les territoires ainsi formés allaient se défier pendant des années.

Le premier partage

Par la suite pour mieux comprendre les querelles fratricides, il est conseillé d’avoir sous les yeux la généalogie des Mérovingiens.

 

Les fils de Clovis (Thierry Ier, Clodomir, Childebert Ier, Clotaire Ier)

Le premier des fils de Clovis, Thierry avait hérité des territoires les plus exposés aux invasions extérieures, aussi son expérience devait lui permettre d’y faire face. Il n’était pas le fils de Clotilde mais d’une princesse rhénane, il était donc plus distant avec ses trois demi-frères Clodomir, Childebert et Clotaire qui agissaient ensemble. Ces derniers raniment les hostilités avec les Burgondes pour venger leur mère Clotilde (Clovis s’était résolu à signer la paix avec les Burgondes), cet affrontement aboutit à la mort de Clodomir. Childebert et Clotaire assassinent alors les fils de Clodomir afin de se partager le territoire de leur frère. N’ayant eu aucun héritier mâle, Childebert cède à sa mort son royaume à Clotaire qui devient ainsi maître de tout le royaume franc, Thierry et ses descendants étant tous morts. Un deuxième partage a lieu en 561 entre ses quatre fils : Caribert Ier, Gontran, Sigebert Ier et Chilpéric Ier.

Le second partage

Les fils de Clotaire (Caribert Ier, Gontran, Sigebert Ier, Chilpéric Ier)

Caribert meurt prématurément, ses trois frères se partagent son royaume. Une querelle familiale va plonger les trois autres frères dans une guerre impitoyable. En compagnie de sa maîtresse Frédégonde, Chilpéric étouffe sa propre femme pendant son sommeil. Seulement, la femme de Chilpéric est la sœur de Brunehaut, l’épouse de Sigebert. Une lutte sans merci va alors s’engager entre :

  • Chilpéric et sa nouvelle femme Frédégonde (Neustrie)
  • Sigebert et sa femme Brunehaut (Austrasie)

Au centre, Gontran prend d’abord le parti de Sigebert et ensemble ils parviennent à prendre l’avantage. Mais après s’être brouillé avec ce dernier, Gontran s’allie maintenant avec Chilpéric. Sigebert est assassiné par deux sbires de Frédégonde (femme de Chilpéric), son fils Childebert II passe sous la tutelle de Gontran puis le quitte pour Chilpéric. Mais très vite, la lutte reprend entre les deux derniers frères : Chilpéric, toujours plus arrogant, et Gontran. La mort de Chilpéric, assassiné par un inconnu ne calme pas les hostilités. Les deux reines d’Austrasie et de Neustrie : Brunehaut et Frédégonde perpétuent la lutte des deux royaumes en orchestrant assassinats et jeux d’alliances. Malgré cela, Childebert II et son oncle Gontran se rapprochent de nouveau, ils scellent une alliance qui permet à Childebert de récupérer le royaume de Gontran à la mort de ce dernier.

La réunification de Clotaire II

Désormais, il n’y a que deux royaumes :

  • L’Austrasie et la Bourgogne (ancien territoire des Burgondes) gouvernés par Childebert II. A la mort de ce dernier, le royaume est donc partagés entre ses fils : Théodebert II (Austrasie) et Thierry II (Bourgogne).
  • La Neustrie gouvernée par Frédégonde et son fils Clotaire II.

Très vite, Clotaire II prend le contrôle du royaume de Neustrie. Intelligent, il va profiter de la querelle entre les deux frères Théodebert et Thierry. Il s’allie à Thierry et vainc Théodebert, par la suite il rompt l’alliance avec Thierry et fait exécuter Brunehaut et les héritiers du royaume d’Austrasie. Ainsi Clotaire II parvient à régner sur tout le royaume franc (comme l’avait fait Clovis et Clotaire Ier). A sa mort, le royaume est de nouveau partagé entre ses deux fils Dagobert Ier et Caribert II. L’aîné Dagobert parviendra à restaurer l’unité de la monarchie franque.

Légendes mérovingienne

L’origine des Mérovingiens est toujours un mystère, elle a alimenté des récits légendaires : On trouve l’origine des Mérovingiens dans la Grèce Antique notamment en Arcadie, peuple d’origine de Callisto (que Zeus changea en une constellation : la Grande Ourse), ses habitants participèrent notamment à la guerre de Troie. Cette peuplade traversa alors le Rhin pour se lier aux Francs. Les habitants d’Arcadie sont issus selon la légende de l’une des douze tribus d’Israël. Les Mérovingiens avaient une marque de naissance (une croix rouge sur les omoplates), dans la Bible on trouve ce passage qui y fait allusion : « … le très haut le protège tous les jours et demeure entre ses deux épaules ». Plus fantastique encore, certains avancent que les Mérovingiens seraient les descendants de Jésus Christ et de Marie-Madeleine. Après la crucifixion, Marie-Madeleine serait partie en Gaule et aurait enfanté là-bas. Ce mystère essentiel aurait été protégé par des associations secrètes tel que les Templiers. L’origine des Mérovingiens reste obscure, on raconte aussi que la femme de Clodion, enceinte de Mérovée alla se baigner un jour dans l’océan, là elle fut séduite par « la bête de Neptune », un animal marin qui la rendit enceinte une seconde fois. Ceci pourrait expliquer en partie les pouvoirs surnaturels de quelques rois mérovingiens (guérisons, communication extra-sensorielle…). De grands noms sont affiliés aux Mérovingiens, c’est le cas de Godefroi de Bouillon (héros de la première croisade et roi de Jérusalem), ou les Habsbourg-Lorraine (dont est issue Marie-Louise épouse de Napoléon Ier) ou encore Alain Poher (président de la République à la mort de Pompidou). Godefroi de Bouillon serait selon la légende un proche descendant de Lohengrin, fils de Perceval (qui découvrit le Graal selon la légende arthurienne).

Les visions de Childéric

Dès la première nuit de noces, la reine Basine réveille Childéric et lui demande de regarder dans la cour. Childéric y voit des lions, des licornes et des léopards. Il vient se recoucher mais Basine l’oblige à se relever et à regarder par la fenêtre, le roi y voit alors des ours et des loups. La troisième fois, il voit des chiens et autres bêtes chétives. Après avoir passé la nuit chastement, Basine lui révèle la signification de son rêve : « Il nous naîtra un lion ; ses fils courageux auront pour symbole le léopard et la licorne. D’eux naîtront des ours ou des loups pour le courage et la voracité. Les derniers rois sont des chiens, et la foule des petites bêtes indique ceux qui vexeront le peuple, mal défendu par ses rois ». Ces visions témoignent de la dégénérescence prochaine des Mérovingiens.

L'avènement des Carolingiens (629 - 768) 

Le partage du royaume a affaibli les héritiers de Clovis. Mis à part Dagobert qui réunifie une dernière fois le royaume, les rois fainéants ont perdu leur aura face aux maires du palais qui gèrent le domaine. L'un d'entre eux, Charles Martel, parvient à s'imposer durablement. Son fils Pépin le Bref devient le premier roi de la dynastie des Carolingiens. 

Les Pippinides

Plusieurs années après la conquête de la Gaule par Clovis et ses descendants, le royaume franc est en proie à des guerres fratricides. La richesse des Mérovingiens a cessé de croître à cause de la cupidité des fonctionnaires en charge de la levée d’impôts ainsi que par l’absence de victoires militaires qui priva le royaume de ses butins et tributs. Ainsi les derniers Mérovingiens étaient contraints de dilapider leur fortune pour acheter la fidélité de leurs hommes. Privé de ses richesses, le pouvoir royal s’affaiblit considérablement au profit d’une riche famille aristocrate de la Meuse : Les Pippinides ancêtre des Carolingiens.

Les rois fainéants

Le bon roi Dagobert

A la mort de son père, Clotaire II, en 629, Dagobert Ier devient roi des Francs, il doit cependant céder l’Aquitaine à son frère Caribert II. Après l’assassinat de son frère, Dagobert reconstitue une nouvelle fois l’unité des royaumes francs et choisit Paris comme capitale. Il s’entoure alors d’habiles conseillers, des aristocrates tel que Saint Eloi ou Saint Ouen. Il soumet les Gascons et impose sa suzeraineté à la Bretagne. Dagobert s’appuie pleinement sur le clergé pour gouverner comme son ancêtre Clovis, il sait parfaitement que la religion est la seule force cohérente du Royaume. C’est aussi un mécène, protecteur des arts, il décide par exemple de combler de dons la basilique de Saint-Denis. Pendant les dix années de son règne, Dagobert va jouir d’un pouvoir absolu, il entretient de bonnes relations avec Byzance et tente de s’opposer à la nouvelle puissance slave. Cependant, très vite, il est menacé par des héritiers non directs de Chilpéric, qui alliés aux Gascons s’emparent de la quasi-totalité du royaume d’Aquitaine. A la mort de ce grand souverain, l’anarchie se réinstalle et la dynastie s’affaiblit définitivement, plus aucun roi n’aura un tel prestige dans tout le royaume.

La chanson de Dagobert

La célèbre comptine concernant Dagobert date en réalité de 1787, il s’agissait alors de ridiculiser la royauté. Pour éviter la censure, les auteurs se sont inspirés d’un roi très ancien, ils y ont d’ailleurs rajouté le personnage de Saint Éloi pour se rendre plus crédible. Dagobert avait en effet une vie dissolue, et avait plusieurs épouses à la fois.

Les Pippinides, une famille riche et puissante

Pendant la période mérovingienne, le roi est assisté d’un Maire du Palais, à l’origine simple intendant du Palais, il va gagner une influence croissante pour devenir un chef de l’administration, nommant les comtes, les ducs, les évêques, décidant également de la guerre et de la paix. Maire du Palais d’Austrasie, Pépin de Landen, un riche aristocrate, avait contribué à la réunification du royaume sous l’égide du roi de Neustrie : Clotaire II, à la mort de ce dernier, il devient l’un des conseillers de Dagobert avant d’être écarté pour ses prétentions. Il redevient Maire du Palais d’Austrasie en 639 car les fils de Dagobert sont trop jeunes pour régner. Grimoald, le fils de Pépin de Landen, a les mêmes aspirations que son père, après avoir obtenu le poste de Maire du Palais d’Austrasie, il parvient à gagner la confiance du roi Sigebert III (fils de Dagobert). D’une audace extrême, Grimoald fait adopter son propre fils par Sigebert et fait enfermer le prétendant au trône (Dagobert II) dans un couvent en Irlande. Mais cette usurpation démasquée aboutira finalement à l’assassinat de Grimoald et de son fils. Mais dix ans plus tard, son neveu Pépin de Herstal parvient à s’imposer en qualité de Maire du Palais d’Austrasie, en effet sa puissance militaire et politique fait de lui un homme incontournable. En 687, il s’empare à l’issue de la bataille de Tertry de la Mairie du Palais de Neustrie. Cette famille que l’on appelle les Pippinides (qui allait engendrer les Carolingiens) est désormais la maîtresse incontestée de tout le royaume du Nord (Neustrie et Austrasie).

Les rois fainéants

Devant le pouvoir grandissant des Maires du Palais, les descendants de Dagobert sont communément appelés “les rois fainéants” du fait de leur impuissance au trône (fait néant). En effet, la plupart d’entre eux arrivent sur le trône à bas âge et ont une espérance de vie très courte, aussi on sait peu de choses sur certains d’entre eux. A la mort de Dagobert, le royaume fut partagé entre ses deux fils, Sigebert III (Austrasie) et Clovis II (Neustrie). Ces deux royaumes étaient de nouveau en proie à un affrontement sans fin. Après avoir subi deux échecs, Pépin de Herstal écrase la Neustrie à Tertry, mais alors que le pouvoir est entre ses mains, Pépin n’ose s’emparer de la couronne. Il laisse donc le roi de Neustrie (Thierry III) qu’il vient de battre sur le trône de manière symbolique.

Charles Martel

L’avènement de Charles Martel

Peu avant sa mort, afin d’éviter des querelles pour sa succession comme Maire du Palais, Pépin de Herstal désigne son fils illégitime Charles Martel comme unique successeur. Mais à la mort de Pépin, sa femme Pléctrude emprisonne le jeune Charles afin de faire élire ses deux fils. Bientôt, la Neustrie se soulève et en 715, à la mort de Dagobert III, les Neustriens libèrent un jeune clerc d’un monastère qui prétend être le fils de Childéric II, qu’ils font couronner. La régence de Pléctrude a donc aboutit à la destruction de l’œuvre de Pépin de Herstal. Cependant, le jeune Charles Martel parvient à s’échapper de sa prison, déterminé, il rassemble derrière lui des partisans d’Austrasie. A la mort de Pléctrude, il parvient à s’emparer de la mairie d’Austrasie. Ambitieux, il signe une trêve avec les Frisons (peuple germanique) et se met en guerre contre les Neustriens et ses alliés d’Aquitaine. En 717, à Vincy il inflige une cuisante défaite à ses ennemis et peut faire son entrée triomphale à Paris.

La réunification du royaume

Charles Martel est désormais unique maire du palais des royaumes d’Austrasie, de Neustrie et de Burgondie réunis. Il gouverne le royaume en lieu et place du mérovingien Thierry IV, un enfant de 10 ans. Il décide alors de restaurer l’unité des Francs. Il s’appuie alors sur les familles aristocratiques qui lui doivent sa fortune, il s’assure le soutien de l’Église en évinçant les évêques qui lui sont hostiles et en se rapprochant de la papauté de Rome. A la tête d’une puissante armée, il écrase les Frisons et les Saxons et soumet la Thuringe et la Bavière. Charles Martel entame une politique de laïcisation des biens de l’Église, afin de disposer de nouvelles terres pour des riches aristocrates, à la tête d’une puissante cavalerie. Ayant acheté leur fidélité par des terres, Charles Martel contribue ainsi à la naissance du régime féodal.

La menace islamique

Moins d’un siècle après la mort de Mahomet, les guerriers musulmans avaient envahi l’Espagne. Au début du VIIIe siècle, ils franchissent les Pyrénées et investissent le Languedoc, la chrétienté n’a jamais été aussi menacée. Le duc d’Aquitaine, Eudes, était parvenu à freiner la poussée islamique près de Toulouse en 721. Le duc Eudes s’était allié avec un gouverneur berbère de Septimanie, qui de religion musulmane était en révolte contre ses coreligionnaires. Seulement le gouverneur d’Espagne, Abd al-Rahman, avait canalisé la révolte et se lançait maintenant à une expédition punitive contre les Aquitains. Devant un tel danger, Eudes fit appel à son voisin Charles Martel qui contrôle tout le Nord de la Loire. Celui-ci fait avancer son armée venue de toutes les parties du royaume franc. La bataille s’engage près de Poitiers contre les troupes d’Abd al Rahman. Charles Martel équipe chacun de ses soldats d’une épée, d’un haubert ainsi que d’une longue lance. Après sept jours durant lesquels les troupes se sont livrées seulement quelques escarmouches, les Arabes se décident enfin à attaquer, mais ils se heurtent inutilement aux défenses franques. Abd al-Rahman est tué au cours de la bataille, et les Arabes s’enfuient au cours de la nuit. La légende raconte que ce sont 375 000 Arabes qui auraient péri. Fort de ce succès, Charles Martel investit l’Aquitaine et chasse les chefs musulmans qui y sont installés. Le chef franc apparaît alors comme le sauveur de la chrétienté, et le maître incontesté du royaume franc.

La bataille de Poitiers

Charles tient son nom de Martel « celui qui frappe comme un marteau » grâce à son incroyable énergie qui lui a permis d’écraser les musulmans.

Pépin le Bref

La bataille pour la succession

Un peu avant sa mort survenue en 741, Charles Martel avait réparti le royaume entre ses deux fils : Carloman et Pépin. Seulement le testament de Charles avait fait des mécontents inassouvis, notamment Hunald, le fils du duc Eudes d’Aquitaine. Celui-ci pouvait trouver l’appui du duc de Bavière et de Griffon, un des fils de Charles né d’une autre union. Pépin et Carloman se font alors solidaires afin de lutter contre ces révoltes qui torpillent les quatre coins du royaume. Les deux frères commencent par écraser les Aquitains, puis se répartissent le duché. Puis Carloman soumet les Alémans, à l’Est après une répression sévère et cruelle. Pépin quant à lui, habile diplomate, parvient à ménager la Bavière. Restait alors Griffon, le demi-frère jaloux qui s’est laissé persuader par sa mère qu’il a obtenu de vastes territoires de la part de Charles. Griffon est capturé et emprisonné à Neufchâteau, il parvient cependant à s’évader grâce à la complicité de sa sœur. Réfugié en Aquitaine, il ranime la révolte aux cotés du duc Hunald. Mais les troupes sont vaincues de nouveau en 745, Hunald se retire alors d’Aquitaine. Mais Griffon parvient à rejoindre les Saxons qu’il pousse à la révolte. Pépin prend alors les armes et défait la rébellion, et, pour calmer les ardeurs de son jeune demi-frère, Pépin nomme Griffon duc du Mans en lui octroyant 12 comtés.

Pépin le Bref, roi des Francs

Très pieux, Carloman décide de se faire moine, Pépin qui se fait surnommer “le Bref”, en raison de sa petite taille, est alors seul pour régir l’État. Les deux frères n’ont pas manqué auparavant d’élire Childéric III, qui n’est roi des Francs que symboliquement. Pépin le Bref aspirait désormais à ceindre la couronne franque, il conclut dans ce but un accord avec le pape, Zacharie : en échange de son aide contre les Lombards, qui menaçaient les États contrôlés par l’Église, celle-ci autorisa à déposer le dernier roi mérovingien, Childéric III. Ainsi en novembre 751, à Soissons, Childéric est arrêté, tondu (perdant ainsi son caractère royal), et emprisonné. L’assemblée des Grands du royaume nomme alors Pépin, roi des Francs. L’archevêque de Mayence, Boniface, donne l’onction au nouveau roi en marquant son front avec de l’huile sainte (le Saint-Chrême). Cette cérémonie du sacre, avec son rite de l’onction du roi par les huiles saintes, fut perpétuée en France jusqu’au XIXe siècle. Elle avait un double sens : par elle, le pouvoir royal acquérait un pouvoir sacré, et l’Église se faisait reconnaître comme la source du pouvoir.

Sacre de Pépin le Bref

Par la suite, en 754, le pape Etienne II octroya, par un second sacre, à la royauté de Pépin le caractère religieux indispensable. Une nouvelle légitimité était créée et était inaugurée par l’alliance de la famille avec la papauté.

Les Francs au secours de la papauté

Ayant reçu avec ses fils, le titre de « patrice des Romains », Pépin devait maintenant s’acquitter de sa dette envers le pape. Les Lombards, peuple germanique représentaient toujours une menace depuis le VIe siècle lorsqu’ils s’installèrent dans la plaine du Pô. Ils envahirent les possessions byzantines en Italie, occupèrent Ravenne et osèrent même s’attaquer à Rome. En 754, le pape fit même le déplacement pour venir demander son aide au roi des Francs. Jamais un pape n’avait entreprit pareil voyage. Pépin lança alors deux expéditions en Italie, qui mirent un arrêt à l’expansion lombarde. Les territoires libérés furent remis directement à l’Église et non à leur propriétaire légitime, l’empereur de Byzance. Ce don que l’on appela « la donation de Pépin » fut à la base de la formation des États de l’Église. Le Saint-Siège catholique se détacha alors de Byzance et s’en remet désormais de sa sécurité aux souverains francs. Cela aboutira en 1054 au schisme entre les chrétiens orthodoxes d’Orient et les chrétiens catholiques d’Occident.

Un grand règne

Dès 756, après avoir tenté de mater les Saxons et les Bavarois, Pépin prépara la conquête définitive de l’Aquitaine, toujours en révolte, mais ce n’est qu’en 768 qu’il parvient à ses fins. Il expulse également les Arabes de Septimanie. Parallèlement, le roi des Francs jeta les bases d’une administration solide dans son royaume et amorça la « renaissance carolingienne ». A l’extérieur, plusieurs tentatives de rapprochement furent effectuées avec les Byzantins et les Arabes, préparant la vision impériale de son royaume. A l’intérieur, sa plus grande tâche fut d’effacer le clivage Neustrie-Austrasie qui divisait la Gaule depuis le VIe siècle. Lorsque Pépin tomba malade en 768 et se fit conduire à Saint-Denis pour y mourir, il partagea son royaume entre ses deux fils, Charles et Carloman. L’œuvre accompli par ce souverain était immense, et sous l’impulsion de son fils Charles, les Pippinides allaient désormais se faire appeler les Carolingiens.

Charlemagne, Empereur d'Occident (768 - 814) 

 Le roi Charles le Grand se distingue par de nombreuses victoires militaires. En 800, il est sacré empereur des Romains et administre une vaste région en Europe de l'Ouest. Son règne est marqué par la renaissance carolingienne qui marque toute la période du Haut-Moyen Âge. 

Avec la bénédiction du pape, les maires du palais ont usurpé le trône aux derniers Mérovingiens, « les rois fainéants ». Pépin le Bref devenu roi des Francs en 751, parvient à restaurer l’unité du royaume. Avec la reine Bertrade « Berthe au Grand Pied », la fille du comte de Laon, un puissant seigneur de l’époque, Pépin a deux fils : Charles et Carloman. Très vite l’aîné Charles s’impose et annonce son style, il se fera appeler « le Grand », et deviendra l’un des plus grands souverains de France qui marqua toute la période du Haut Moyen Âge.

De grandes conquêtes

La lutte des deux frères

A la mort du roi franc en 768, les premières difficultés apparaissent, les deux frères, Carloman et Charles ne s’entendent guère, le partage était dès lors prometteur de discorde. Selon les vœux de Pépin :

  • Charles obtenait l’Austrasie et le Nord de la Neustrie, il se fit sacrer roi à Noyon.
  • Carloman obtenait le Sud de la Neustrie, la Bourgogne et la Provence, il siégeait à Soissons.

En 769, l’Aquitaine se révolte, Charles demande l’aide de son frère, qui lui refuse. Charles prend alors la poursuite du duc d’Aquitaine et parvient à rétablir l’ordre en menaçant les Gascons (Basques) qui lui livrent finalement le duc rebelle. Mais en 770, c’est la Lombardie qui apparaît plus menaçante, la veuve de Pépin, Bertrade organise un mariage entre Charles et Désirée la fille du roi des Lombards. Mais les deux frères ne s’entendent toujours pas, et c’est finalement la mort de Carloman en 771 qui va tout changer. Charles destitue l’héritage de ses neveux qui s’enfuient avec Gerberge, la femme de Carloman, vers la cour lombarde (Gerberge est la fille du roi lombard). Charles est désormais roi unique des Francs.

La conquête de la Lombardie

Les relations entre Didier, le roi des Lombards et le jeune roi franc se dégradèrent très vite, Charles avait répudié Désirée qui était très laide. Le pape Adrien Ier se réjouissait de cette opportunité, comme l’avait fait son prédécesseur, il demanda de l’aide auprès du roi franc. Charles avait un grand intérêt à soumettre les Lombards, menace constante, d’autant que leur roi Didier voulait réhabiliter les fils de Carloman, réfugiés à sa cour, sur le royaume franc. Charles traversa alors les Alpes avec son armée, défit les Lombards qui se réfugièrent dans la ville de Pavie, capitale du royaume. En 774, la ville tombe et Charles prit le titre de « roi des Francs et des Lombards », il fit alors son entrée triomphale dans la capitale coiffé de la célèbre couronne de fer, dont le fermoir, selon la légende, a été forgé avec un clou de la Vraie Croix du Christ.

Les Saxons, des adversaires irréductibles

Tout au long de son règne, les difficultés les plus conséquentes auxquelles Charles devra faire face sont liées aux Saxons, un peuple païen aussi irréductible face à l’épée qu’à l’appel de l’Évangile, qui vivait sur les territoires devenus aujourd’hui les Flandres et la Lorraine en plus de leur terre d’origine la Saxe, l’actuelle Allemagne. Il fallut à Charlemagne (du latin Carolus Magnus, Charles le Grand) près d’un quart de siècle pour les soumettre totalement. Les Saxons, qui avaient promis des concessions, profitèrent de la campagne de Lombardie pour se révolter de nouveau. Mais les Saxons sont de nouveau battus et promettent finalement leur conversion au christianisme, Charlemagne rentre avec son lot d’otages saxons. Malgré tout, les révoltes n’en continuèrent pas moins…

Contre les Maures

Depuis près d’un siècle, la chrétienté se voyait menacé par les Maures qui occupaient encore toute l’Espagne. Pour le pape, comme tous les chrétiens, il revenait à Charlemagne de se défendre contre ce danger permanent. Charlemagne n’avait pas l’intention de conquérir l’Espagne, il avait conscience du décalage économique et culturel des deux mondes, de plus il admirait la civilisation islamique, très avancée sur le commerce, l’artisanat, les sciences et les arts. Toujours est-il que Charlemagne envahit la Catalogne et pris la ville de Pampelune. Puis le gros de l’armée se replia pour rejoindre la Germanie, car les Saxons s’étaient de nouveau rebellés. L’arrière-garde qui protégeait le repli s’engagea alors dans les vallées pyrénéennes. Elle était commandée par Roland, comte de Bretagne, un valeureux guerrier très aimé de Charlemagne. Le 15 août 778, comme elle se trouvait dans l’étroit passage du col de Roncevaux, les Gascons (Basques) dévalèrent du haut des montagnes et massacrèrent la troupe franque. « Ce cruel revers, nous dit un chroniqueur du temps, effaça presque entièrement dans le cœur du roi la joie des succès qu’il avait eus en Espagne. » Cet événement devint le fait d’armes le plus connu du règne grâce à un grand poème écrit vers la fin du Xe siècle, la Chanson de Roland. Charlemagne se contenta dès lors d’occuper des places fortes en Catalogne.

La Chanson de Roland

Ce paragraphe décrit l’histoire du poème épique rédigé à la fin du XIe siècle (début des Croisades) où les Basques de Roncevaux ont été remplacés par des Sarrasins. Ganelon le beau-père de Roland, désireux de se venger de celui-ci ainsi que des onze pairs qui lui vouent un véritable culte, s’entretient avec Marsile, un roi sarrasin, et lui donne toutes les informations qui permettront d’exterminer l’arrière-garde de Charlemagne. Roland est nommé à la tête de cette arrière-garde, avec ses onze pairs dont Olivier, comte de Genève et meilleur ami de Roland. Charlemagne a dès lors un sombre pressentiment. Marsile a réuni 400 000 hommes, qui se rue sur les 20 000 Francs, enclavés dans le col de Roncevaux. Par fierté, Roland refuse alors de sonner l’olifant (cor) pour rappeler Charlemagne. La première vague de Sarrasins (100 000 hommes) est contrée et exterminée. Mais au bout du cinquième assaut, les Francs ne sont plus que 60. Roland se décide alors à sonner de l’olifant, Charlemagne l’entend mais Ganelon le dissuade d’en prendre compte. La bataille continue, Roland tranche la main de Marsile qui s’enfuit. Olivier mortellement blessé meurt dans les bras de Roland. Roland reste seul avec son ami Turpin qui sont soudain assaillis par 400 sarrasins qui les criblent de flèches avant de s’enfuir. Mourant Roland tente en vain de briser son épée, la vaillante Durandal, qui brise un roc. Roland se couche alors le visage tourné vers l’Espagne et s’en remet à Dieu. Charlemagne très affecté condamne le traître Ganelon, symbole de la félonie. La fiancée de Roland, Aude, meurt de chagrin. Le poème fait une grande part au merveilleux chrétien et à l’amour des preux chevaliers pour la « douce France ».

Des difficultés en Germanie

Les intraitables saxons se sont de nouveau soulevés, ils ont ravagé le territoire franc jusqu’à la Moselle. Charlemagne organise donc une sévère répression. Mais les révoltes n’en continuèrent pas moins. En 782, un chef saxon, Widukind, réussit à décimer une armée saxonne ralliée aux Francs et à se réfugier ensuite en territoire danois. Charlemagne avait la ferme intention d’annexer la Saxe à sa couronne, mais pour ce faire il devait faire plier les Saxons. Chose qui devient moins aisée à mesure que les païens appliquaient les tactiques militaires chrétiennes. Par représailles, Charles décida de se livrer à un épouvantable massacre, près de Verdun, ce sont 4 500 Saxons qui furent exécutés, femmes et enfants ne furent épargnés.

Les conquêtes en Europe centrale

  • Le soulèvement des Saxons encouragea par ailleurs le duc de Bavière, Tassilon III qui, en 779, refusa de reconnaître la souveraineté franque et fut sur le point de semer le trouble dans toute la partie Sud de la Germanie occupée par les Francs. Mais abandonné par ses sujets, Tassilon est finalement battu et emprisonné. La Bavière est ainsi intégrée au royaume en 788. Charlemagne confisqua les biens immenses de Tassilon, qui était considéré comme « l’homme le plus riche de l’Empire », plus que Charlemagne lui-même qui de surcroît, n’a jamais eu de fortune personnelle et fut un des premiers rois de l’époque médiévale à distinguer le Trésor Royal et ses biens propres.
  • Puis, après la Bavière, Charles affronta les Avars, une peuplade belliqueuse d’origine mongole, comme les Huns, qui était établie en Pannonie (actuelle Hongrie). La guerre contre les Avars fut sans pitié. Charlemagne répondit à la férocité de l’ennemi par une férocité égale. L’affrontement se termina par la prise du camp royal avar par Pépin, le fils de Charlemagne. Leurs terres furent placées sous le contrôle des Francs, puis christianisés. Un traitement analogue fut réservé aux Slaves de Bohème. A la suite de ces conquêtes, les territoires de Germanie, de Hongrie, de Bohème et d’une partie de la Yougoslavie furent arrachés à l’emprise barbare.

Empereur

Le sacre de Charlemagne

Les relations entre Charlemagne et le pape Adrien Ier n’étaient pas si exemplaires, la Toscane et toute l’Italie du Sud était promise au pape, mais le souverain franc préférait imposer sa propre domination sur l’Italie. L’indépendance des États du pape était de plus en plus fictive. Malgré tout, Charles est soucieux de sa construction politique, et il sait que le facteur religieux est essentiel. Aussi, lorsque le nouveau pape Léon III est emprisonné en 799 et roué de coups par des nobles qui l’accusent d’immoralité, Charlemagne intervient et assure le retour du pape à Rome sous bonne escorte. En remerciement de service rendu, notamment contre les Lombards, Charlemagne prend le titre inédit d’« Empereur des Romains ». La cérémonie se déroule à la basilique Saint-Pierre de Rome le 25 décembre 800. Il se présente de façon symbolique en continuateur lointain de l’empire romain d’Occident. C’est ainsi qu’il arbore comme emblème l’aigle monocéphale.

La conquête de la Germanie

La tâche la plus ardue pour Charlemagne était de soumettre définitivement les Saxons afin de rattacher la Germanie à l’Empire, et de la pacifier. En 785, le chef barbare, Widukind, tombe malade, il fut alors obligé de céder son commandement. Dès lors les campagnes saxonnes ne furent plus aussi dures ni aussi laborieuses pour les Francs qui finirent par gagner en 799. Mais guérillas, répressions et déportations en masse reprirent et ne s’achevèrent qu’en 804. cette année-là, Charlemagne eut recours aux grands moyens, en décidant que « tout Saxon non baptisé et qui refusera de l’être serait puni de la peine de mort ». De plus, il déporta toute la population saxonne résidant entre les deux fleuves de l’Elbe et de la Weser. A mesure qu’elle était pacifiée, la Germanie fut divisée en marches (zones de défense) dirigées par des chefs francs.

L’organisation de l’Empire

L’Empire carolingien

Au début du IXe siècle, l’État franc représentait déjà un vaste Empire et ses frontières étaient fortement consolidées. Après le couronnement de Charlemagne, le centre de gravité de l’Empire se déplaça vers l’Est, c’est-à-dire au détriment de la France et au bénéfice de l’Allemagne. La capitale fut instaurée à Aachen, ville germanique connu sous le nom de « Aix-la-Chapelle ». Charlemagne appréciait les eaux thermales de cette ville, qui lui permettaient de soigner sa goutte et ses rhumatismes. L’annonce du couronnement ne pouvait plaire à Constantinople qui vit en Charlemagne un usurpateur. L’Empire byzantin, devant la démonstration de puissance affichée, s’orienta vers des transactions entre les deux empires, et celles-ci se mirent en place. Pendant un moment, on pensa marier l’Empereur d’Occident, à Irène, l’impératrice souveraine d’Orient, le plan ne pût aboutir. A cette époque, il y a trois empires rivaux : l’empire carolingien, l’empire byzantin et l’empire arabe. Ce nouveau monde, en raison de l’antagonisme religieux ne pouvait tirer profit des relations maritimes entre l’Orient et l’Occident, contrairement au monde romain. D’où la restructuration de l’empire franc qui s’orienta vers une activité économique située entre le Rhin et la Meuse, favorisant la future Allemagne.

Homme de guerre, homme de paix

Le portrait de Charlemagne nous est connu grâce à Éginhard, un historien contemporain. Grand (il mesurait 1,92 m), fort et vigoureux, Charlemagne inspirait le respect de ses ennemis qui, sur le champ de bataille, craignaient davantage sa force physique que son intelligence tactique. D’une réelle bonté, il aimait faire des aumônes aux pauvres, pouvait éclater en sanglots à l’annonce de la mort d’un ami, et vénérait sa mère Bertrade, qu’il consultait souvent. Très attachée à sa famille, il ne se séparait jamais de ses enfants, et fût marié à quatre reprises. Charlemagne a une grande curiosité d’esprit, il s’instruit beaucoup pour pallier ses lacunes, il donne ainsi une éducation complète à ses enfants. Mais il fut d’abord et avant tout un guerrier, bien que son but affirmé fût la paix. Profondément religieux, convaincu que Dieu avait confié au peuple franc et à son souverain la tâche de répandre et de défendre la foi chrétienne ainsi que les coutumes qu’elle apportait avec elle, il passa sa vie à combattre les Barbares, du nord au sud de l’Europe. Par le fer et le sang, il réussit à établir un empire chrétien sur la majeure partie de l’Europe occidentale, au point que les historiens lui attribuèrent par la suite le titre de Pater europae, père de l’Europe moderne.

Les Missi dominici

L’empereur ne pouvait pas toujours contrôler la manière dont ses ordres étaient appliqués. Charlemagne confiait donc les charges sûres à des personnes qui étaient « les yeux, les oreilles et la langue du souverain ». C’étaient les missi dominici (envoyés du maître). Véritables inspecteurs généraux du royaume, ils avaient les pleins pouvoirs pour rappeler à l’ordre comtes et marquis, surveiller le fonctionnement de la justice et de l’état des finances. Les missi dominici étaient en général au nombre de deux : un religieux et un laïc. Ils avaient pour mission de procéder à des enquêtes, de contrôler l’administration des provinces et de signaler à l’empereur les abus qu’ils avaient pu constater.

Comtes et marquis

Suivant en cela l’usage des Francs, Charlemagne divisa l’empire en comtés (il y en a plus de 200 dans l’Empire) ; aux frontières, il créa des marches ou régions tampons destinés à protéger les invasions extérieures. Comtés et marches, vivant en relative autonomie, furent confiés aux plus fidèles de ses compagnons (comtes et marquis). L’empereur leur rendait périodiquement visite ; il recevait alors les représentants de la population et les chefs du clergé, contrôlait les comptes, décidait des travaux à entreprendre. Dans chaque comté se tenaient régulièrement des assemblées provinciales ou plaids (du latin platicium, convention), qui tenaient lieu de cours de justice. Les juges ou échevins, réglaient les affaires ordinaires. Mais les jugements les plus importants étaient prononcés par le comte ou par le tribunal royal.

Plaids généraux et Champ de Mai

Les comtes et marquis se comportaient sur leur territoire comme de véritables petits souverains. En réalité, ils constituaient les vassaux de l’empereur, qui était le propriétaire des terres. Afin de centraliser son pouvoir, Charlemagne réunissait des plaids généraux (en moyenne trois fois par an). Tous ceux qui comptaient dans l’Empire étaient conviés : marquis, comtes, évêques, abbés (supérieurs de monastère)… Dans ces réunions, on débattait de tous les problèmes de l’Empire, et on instaurait des lois. Les fonctionnaires de l’Empire les transcrivaient ensuite de façon ordonnée en divisant le texte en chapitres. Revêtus de la signature et du sceau de Charlemagne, ces chapitres, ou capitulaires étaient répandues dans les provinces pour y être appliqués. Charlemagne tenta ainsi de remplacer les traditionnelles décisions orales par des écrits. Le Champ de Mai (appliqué au mois de mai) est un plaid général qui règle les questions militaires.

« L’Empereur à la barbe fleurie »

En prêtant à l’empereur une barbe alors qu’il était vraisemblablement imberbe, les représentations du souverain veulent souligner son autorité virile. Quand au qualificatif de fleurie, il s’agit d’une mauvaise traduction de « flori », qui signifie blanc en vieux français.

La société carolingienne

Une société belliciste

Dans l’Empire carolingien, la guerre avait une importance primordiale : elle était tenue pour une activité normale, presque une nécessité. Durant le règne de Charlemagne, les années où il n’y eut pas de campagne militaire peuvent même se compter sur les doigts d’une seule main. La période des combats était située entre mai et octobre. Les buts poursuivis étaient divers : remettre à sa place un comte récalcitrant ou traître, amasser un butin par des raids au delà des frontières et, bien sûr, conquérir des territoires et christianiser les infidèles. De toutes les régions de l’Empire arrivaient des armées entières avec armes et bagages, conduites par un comte ou marquis. L’empereur lui-même passait en revue l’armée franque. Le Champ de Mai était ainsi non seulement une assemblée de chefs, où se décidaient les opérations militaires à venir, mais aussi une occasion de réaffirmer avec éclat l’unité de l’Empire autour du souverain et de son armée.

La société carolingienne

  • Les serfs, moteur économique : L’économie au temps des carolingiens était fondée sur le travail des serfs. Ceux-ci n’étaient pas à proprement parler des esclaves, mais des personnes soumises à un maître, qui devaient accomplir la tâche qu’on leur ordonnait et qui restaient attachées à un domaine. Les villae étaient l’objet d’une attention particulière : domaine agricole vivant en autarcie, c’est-à-dire produisant tout ce qui est nécessaire à la vie de ses habitants, la villa formait l’unité économique de base de l’Empire.
  • Le clergé, ciment des peuples : Charlemagne s’appuya tout au long de son règne, sur l’Église. Le christianisme formait le ciment unissant les peuples de l’Empire, qui n’avaient en commun ni la langue ni les mœurs. Même s’il surveilla toujours de très près les affaires religieuses, l’empereur donna une place de premier rang aux dignitaires de l’Église.

La Renaissance carolingienne

  • La création d’écoles : Afin de former des administrateurs compétents, Charlemagne favorisa un renouveau des études, il créa entre autre l’École du palais, que dirigera Alcuin. Après de nombreux conciles, Charlemagne réussit à imposer des réformes religieuses (réforme liturgique, discipline dans les abbayes, écriture). Charlemagne s’indignait du style grossier de certains ecclésiastiques, aussi le clergé devait être instruit, d’où la création d’écoles près d’églises et de monastères. L’Église passa ainsi vers l’effort d’éducation du peuple. Dans les monastères, on recopie les Saintes Écritures, de façon élégante (nouvelle écriture plus ronde : écriture caroline) et dans un latin correct.
  • Charlemagne, restaurateur des arts et des lettres : Sous l’influence de l’art byzantin, les églises seront décorées avec des mosaïques et des fresques. Les reliures des Bibles s’ornent de bas-reliefs, on peint aussi des miniatures ou de délicates enluminures. Reliques et manuscrits sont ainsi décorés par de grands orfèvres. Les arts et les lettres subissaient une brillante renaissance, la langue latine était restaurée, des personnes brillantes comme Alcuin ou Angilbert relancèrent le goût de la culture antique. L’architecture subit également une véritable renaissance artistique, inspirée de l’art romain. Les constructions religieuses connaissent un véritable essor, le palais d’Aix témoigne également du renouveau de l’architecture civile.

Le monogramme de Charlemagne

Éginhard apprit à Charlemagne à signer de cette façon : une croix comprenant les lettres de Karolus, les consonnes sont aux extrémités, les voyelles situées dans le losange central.

La mort du souverain

Après la soumission des Saxons en 804, Charlemagne entreprend ses dernières campagnes militaires : contre les Arabes d’Espagne, les Avars ou les Bretons, mais aussi les Slaves, les Sarrasins, les Grecs et les Danois. En 812, l’empereur romain d’Orient Michel Ier reconnaît Charlemagne comme empereur romain d’Occident. Charles pense alors à sa succession :

  • De tous ses fils, l’un Pépin le Bossu avait tenté de le renverser, il fut enfermé dans un monastère.
  • Charles le Jeune, qui avait reçu l’onction du pape lors du sacre est destiné à la succession mais il meurt en 811.
  • Le second fils de Charlemagne, Pépin était roi d’Italie, il se distingua en capturant le trésor des Avars, « le Ring », il meurt en 810.
  • C’est alors Louis (le Pieux ou le Débonnaire) qui succédera à Charlemagne, il est sacré en 813, du vivant de son père.

Charles était fort et robuste, il ne fut malade que durant les quatre dernières années de sa vie, il se mit à boiter et à souffrir de la fièvre. En 814, il meurt de pleurésie, il est inhumé à la basilique d’Aix-la-Chapelle. L’unité de l’Empire qui était déjà difficile à maintenir à cause de l’immensité d’un territoire s’étendant de la Baltique à l’Adriatique et à cause du système des comtés et des marches, source de morcellement, put être sauvegardée aussi longtemps que Charlemagne fut en vie, mais ne devait guère survivre à la disparition du « ciment » que représentait son autorité et son prestige.

 

Les Invasions Normandes (814 -987)

 

La Francie Carolingienne 

L'empire de Charlemagne s'est divisé en trois royaumes. Les invasions normandes ont affaibli la Francie occidentale. Les rois Carolingiens partagent la couronne avec les futurs rois Capétiens, dont le chef Eudes a sauvé Paris de l'invasion des Vikings. En compensation, "les hommes du Nord" se voient alors offrir un duché : la Normandie. 

Peu après la mort de Charlemagne, trois événements majeurs marquent l’Empire carolingien :

  • Des troubles de successions entraînent la dislocation de l’Empire, désormais la partie germanique est définitivement séparée de la partie romane. Ce sont les premiers visages de la France et de l’Allemagne qui apparaissent.
  • L’Europe est en proie à de nouvelles invasions (Sarrasins, Hongrois, Normands …). Les Vikings constituent cependant la menace la plus importante. Leur intrusion dans la « Francie » va bouleverser à jamais le pays.
  • Les Robertiens (de Robert le Fort,  ancêtre des Capétiens) vont très vite s’imposer face aux Carolingiens régnants. Pendant un siècle, les deux familles vont se disputer la couronne avant qu’elle ne soit définitivement attribuée aux Robertiens.

La mort de l’Empereur

C’est en tant que dernier fils survivant de Charlemagne que Louis 1er le Pieux (ou le Débonnaire) obtient le titre d’empereur d’Occident en 814. L’empire ne sera donc pas découpé, comme il était coutume de le faire à l’époque. Pendant quelques temps encore, la machine crée par Charlemagne va continuer de fonctionner. Mais Louis 1er qui se fait appeler « le Débonnaire » en raison de sa faiblesse de caractère n’est pas l’homme apte à conserver l’unité. Jusqu’à sa mort, il va lutter contre ses trois premiers fils  (Pépin, Louis, Lothaire), jaloux de leur demi-frère, Charles,  fils de sa seconde femme Judith de Bavière.  Par ailleurs, le pape Etienne IV gagne de l’indépendance et le lien entre Rome et l’Empire semble rompu. Après la naissance de Charles, un nouveau partage est décidé, celui-ci ne plaît pas aux trois frères qui déposent leur père en 833. Pépin et Louis, regrettant d’avoir donné tous les pouvoirs à Lothaire (l’aîné qui avait obtenu la plus grosse part du pouvoir), restaurent leur père déchu en 835. En 840, Louis le Pieux meurt, laissant derrière lui une succession qui s’annonce délicate.

 

Les trois frères

Pépin d’Aquitaine, second fils de l’empereur mourut en 838. A la mort de Louis le Débonnaire, l’Empire est donc partagé entre ses trois autre fils : Louis le Germanique, Lothaire et leur jeune demi-frère Charles le Chauve. Seulement, Lothaire décide de s’approprier l’intégralité du territoire. Louis s’allie donc avec Charles contre leur aîné qui est battu en 841 (bataille de Fontenoy en Puisaye). Les deux frères se prêtent serment à Strasbourg (842), puis gagnent Aix-la-Chapelle, où Lothaire est contraint d’accepter un partage équitable. En 843, le partage est finalement décidé à Verdun :

  • Lothaire reçoit la Francie médiane, de la mer du Nord à l’Italie, il garde le titre d’empereur.
  • Louis le Germanique reçoit la Francie orientale ou Germanie (la future Allemagne).
  • Charles le Chauve reçoit la Francie occidentale (la future France).

Les frères tentent alors de mener une politique plus fraternelle, en tentant de se consulter. Parallèlement à ses querelles fratricides, les premières escarmouches normandes apparaissent sur les côtes de la Manche et de l’Atlantique.

La division de l’Empire

Les Normands

Les premières incursions normandes

En 793, les Vikings (guerriers de la Mer) font leur première incursion sur une île anglaise, pillant et saccageant un monastère. Leur réputation arrive même jusqu’à la cour de Charlemagne suscitant l’épouvante. Il faut dire qu’ils ne font pas les choses à moitié, arrivant sur leur proie par surprise, les mutilant de toute part, et incendiant tout sur leur passage. Réputés invincibles, ces guerriers barbares appartiennent à une civilisation très ancienne. Ils étaient originaires des pays scandinaves (Danemark, Finlande, Norvège). Leurs villages étaient situés au fond des fjords, là où de maigres terres permettaient la culture et l’élevage. C’est probablement la surpopulation ainsi que l’incapacité de ces terres peu fertiles à nourrir tous leurs habitants qui poussèrent les clans à chercher fortune ailleurs. Plus tard lorsqu’ils se rendirent compte que les frontières de l’empire carolingien n’étaient plus protégées, c’est la population de régions entières qui participa aux expéditions militaires, modifiant ainsi le destin de plusieurs pays. Leur expansion se fit dans deux directions :

  • Vers l’est et les plaines de Russie (Varègues originaires de Suède).
  • Vers l’ouest, où ils conquirent les îles du nord, de l’Angleterre au Groenland (conquête d’Erik le rouge), puis descendirent vers le sud, atteignant la Sicile (Robert Guiscard) et Constantinople ! Leif Erikson, fils d’Erik le Rouge gagna même l’Amérique du Nord.

 

Le drakkar, terreur des mers

Navigateurs infatigables, dont la technique maritime était supérieure à tous les autres peuples de l’époque, les Normands utilisaient le knorr. Bas sur l’eau, fuselé, souple, il était surnommé « le destrier des ondes », mais ceux qui le voyait apparaître à l’horizon le nommait le drakkar, c’est à dire dragon, car sa proue était souvent surmontée par une tête de cet animal fantastique.

 

La société des Vikings

Les Vikings vivaient dans de petits villages, les maisons et les fermes étaient généralement en bois, avec un toit recouvert de paille. La société viking était divisée en groupes. Un chef, ou roi, commandait le clan en temps de guerre. Mais, ordinairement, les décisions importantes étaient prises par les thing, ou assemblées d’hommes libres. A partir de 930 furent convoqués des assemblées de toute la nation viking, appelés al thing. Les hommes libres se divisaient en karl, riches agriculteurs qui formaient le gros de l’armée, et en jarl, agriculteurs modestes qui devaient travailler eux-mêmes leurs champs. Au bas de la société, les esclaves, ou thrall, prisonniers ou Vikings réduits en servitude parce qu’ils n’avaient pas pu s’acquitter de leurs dettes. Les Vikings partageaient la religion des Germains, la religion nordique. Après la conversion plus ou moins forcée de toute la Germanie par Charlemagne, ils restent les seuls adorateurs de Thor et d’Odin. Mais peu à peu, le monde viking entier se convertit. En l’an 1000, l’Islande devient catholique par choix politique.

 

La mythologie scandinave

La mythologie nordique est constituée des légendes provenant de la religion pratiquée autrefois dans une grande partie de l’Europe du Nord. Religion panthéiste accordant une large place à la Nature, à la femme (plusieurs déesses importantes) et à la divination (art associé aux runes), elle place la Vie au centre de son système, une vie conçue comme affrontement des forces de création et de dissolution, d’où résulte toute fécondité. Au delà des Dieux, la mythologie évoque aussi la présence de créatures célèbres (trolls, elfes, géants, dragons…).

 

L’avenement des Robertiens

Le règne de Charles le Chauve

Au moment où Charles le Chauve reçoit la Francie occidentale, certaines régions refusent sa tutelle. C’est le cas de la Bretagne où Nominoë parviendra à garder son royaume en battant les troupes royales (846). Les Aquitains, quant à eux, proclament roi Pépin II, fils de leur précédent roi Pépin Ier (également demi-frère de Charles). Mais en 841, les Normands font leur première incursion sur les côtes françaises en saccageant Rouen, pillant tout sur leur passage. Très vite le royaume est investi, et les Aquitains sont contraints de traiter avec Charles le Chauve, puis finissent par lui proposer le royaume d’Aquitaine. Pépin II, vexé, s’alliera avec les Vikings pour saccager son ancien royaume. Chaque année, les Vikings reviennent, encore plus violents, Charles ne parvient pas à trouver l’appui des autres Nations du traité de Verdun, il essaye en vain de restaurer la situation mais au prix de lourdes concessions. Dès 856, les Vikings font leur première grande incursion, cette vague de déferlements ne cessera qu’en 861. Compte tenu de la gravité de la situation, Charles est contraint de confier des responsabilités militaires à de hauts dirigeants.

 

Robert le Fort, père des Robertiens

Au même moment où règne Charles le Chauve, apparaît un personnage important de l’Histoire de France, c’est Robert le Fort. Appartenant à la même famille que la première épouse de Louis le Pieux, Robert devient missi dominici en 853. Deux ans plus tard, il se soulève contre son roi, puis devient duc de la région entre la Seine et la Loire. Il s’illustre alors contre les Bretons, mais surtout il arrête par deux fois (864 et 865) les Normands. Robert devient alors une des personnes les plus influentes du royaume. En 856, la situation devient plus grave, Charles le Chauve lui confie alors un commandement important à l’Ouest. Robert fortifie les villes et les fleuves et affronte vigoureusement les Normands. La même année, il meurt au cours du combat de Brissarthe près d’Angers. Pendant ce temps, Charles tente de mater les conflits avec l’aristocratie française. A la mort de l’empereur Lothaire, Louis le Germanique (Allemagne) et Charles le Chauve (France) décident de se partager le royaume de leur défunt frère. En 875, les amitiés de Charles avec la papauté lui sont favorables, il parvient à gagner le titre d’empereur. Mais, il meurt en 877, laissant derrière lui une situation difficile dans le royaume.

 

Le renforcement des Robertiens

Après la mort de Robert le Fort, son demi-frère Hugues l’Abbé est chargé de la tutelle de ses deux fils : les jeunes Eudes et Robert. Hugues s’acquitte fort bien de son rôle en renforçant l’héritage de Robert le Fort. Il fortifie les places fortes de la région du Centre (Orléans, Blois…), mais surtout il gagne de l’influence à la Cour. Ainsi, à la mort de Charles le Chauve, le fils du roi, Louis II le Bègue est soumis à la grande influence des Grands du royaume qui l’élisent roi aux prix de fortes concessions, Louis est même contraint d’accepter la tutelle d’Hugues l’Abbé qui agit comme le faisait les maires du palais sous les Mérovingiens. Louis le Bègue est faible et malade, sous son règne, le pouvoir royal perd son autorité. Il meurt prématurément en 879. Dès lors, ce sont les partis des Grands qui tiennent la couronne entre leurs mains, néanmoins les partisans des rois légitimes l’emportent et la couronne est alors octroyée à Louis III et Carloman, les deux fils du roi. Avec les différends que connaît le royaume, le pays est alors depuis plusieurs années à la merci des Normands. Ces derniers ont depuis changés de méthode, au lieu de se contenter de remonter les fleuves, ils s’engouffrent de plus en plus à l’intérieur des terres. Les deux jeunes rois se montrent plus actifs que leur père, et c’est l’aîné Louis qui est chargé de lutter contre les Normands. Après plusieurs succès, Louis tombe malade et meurt, son frère Carloman, âgé de 16 ans tente de reprendre l’œuvre de son frère. Mais les Grands décident alors de payer un important tribut aux Vikings en échange de leur retrait. Carloman meurt en 884 au cours d’un accident de chasse.

 

Les Robertiens sur le trône

Devant l’anarchie intérieure et la menace normande, les Grands écartent le dernier fils de Louis le Bègue (âgé de 5 ans), et confient la couronne à Charles le Gros, fils de Louis le Germanique, qui, possédant déjà l’héritage de son père, devient alors empereur d’Occident. L’unité de l’empire est alors ressoudée, mais Charles le Gros est loin d’avoir l’envergure de Charlemagne. Atteint d’épilepsie, le souverain s’avère médiocre et incapable d’assumer un tel titre. Eudes, le fils de Robert le Fort, est alors nommé comte de Paris. Face à l’immobilité de l’empereur, les Normands commencent l’assaut de Paris durant l’hiver 885-886. Mais la ville ne cède pas, le comte Eudes se couvre de gloire en défendant courageusement son territoire. C’est un succès décisif qui vaut à Eudes l’appui des Grands du royaume. Ainsi en 888, Charles le Gros est renversé, et Eudes devient roi de France. Ancêtre des Capétiens, il porte la couronne 108 ans avant Hugues Capet. Ceci est l’aboutissement de la prise du pouvoir par la Noblesse. La monarchie héréditaire franque est devenue élective. Le roi qui nommait les ducs et comtes (fonctionnaires du royaume) est maintenant choisi par eux et parmi eux. Eudes continue l’œuvre de son père Robert le Fort, et bat les Normands à Montfaucon. La seconde vague d’invasion normande qui commença en 879 paraît s’achever en 892. Pour éviter les dissolutions intérieures, Eudes fait du carolingien Charles III, son successeur à la couronne.

 

La sédentarisation des Vikings

A la mort de Eudes en 898, c’est Charles III le Simple, qui comme convenu monte le trône. Mais le pouvoir royal a bien changé. Pour répondre aux invasions normandes, mais aussi hongroises et sarrasines, le roi reconnaît et partage son pouvoir avec les comtes et marquis du royaume. Le champ d’action du roi se trouve alors rétréci. Mais le nouveau système de pouvoir transféré aux princes porte ses fruits. Ainsi, l’action contre les Normands est plus locale et précise, et cela finit par payer. Rollon, l’un des chefs normand, échoue devant Chartres grâce à l’alliance de l’aristocratie du Nord de la France. Des deux partis, on est alors prêt à un accord commun. En 911, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, passé entre Rollon et Charles III, la Normandie (terre des Normands) devient un duché donné aux Normands (hommes du Nord), contre la promesse de cesser les raids sur la Seine, de se faire baptiser, d’épouser Gisèle de France, la première fille de Charles le Simple. La sédentarisation des Vikings met ainsi fin aux invasions normandes, et leur chef Rollon se trouve alors vassal du roi de France.

 

Le baptême de Rollon

En échange du territoire de la Normandie, Rollon doit se convertir. Il se fait baptiser sous le nom de Robert à Rouen.

 

La cohabitation : Robertiens et Carolingiens

Charles le Simple face à la révolte des Robertiens

La fin du problème normand amène alors les seigneurs du royaume à se soulever de nouveau contre le roi. Robert, frère d’Eudes avait toujours soutenu son frère pendant son règne. A la mort de Eudes, Robert reçoit l’héritage de la famille (marche de Neustrie, comtés de Paris, Blois, Orléans…). Ce puissant marquis a la charge de défendre l’Ouest contre les Bretons et les Normands. Il continue cet ouvrage sous Charles le Simple, en défendant notamment la ville de Chartres face à Rollon. En 911, lorsque la paix est faite avec les Normands, Robert s’allie avec les autres dynasties féodales, il trouve l’appui de son beau-fils Raoul de Bourgogne. Pendant ce temps, Charles s’oppose aux familles de l’Est pour réclamer la Lotharingie qu’il finit par obtenir. En 920, au cours d’une assemblée, Charles se brouille violemment avec Robert. En 922, les Robertiens fomentent alors une révolte contre le roi et parviennent à élire Robert, roi des Francs. Charles le Simple est contraint à la fuite, mais il possède suffisamment de partisans en Lotharingie pour contre-attaquer. Au cours de la bataille de Soissons, Robert est tué au cours de la bataille, mais son fils Hugues le Grand, galvanise ses soldats en montrant le cadavre de son père, et finalement la bataille sera perdue par l’héritier carolingien. Les grands feudataires refusent encore de le reconnaître roi et lui préfère Raoul de Bourgogne (beau fils de Robert). Charles devenu un roi sans couronne trouve refuge chez son vassal, Herbert II de Vermandois qui le retient prisonnier (Robert Ier est son beau-frère), et l’enferme dans une tour du château de Péronne où il mourra en 929 après 6 années de captivité.

 

Le règne de Raoul de Bourgogne

L’avènement de Raoul de Bourgogne entraîne la perte de la Lotharingie au profit du roi de Germanie Henri l’Oiseleur. Raoul se consacre alors à la lutte contre plusieurs troupes normandes non implémentées en Normandie. Il est contraint d’acheter leur retrait. La vie politique en Occident voit la rivalité entre Raoul et Herbert de Vermandois qui veut agrandir son comté. Bientôt Herbert emploie des moyens de forces : rapprochement avec la Germanie, appel aux Normands de Rollon, chantage à la restauration de Charles le Simple (Herbert détient Charles prisonnier dans son fief). Hugues le Grand, fils de Robert fait alors alliance avec Raoul pour combattre les prétentions d’Herbert. L’intervention du roi saxon Henri Ier sauve le rebelle. En 935, les deux partis signent la paix. Raoul se concentre alors pour étendre son influence face aux grands seigneurs. Mais son action est vaine, il ne peut empêcher la divisions du royaume en grandes principautés, résultat de la féodalité et du pouvoir croissant de ses vassaux. Le roi ne possédant pas de ressources fiscales et donc d’armée était contraint de faire alliance avec les dynasties dominantes du royaume. Raoul meurt à Auxerre en 936.

 

Assassinat de Guillaume Longue-Épée

Fils de Rollon, Guillaume Longue-Epée prête serment au nouveau roi de France, Raoul de Bourgogne. Il est l’un des fondateurs du duché de Normandie. Il se marie avec la fille d’Herbert, comte de Vermandois. Guillaume surnommé “Longue Épée” est énergique est influent, il fit plusieurs alliances avec Hugues le Grand. Attiré dans un guet-apens, il est assassiné par les Flamands à Picquigny dans la Somme.

 

La restauration carolingienne

A la mort de Raoul, Hugues le Grand, fils de Robert de France apparaît comme le personnage le plus puissant du royaume. Il possède de nombreux comtés et plusieurs abbayes. Il ne souhaite pas gouverner lui-même car il ne veut pas abandonner ses comtés. Il décide alors de donner la couronne au fils de Charles le Simple : Louis IV d’Outremer, surnommé ainsi car il a été élevé à la cour de Wessex en Angleterre. Agé de 16ans, Louis débarque à Boulogne et ne constitue qu’un instrument aux mains de Hugues. Ce dernier utilise la légitimité carolingienne pour mettre à bas son concurrent Herbert de Vermandois. Louis s’émancipe très vite et devient bientôt le principal rival de Hugues. Après plusieurs esquives diplomatiques, le roi parvient à réunir une armée pour s’attaquer au duc Hugues. Seulement, il ne possède que la région de Laon, il n’a aucune autorité sur toutes les régions au sud de la Loire. C’est Hugues le Grand qui règne sur la Francia et la Bourgogne. Le roi est donc capturé par les Normands et livré à Hugues. Libéré un an plus tard, après avoir cédé la place forte de Laon, Louis IV fait alliance à son beau-frère Otton Ier (empereur de Germanie) qui n’accepte pas l’abaissement du pouvoir royal. L’armée ottonienne pénètre en France mais est incapable de prendre une place forte telle que Laon ou Paris. Hugues contrôle en effet la majeure partie du territoire du royaume. Mais le souverain parvient à le soumettre, qui est bientôt contraint de s’incliner sous peine d’exclusion de l’Église. Finalement, Louis meurt peu après d’une chute de cheval en 954. Et sous le consentement de Hugues le Grand, le fils de Louis, Lothaire, monte sur le trône. La mort de Hugues en 956 va favoriser le début de son règne. Mais la diplomatie prudente de l’héritier des Robertiens, qui lui permit d’agrandir considérablement son domaine, sous peine de refuser à deux reprises le trône, va permettre l’avènement de son fils : Hugues Capet. La dynastie capétienne va ainsi rester sur le trône près de 900 ans.

Les premiers Capétiens (987 - 1137)  

 

Hugues Capet, comte de paris, se fait élire roi de France. Il parvient à installer sa dynastie en faisant sacrer son fils de son vivant. Les premiers Capétiens n'ont qu'un pouvoir limité, le domaine royal est réduit à un petit territoire autour de Paris. Certains vassaux sont bien plus puissants, comme le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant, qui devient roi d'Angleterre en 1066. 

Après le traité de Verdun, les Carolingiens régnèrent sur la Francie occidentale, mais le pouvoir réel leur échappait de plus en plus, à mesure que de puissants seigneurs renforçaient le leur sur leurs fiefs. Les Robertiens, comtes de Paris disputèrent alors la couronne aux Carolingiens. Bientôt cette puissante famille allait obtenir le pouvoir royal et l’asseoir pendant près de 800 ans. Cette période est également marquée par l’essor du duché de Normandie, terre allouée aux envahisseurs Vikings. Les ducs de Normandie, de plus en plus puissants allaient conquérir la Grande Bretagne, provoquant un conflit quasi-permanent entre la France et l’Angleterre.

 

La fin d’une dynastie

Les derniers Carolingiens

En France, les multiples invasions des Scandinaves et des Hongrois avaient considérablement affaibli le pays. La dévastation des régions les conduisit au repli sur soi-même. Le féodalisme provoqua une hiérarchie à plusieurs niveaux. Un seigneur assurait la sécurité de ses terres, ces terres étant divisées en fiefs attribuées à un vassal. Le féodalisme aboutit ainsi à une localisation importante si bien qu’il n’y avait plus vraiment de Nation, mais plutôt un magma de régions dirigées par des ducs ou comtes, vassaux du roi de France. Ces ducs avaient fait de leurs fiefs un héritage familial. En 954, Lothaire, fils de Louis IV devient roi de France. La mort en 956 de Hugues le Grand, le puissant comte de Paris, va favoriser le début de son règne. Mais le jeune Hugues Capet, fils de Hugues le Grand tient à garder ses avantages familiaux. Pourtant le conflit qui l’oppose à Lothaire paraît tourner en faveur du roi Carolingien. Mais Lothaire va s’embourber dans un conflit avec Otton, l’empereur de Germanie, à la fin de son règne le roi est très affaibli. Son fils, Louis V était déjà associé au trône aux cotés de son père. A la mort de Lothaire, Louis est donc déjà roi, mais sa situation est des plus précaires. Il doit faire face au duc des Francs, Hugues Capet, qui a l’appui de l’archevêque de Reims, Adalbéron. Le soutien de l’Eglise de Reims est important car c’est elle qui assure la légitimité du roi de France, la même qui a baptisé Clovis. Mais en 987, Louis V meurt subitement dans un accident de chasse, il n’a alors aucun héritier direct.

 

Hugues Capet

Ce n’est qu’au XIIe siècle, que Hugues fut surnommé Capet, sans doute parce que, comme ses ancêtres, il était abbé de Tours, où était conservé un fragment du manteau (capa) de Saint Martin. A cette époque on prit conscience du tournant politique de 987 avec l’émergence d’une nouvelle dynastie qui se perpétua jusqu’en 1792, et fut restaurée de 1815 à 1848. En 1792, lorsque Louis XVI fut jugé, il se fit appeler sous le sobriquet de Louis Capet, en référence au nom de son ancêtre.

L’élection de Hugues Capet

A la mort de Louis V, seul son oncle Charles, duc de Lorraine, réclamait le droit à la couronne en tant que descendant des Carolingiens. Mais Hugues Capet, alors comte de Paris, de Senlis, d’Orléans et de Dreux, joua alors de ses relations avec le puissant prélat Adalbéron. Il profita de cette circonstance pour se faire élire roi par une assemblée de seigneurs qui se laissèrent convaincre par l’archevêque par ces mots : « Nous n’ignorons pas, que Charles de Lorraine a des partisans : ils prétendent que le trône lui appartient par droit de naissance. Si l’on pose la question, nous répondrons que le trône ne s’acquiert pas par droit héréditaire. On ne doit y élever que celui qui se distingue non seulement par la noblesse corporelle, mais aussi par la sagesse qui trouve son appui naturel dans sa loyauté… » Ainsi, le 3 juillet 987, Hugues Capet est sacré roi en la cathédrale de Noyon par l’archevêque Adalbéron. Le jour de Noël de la même année, Hugues associe son fils Robert au gouvernement et le fait sacrer de son vivant. Conscient de la fragilité de son ascension, il s’assurait ainsi l’héritage du royaume à son fils. Procédé astucieux qui permit de substituer la monarchie élective souhaitée par les Grands et en vigueur sous les derniers Carolingiens, en une monarchie héréditaire, gage de la continuité. Les Capétiens régnèrent en France jusqu’en 1848, avec pour unique interruption, la Révolution Française et l’arrivée de Napoléon.

 

Le rituel du sacre

Comme les Carolingiens, les Capétiens utilisèrent le prestige religieux pour asseoir leur légitimité. Après Hugues Capet et jusqu’à Charles X, chaque roi eu à cœur de renouveler le rituel du sacre. A l’origine le sacre est une pratique germanique héritée des barbares. Le roi fait office d’intercesseur entre le monde divin et le monde humain. Pépin le Bref fut le premier à être ainsi sacré en confirmation de son accession à la royauté. Les Capétiens entretinrent une confusion entre le sacre germanique et le baptême de Clovis dans le souci d’enraciner leur légitimité au plus profond de l’Histoire. Deux reliques caractéristiques sont utilisées au cours du sacre des rois :

L’épée de Charlemagne, dénommée « Joyeuse », cette épée faisait partie avec son fourreau du Trésor de l’abbaye de Saint-Denis.

L’huile sainte versée sur le front du souverain. La Sainte Ampoule qui contient l’huile aurait été transmise à l’évêque Rémi par un ange et son contenu se régénèrerait miraculeusement à chaque onction. L’évêque Rémi utilisa cette huile lors du baptême de Clovis.

 

Les premiers Capétiens

Le règne d’Hugues Capet

En cette fin du Xe siècle, le roi de France est un seigneur parmi tant d’autres. Il est même moins puissant et moins influent que la plupart de ses pairs. A la vérité, il n’est vraiment le maître que d’une région comprise ente Paris et Orléans. Mais à la différence des autres seigneurs qui l’ont élu, le nouveau roi a été sacré et personne ne doute qu’il ait été choisi par Dieu pour faire régner la paix dans le royaume. Le sacre de Hugues est un élément fondateur du royaume de France moderne. Le royaume de Hugues s’étend sur le bassin parisien, l’ancienne Neustrie mérovingienne. Les Capétiens vont en faire le noyau de la France actuelle. Le roi doit vite s’imposer sur son territoire face aux petits barons ou aux grands vassaux des comtés de Blois et d’Anjou. Sa légitimité est en effet bien fragile. Lorsqu’il s’oppose à son vassal Adalbert de Périgord, refusant de lever le siège de Tours, Hugues lui demande : « Qui t’as fait comte ? », et le vassal répliqua « Qui t’as fait roi ? ». Dans le même temps, Arnoul remplace son oncle Adalbéron, à l’évêché de Reims. Celui-ci étant un partisan du carolingien Charles de Lorraine, il devient alors urgent à Hugues Capet d’écarter ce dangereux prétendant. Grâce à une trahison organisée, Charles est finalement capturé, c’est la fin des prétentions carolingiennes. En 996, Hugues est à Saint-Martin de Tours lorsqu’il meurt de la variole. Il est inhumé à Saint-Denis.

 

Le règne de Robert II le Pieux

Robert II est éduqué par le célèbre Gerbert d’Aurillac (qui deviendra pape sous le nom de Sylvestre II). Il a gardé de cette éducation une grande piété, d’où son surnom. Comme tous ses contemporains, il passa l’an 1000 sans s’en apercevoir. Il épouse Rozzala, la veuve du comte de Flandre, de 35 ans son aîné, mais celle-ci lui apporte une dot intéressante. Malgré sa piété, Robert est excommunié pour avoir répudié sa femme. Le règne de Robert est marqué par l’acquisition de la Bourgogne au terme de 12 ans de conflit. Le duché est donné à son fils Henri, qui sera peu après associé au trône comme l’avait fait Hugues Capet pour Robert. Les grands feudataires perdent ainsi leur droit d’élection. Mais la jeune dynastie reste sous la menace des Grands, le domaine capétien étant resserré autour d’un étau. En 1026, le fils de Robert, Henri est sacré roi à Reims. Désormais, pour consolider la position du fils aîné, il est décidé qu’à la mort de son père, il hériterait de la totalité du domaine royal et qu’il n’y aurait pas de partage entre lui et ses frères. La loi salique utilisé par les Mérovingiens et Carolingiens est ainsi oubliée, le partage du royaume entre les fils avait déjà provoqué la dislocation du royaume de Clovis et le démantèlement de l’empire de Charlemagne lors du traité de Verdun. Ainsi, à la mort de Robert II le Pieux, Henri Ier a une position plus solide au sein du royaume.

 

Robert II le Pieux

Robert II est le premier roi thaumaturge. Depuis, tous les rois Capétiens auront le don de guérir les écrouelles (tuberculose ganglionnaire). Ainsi, après qu’un roi avait touché un malade, une guérison spontanée pouvait être liée au geste royal considéré comme une intervention divine.

 

Le règne d’Henri Ier

Henri est le second fils de Robert II le Pieux, il est associé au trône lorsque son frère aîné meurt en 1026. Devenu roi, Henri épouse la fille de l’empereur d’Allemagne qui décédera l’année suivante. Henri épouse donc en secondes noces Anne de Kiev. Leur fils, Philippe sera le futur roi, dès l’âge de sept ans, il est associé au trône. La situation d’Henri est assez délicate, sa mère, Constance souhaite voir son troisième fils sur le trône. Elle trouve l’appui de plusieurs feudataires notamment de Eudes II de Blois. Henri est contraint de se réfugier chez le duc de Normandie, Robert le Diable. Il a néanmoins de nombreux alliés : le comte de Flandres, le comte d’Anjou et l’empereur d’Allemagne, Conrad. Il rétablit la situation en attribuant la Bourgogne (qu’il avait reçu par son père) à son demi-frère. Ce sont les différentes querelles entres les seigneurs qui va permettre la sécurité du roi. En 1047, Henri gagne la bataille de Vals les Dunes contre les barons normands qui s’opposait au jeune duc Guillaume. Mais bientôt, le roi doit renverser son alliance, le duc normand étant devenu trop puissant. Mais Guillaume de Normandie remporte une victoire contre le roi et ses alliés. Henri Ier meurt en 1060, son fils Philippe Ier lui succède alors.

 

La conquête normande

Le duché de Normandie

Après le traité de Saint-Clair sur Epte en 911, la Normandie (terre des Normands) est attribuée à Rollon, un chef viking. Le roi Charles II s’assurait alors de la paix avec les envahisseurs scandinaves. Les Normands s’étaient convertis et ils étaient désormais des vassaux du roi de France. Les successeurs de Rollon prirent le titre de comtes de Normandie jusqu’à Richard II où ils devinrent des ducs. La Normandie n’échappa pas au processus d’émancipation des princes territoriaux. Les ducs rendent la justice, frappent leur monnaie, lèvent l’impôt… Mais à la différence des autres princes territoriaux, les ducs normands évitent de laisser des pouvoirs trop importants à leurs vassaux. Le duché est l’un des plus grands et des plus riches du royaume. L’aristocratie franque se mélangeait à une partie d’hommes d’origine scandinave. Le duché s’agrandit au fil des années notamment grâce à Guillaume Longue Epée, fils de Rollon. En 1028, Robert le Magnifique (ou le Diable) devient duc à la mort de son frère. Celui-ci aide le roi Henri Ier à lutter contre sa mère et ses frères rebelles. Il meurt subitement à Nicée au retour d’un pèlerinage à Jérusalem.

 

Guillaume « le Bâtard »

Avant de partir pour Jérusalem, Robert le Diable désigna l’un de ses fils, Guillaume pour lui succéder. La tradition normande voulait qu’un homme ait plusieurs épouses et qu’il puisse choisir l’un de ses fils pour l’hériter. Arlette, la mère de Guillaume était la fille d’un tanneur, son origine modeste fit valoir à Guillaume le surnom de « Bâtard ». Durant la minorité de Guillaume, les désordres se multiplièrent en Normandie. Guillaume était encore jeune et très souvent livré à lui-même face aux barons normands qui essayaient de s’emparer du pouvoir. Avec l’aide du roi Henri Ier, il mata la révolte des barons à Vals les Dunes. En 1050, il épouse sa cousine Mathilde de Flandres, contrairement à son père, il restera monogame et fidèle à son épouse. Les années suivantes sont marquées par des conflits féodaux, Guillaume se révélant un formidable homme de guerre. Il bat même les troupes royales d’Henri Ier. En 1066, Guillaume de Normandie est devenu l’un des plus puissants hommes du royaume. Il fonde la ville de Caen, en bâtissant son château et deux abbayes (l’Abbaye aux hommes dédiée à Saint Étienne et l’Abbaye aux dames dédiée à la sainte Trinité).

 

La conquête de l’Angleterre

En 1066, le roi d’Angleterre, Édouard le Confesseur meurt sans héritier. Le demi-frère d’Edouard, Harold monte sur le trône oubliant une promesse faite quelques années plus tôt qui faisait de Guillaume le successeur de son cousin Edouard. Guillaume prépare alors l’invasion de l’Angleterre. Il obtient d’abord l’excommunication d’Harold par le pape, car il avait reconnu le choix d’Edouard sur des reliques sacrées. Sous l’étendard papale, Guillaume préparait alors l’attaque de l’Angleterre. Des chevaliers de toute la France se joignirent à lui. Après avoir traversé la Manche, il débarque dans le Wessex. Le choc des armées a lieu à Hastings. Victorieux, Guillaume le Conquérant se fait sacrer roi d’Angleterre, le jour de Noël 1066. Cette date est fondamentale dans la monarchie anglaise. C’est la fin de la domination saxonne sur l’île. La conquête d’Angleterre est racontée par la tapisserie de Bayeux, l’un des chefs d’œuvre artistique du Moyen Âge (70 mètres de long). L’origine de la tapisserie reste énigmatique, la légende l’attribue à la reine Mathilde. Devenu roi, Guillaume accomplit une œuvre immense, construisant de nombreux monuments, notamment la Tour de Londres. En 1085, il commanda ce qu’on peut appeler un recensement au sens moderne, le « Livre du Jugement Dernier » ou Domesday’s Book, qui faisait l’inventaire des hommes et richesses du royaume. Guillaume reste cependant le vassal du faible roi de France. Et cela va causer de véritables conflits entre les deux pays en raison des possessions anglaises sur le territoire français. Les Normands se sont également établis en Sicile, où Robert Guiscard s’établit en 1059, délivrant le pape assiégé à Rome. Plusieurs dynasties normandes se sont ainsi installées en Europe. En Angleterre, le français est la langue de la Cour, l’anglais est en fait un amalgame entre le saxon et le français qui représente environ 60% de son vocabulaire.

 

La bataille d’Hastings

Le 14 octobre 1066, les troupes normandes et saxonnes s’affrontent à Hastings. On compte environ 7 000 hommes dans chaque camp. L’armée saxonne est très disparate et essentiellement constituée d’hommes à pied qui ont pour seule consigne de « bombarder l’ennemi avec tous les projectiles possibles. » La ligne de front est protégée par une ceinture de boucliers. En face, l’armée de Guillaume paraît mieux organisée. Elle est constituée de normands, bretons, flamands, français… Une première ligne d’archers est chargée d’harceler l’ennemi tandis qu’une ligne de fantassin prend le relais. Les chevaliers suivent… Suivant le plan de Guillaume, les archers décochent leurs flèches sur les lignes adverses. Mais la chevalerie normande s’éparpille dans les marécages, c’est la déroute. Le bruit circule que le duc de Normandie a été tué. La panique gagne les rangs, les Anglais se lancent à la poursuite des fuyards. Guillaume ôte son casque et parcourt ses lignes afin que ses soldats le reconnaissent. Mais les défenses anglaises tiennent bon. C’est alors qu’il ordonne un simulacre de retraite. Un trait de génie ! Il attire ainsi les Anglais désorganisés et sans discipline pour mieux les occire. La bataille se prolongea l’après-midi. Harold meurt après avoir reçu une flèche dans l’œil. A la nuit, Guillaume avait gagné la bataille d’Hastings, ainsi que le trône de l’Angleterre. La bannière papale arborée durant la bataille confère à l’expédition le statut d’une véritable croisade contre le roi saxon. Transformant le pays en l’un des plus puissants d’Europe, les Normands ont importé l’arc long, qui fait sa première apparition à Hastings. Arme de prédilection des Anglais, ravageuse lors de la guerre de Cent Ans.

 

Le renforcement des rois Capétiens

Le règne de Philippe Ier

A la mort du roi Henri Ier, son fils Philippe est encore bien jeune pour régner. C’est son oncle, le comte de Flandre, Baudouin V (père de Mathilde, épouse de Guillaume le Conquérant) qui assure la régence. Philippe doit rapidement s’opposer à la puissance de Guillaume le Conquérant, devenu roi d’Angleterre en 1066. Ne pouvant le vaincre directement, Philippe joue alors de la diplomatie, en soulevant les fils du roi anglais contre leur père. Après l’avoir chassé de Bretagne, il soutient Robert Courteheuse, le fils de Guillaume qui a hérité du duché de Normandie. Pour récompense, Robert Courteheuse lui offre Gisors. Guillaume le Conquérant meurt en 1087, son autre fils Guillaume le Roux lui succède alors. Philippe continue alors de soutenir Robert contre son frère, il a l’intention de dissocier la Normandie de l’Angleterre. Guillaume le Roux projette l’invasion du territoire royal, c’est le fils de Philippe, Louis qui parvient à le chasser du royaume. En 1095, le pape Urbain II lance la Première Croisade, mais Philippe est écarté de l’expédition pour avoir répudié sa femme, contre la loi de l’Église. Philippe Ier a contribué à élargir le domaine royal en obtenant notamment le Vermandois, le Vexin français et le Gatinais. Mais la situation du capétien reste sous la menace des grands seigneurs du royaume, certains n’hésitent pas à piller le domaine royal. Vers la fin de son règne, Philippe laisse son fils Louis gouverner le pays. Il meurt en 1108, après un long règne de près de 50 ans.

Le règne de Louis VI le Gros

Après la mort de Philippe Ier, la transmission de la couronne au fils aîné du roi défunt semblait être acceptée par tous les Grands du royaume. Louis VI, comme son surnom l’indique, était assurément un homme gros, mais sa corpulence ne l’empêchait pas de mener la vie active à laquelle son titre de roi le condamnait. Suger, le grand conseiller de la couronne, nous a laissé ce portrait saisissant du souverain : « Placé entre les corps de bataille ennemis, l’épée à la main… il combattait corps à corps, faisant l’office d’un simple chevalier, non d’un roi. » Et c’est bien ainsi qu’il faut imaginer le roi de France au début du XIIe siècle, payant de sa personne, et, si les circonstances l’exigeaient, rougissant son épée du sang de ses ennemis. Louis le Gros défendit d’abord le royaume contre les entreprises étrangères : celle d’Henri Ier, roi d’Angleterre, et duc de Normandie. La guerre, qui tournait à l’avantage d’Henri (victoire de Brémule en 1119) s’interrompit après la disparition des héritiers du roi anglais lors d’un naufrage dans la Manche. Henri Ier entraîna alors son gendre Henri V contre la France, l’empereur allemand qui tenta sans succès, en 1124, d’envahir la Champagne. Mais Louis passa le plus clair de son temps à affermir son autorité à l’intérieur même du domaine royal : contre les barons pillards qui menaçaient la sécurité des gens d’Église et celle des marchands, ou contre ses vassaux indociles ou félons (traîtres), il porta la guerre, chevauchant sans cesse et livrant bataille sur bataille. Louis aura agrandi son domaine de l’Auvergne, du Poitou, du Limousin, du Périgord, du Bordelais, de l’Agenais et de la Gascogne. Le royaume de France commençait à prendre forme.

 

Couronnement de Louis VI le Gros, roi de France

Le premier texte faisant référence au mot France remonte à 1119. Sur une lettre adressée au pape Calixte II, Louis VI se déclare roi de France, non plus des Francs, et fils particulier de l’Église romaine.

 

Le temps des croisades (1095 - 1270) 

La Première Croisade est la seule victoire militaire des Chrétiens. Celle-ci a donné lieu à de nombreux récits de l'idéal du chevalier chrétien (Godefroi de Bouillon), mais aussi à la création des Etats Latins d'Orient et des ordres de chevalerie (Templiers, Hospitaliers).

La Première Croisade

En ce jour de novembre 1095, malgré le froid et la neige tombée sur la montagne entourant Clermont, capitale de l’Auvergne, une grande foule s’était rassemblée pour la venue du pape Urbain II. Quand celui-ci prit la parole du haut d’une simple tribune en bois, il se fit un grand silence. Tout le monde devinait que le pape allait parler des nouvelles qui s’étaient répandues dans toute l’Europe à propos de la Terre Sainte. Et ces nouvelles étaient désastreuses pour la chrétienté.

Les enjeux.  L’appel du pape

Urbain s’adressa à la foule en français : « Ô peuple des Francs ! Peuple aimé et élu de Dieu ! De Jérusalem et de Constantinople s’est répandue la grave nouvelle qu’une race maudite, totalement étrangère à Dieu, a envahi les terres chrétiennes, les dépeuplant par le fer et le feu. Les envahisseurs ont fait des prisonniers : ils en prennent une partie comme esclaves sur leurs terres, les autres sont mis à mort après de cruelles tortures. Ils ont détruits les autels après les avoir profanés. Cessez de vous haïr ! Mettez fin à vos querelles Prenez le chemin du Saint Sépulcre, arrachez cette terre à une race maligne, soumettez-là ! Jérusalem est une terre fertile, un paradis de délices. Cette cité royale, au centre de la terre, vous implore de venir à son aide. Partez promptement, et vous obtiendrez le pardon de vos fautes ! Souvenez-vous aussi que vous recevrez pour cela des honneurs et la gloire éternelle au royaume des cieux. » Un frémissement, des murmures, des cris d’indignation étouffés parcoururent alors la foule. Un célèbre moine prédicateur qui participait au concile de Clermont, Pierre d’Amiens, dit Pierre l’Ermite, poussa ce cri : « Dieu le veut ! ». La foule le reprit comme un grondement de tonnerre : « Dieu le veut ! ». C’est ainsi que commença la Première Croisade.

Le concile de Clermont

La présence du pape français Urbain II au concile de Clermont attira une telle foule que la réunion dut se tenir en plein air (contrairement à la miniature ci-contre), sur une place entourée par les tentes des participants, accourus de plusieurs pays.

La Terre sainte aux mains des infidèles

Urbain II, moine de Cluny, poursuit à sa manière la réforme grégorienne de l’Église engagée par son prédécesseur Grégoire VII. L’appel de Clermont s’inscrit dans la continuité des « trêves de Dieu », le clergé invite les chevaliers à interrompre leurs combats et à respecter les non-combattants (femmes, enfants, ecclésiastiques, marchands,…). Le pape veut en particulier moraliser la chevalerie, éradiquer la violence et mettre fin aux guerres privées entre seigneurs féodaux. Or les croisades allaient représenter les entreprises militaires les plus importantes et les plus sanglantes de l’histoire médiévale. A l’origine de cette offensive de la chrétienté contre l’islam, il y a des causes et des prétextes très divers. Dans le monde islamique, des changements importants étaient intervenus. Les Arabes, civilisés et tolérants, avaient toujours accueilli sans difficulté les pèlerins chrétiens en terre Sainte, et plus volontiers encore les marchands venus d’Occident. Or, leur pouvoir en Palestine avait été réduit par l’avancée des Turcs Seldjoukides. Ces musulmans étaient beaucoup plus rudes et intolérants que leurs coreligionnaires arabes. Au XIe siècle, ils occupaient la Mésopotamie, la Syrie, les ports du Levant et la Palestine avec tous ses lieux saints, Bethléem, Nazareth, Jérusalem. C’est surtout l’occupation de la ville sainte qui révoltait l’Occident, car elle abritait le Saint Sépulcre, abritant la tombe du Christ. Même si, par la suite, les faits furent exagérés, il est vrai que les pèlerins de Palestine furent en butte à la persécution des Turcs. Le désir d’arracher ces régions aux mains des « infidèles » fut un puissant stimulant religieux, qui poussa de nombreux fidèles à endosser la tunique blanche « croisée », c’est-à-dire marquée de la croix rouge du Christ. La détermination des croisés fut renforcée par les premiers succès des chrétiens espagnols dans leur entreprise de reconquête (Reconquista) de la péninsule ibérique.

Un croisé en prière

Libres de toute attache, les pauvres répondent à l’appel de la croisade avec plus de ferveur que les autres classes sociales. Sensibles aux récompenses célestes promises, ils cousent sur leurs vêtements une croix en tissu, d’où leur nom de ” croisés ” qui leur sera attribué.

Des raisons politiques et économiques

L’avancée des Turcs menaçait directement l’empire byzantin qui, durant sept siècles, avait constitué le rempart contre lequel s’était brisée l’expansion islamique à l’est du continent européen. Dans les visées de certains souverains occidentaux, les croisades devaient permettre de venir en aide aux Byzantins, mais aussi d’établir, pour leur propre compte, des enclaves « latines », ou catholiques, en Terre Sainte. Cet objectif était notamment soutenu par les républiques maritimes italiennes : les Turcs, en effet, avaient coupé les routes du grand commerce avec l’Orient. Des ports et comptoirs sous domination chrétienne permettraient de rouvrir ces routes, pour le grand profit des commerçants génois ou vénitiens. Le projet d’expéditions en Orient excitait aussi l’imagination de centaines de chevaliers et de barons désargentés et sans fiefs, de cadets ou de simples aventuriers qui espéraient conquérir au loin les terres et les richesses qu’ils n’avaient pu trouver en Occident. De plus, la bénédiction de l’Église et l’approbation de la chrétienté les auréolaient d’un grand prestige.

Enthousiasme général

L’enthousiasme pour la croisade fut énorme : des dizaines de milliers de personnes, y compris les femmes, les vieillards, les enfants, se déclarèrent prêtes à partir libérer le Saint-Sépulcre. Il est hors de doute que la ferveur religieuse fut le moteur principal de cet immense élan. Mais d’autres facteurs alimentaient aussi cet enthousiasme. Le pape délia serviteurs et vassaux de leur serment de fidélité envers leurs seigneurs durant toute la période de la croisade. C’était une aubaine pour des centaines de petits vassaux, mais encore plus pour des milliers de paysans et de serfs, pour lesquelles la croisade était l’occasion inespérée de sortir de leur condition et de devenir riches. L’indulgence plénière, c’est-à-dire le pardon de tous les péchés qu’ils avaient commis, était en outre accordé aux croisés. De plus, ceux-ci ne pouvaient être jugés, s’ils commettaient quelque crime, que par des tribunaux ecclésiastiques, qui étaient disposés à fermer les yeux sur les fautes commises pour la cause sacrée. L’appel du pape tombé à pic, en effet, depuis l’an Mille, la chrétienté vit un renouveau : les guerriers codifient leurs combats et les paysans, bénéficiant d’une meilleur sécurité, améliorent leurs conditions de vie. La population se met à croître rapidement, et l’Europe connaît un réel essor économique. Le monde a quitté l’âge sombre pour entrer dans le Bas Moyen-Âge.

Les deux types de croisades

La « croisade des gueux »

« Dieu le veut ! Dieu le veut ! » : tel fut le cri de ralliement qui marqua le début des croisades. Urbain II avait fixé au mois d’août 1096 le départ de la grande expédition. Mais des dizaines de milliers de personnes s’étaient spontanément mises en route avant la date prévue. Sans protection armée, elles couraient au massacre. Plus de 12 000 personnes étaient parties de France en mars, conduites par le fanatique Pierre l’Ermite, entouré d’une vénération charismatique et un noble au nom évocateur, Gauthier Sans Avoir. On y trouvait : femmes accompagnant leur mari, paysans à la foi ardente désireux de fuir les servitudes féodales, enfants et vieillards convaincus de faire tomber les remparts de Jérusalem par la force de leurs prières. Il n’y avait alors que huit chevaliers. Dans le même temps, deux autres groupes mineurs étaient partis d’Allemagne. Munie de très peu d’armes et d’un maigre ravitaillement, un peu comme des pèlerins se rendant dans le comté voisin, cette foule descendit le Danube avec l’intention de rejoindre Constantinople et, de là, la Palestine : presque tous ignoraient où se trouvait le pays. Cette croisade des pauvres se transforma en fléau. Les croisés saccagèrent des villages entiers pour obtenir de la nourriture. Comme la plupart de leurs contemporains, ces pèlerins n’ont pas conscience du temps historique. Ils pensent que le Christ est à peine antérieur à leur époque, et s’acharnent à massacrer d’innocents groupes de juifs, qualifiés d’« ennemis du Christ ». Ces rapines et violences provoquèrent la réaction armée des habitants des régions traversées. Une majorité atteignirent Constantinople, où l’empereur Alexis Ier leur fit traverser le Bosphore, mais leur conseilla d’attendre l’arrivée de la véritable armée croisée. Ce fut en vain. La foule poursuivit sa marche jusqu’à Nicée, une place forte turque. Là, elle se disposa en ordre de bataille : quelques escouades d’archers turcs, sortis de la ville, suffirent à décimer ces malheureux rêveurs. Une escadre de navires byzantins récupéra les rares survivants.

La « croisade des barons »

Entre l’été et l’hiver 1096 se mit en marche la gigantesque machine de la première véritable croisade. Elle fut appelée « croisade des seigneurs », car aucun roi ne s’y était associé. Les différents souverains d’Europe : Philippe Ier, roi de France, Guillaume II, roi d’Angleterre et l’empereur Henri IV avaient été excommuniés par le pape. Mais les chefs de la croisade étaient valeureux et acquirent rapidement un grand prestige. L’expédition comprend quatre armées :

  • Les Français du Nord sont placés sous le commandement de Hugues de Vermandois, frère du roi de France Philippe Ier, et Robert Courteheuse, fils de Guillaume le Conquérant.
  • Les chevaliers du Rhin et de la Meuse sont menés par deux frères : Baudouin de Boulogne et Godefroi de Bouillon, le plus vaillant chevalier du groupe, courageux au combat et débordant de foi.
  • Une troisième expédition part du Midi de la France sous la conduite du comte de Toulouse, Raymond IV de Saint-Gilles, âgé mais chargé de gloire et d’expérience pour avoir déjà combattu les musulmans en Espagne.
  • Enfin, une quatrième armée part de l’Italie méridionale commandée par le normand Bohémond de Tarente, le fils de Robert Guiscard, qui conquit la Sicile. Bohémond est un guerrier expérimenté, il a déjà combattu les musulmans. Il est accompagné de son neveu, Tancrède de Hauteville, « l’incarnation de l’idéal du chevalier chrétien. »Le gros de l’expédition croisée était composé de contingents français ou de souche franque. Si bien que les musulmans qui voyaient fondre sur eux une armée chrétienne communiquant en français, prirent l’habitude d’appeler « Francs » tous les chrétiens d’Europe.

Les grandes étapes. De Constantinople à Nicée

Les armées composées d’environ 30 000 hommes au total, qui s’étaient rassemblées en divers points de l’Europe, se mirent en marche, en utilisant des routes différentes, pour aboutir à Constantinople. Le commandement unique fut confié à Godefroi de Bouillon, qui rejeta aussitôt fermement la proposition de Bohémond de Tarente de s’emparer de la capitale byzantine, affirmant être venu « uniquement pour combattre les infidèles ». Mais l’idée de mettre la main sur la riche cité de Constantinople demeura présente. L’empereur byzantin, Alexis Ier, approvisionna les troupes croisées, déjà bien épuisées, et s’engagea à les assister militairement. Les croisés avaient eu des démêlés avec l’empereur, celui-ci était vexé que l’Occident prenne la relève de l’Orient pour la lutte contre l’Islam. Alexis pensait voir arriver des mercenaires à sa solde. Il fut soulagé lorsque les troupes se mirent enfin en route pour Jérusalem. Les discordes ravageaient l’armée croisée : Godefroi commandait… quand on le lui permettait. Mais la division encore plus accentuée régnant chez les musulmans favorisa les croisés. Les troupes chrétiennes occupèrent Nicée sans grande difficulté. Par la suite, elles affrontèrent les Turcs à Dorylée dans une bataille très dure. Les troupes de Bohémond de Tarente étaient encerclées. Comme à leur habitude, les Turcs lancèrent flèches et javelots sur leurs adversaires. Mais les Francs maîtrisaient parfaitement la défensive, grâce à leurs cottes de maille et leurs épaisses armures. Les troupes de Godefroi arrivèrent alors en rescousse. Dès lors, les Turcs abandonnèrent le champ de bataille, laissant un butin énorme, et perdant leur invincibilité.

Les Croisés catapultant des têtes des morts lors du siège de Nicée

Afin de semer l’effroi sur les assiégés, les Francs catapultèrent des têtes de morts par dessus les remparts de Nicée.

La pénible marche vers Jérusalem

Après la victoire de Dorylée, les troupes durent affronter leur ennemi le plus impitoyable : une marche de 800 kilomètres sous un soleil ardent, dans des régions dépourvues d’eau, alors que les vivres manquaient et que les tribus bédouines les harcelaient sans cesse. Bien plus que les batailles, ces difficultés décimèrent l’expédition. L’hiver 1097 fut particulièrement pénible : après le soleil et la soif, les croisés affrontèrent le vent et le froid, la pluie, la faim et les épidémies, sous les remparts d’Antioche, dont les habitants résistèrent huit mois. De nombreux chrétiens désertèrent et s’embarquèrent à leurs frais sur des navires génois et vénitiens pour revenir en Europe. Cependant, beaucoup d’autres, les plus dévots et les plus solides, résistèrent. Parmi ceux-ci survécurent ceux qui s’étaient nourris pendant des semaines avec des « cannes douceâtres appelées zucra en arabe » : les Européens avaient découverts le sucre.

La prise d’Antioche

Antioche, assiégée par les croisés, résistait depuis huit mois. C’est alors que les croisés apprirent l’arrivée, en renfort des assiégés, d’une forte armée turque. Cette nouvelle suscita un tel mouvement de crainte et de désespoir qu’ils redoublèrent leurs assauts et prirent Antioche en une semaine. La ville fut livrée au pillage. L’audacieux Bohémond conduisit ensuite les troupes croisés contre l’armée turque, qui fut vaincue. Six mois passèrent pendant lesquels les croisés reprirent des forces et se réorganisèrent. Mais entre temps, les croisés se laissèrent griser par le pouvoir. Les seigneurs ne résistèrent pas à la tentation de s’offrir une province, malgré la promesse faite à l’empereur byzantin qui devait récupérer les territoires pris aux Turcs. Ainsi, Bohémond avait convaincu les Byzantins qui l’accompagnaient de s’enfuir. Les Byzantins l’avaient abandonné et il put se libérer de son serment de vassalité avec l’empereur. Bohémond se proclama ainsi prince d’Antioche. Quant à Baudouin de Boulogne, il attaqua Edesse pour son propre compte. De tous les grands croisés, seul Raymond IV ne s’était pas corrompu. Il partit seul pour Jérusalem bientôt rejoint par Godefroi de Bouillon.

Le siège d’Antioche

Un jour, un pauvre pèlerin raconta son rêve où il avait vu Saint André qui lui révéla l’endroit où était cachée la Saint Lance (la lance du centurion qui aurait percé le flanc du Christ). La Lance était enterré dans le sol de l’église Saint Pierre d’Antioche. On souleva les dalles puis l’on creusa une fosse, la Sainte Lance fut retrouvée quelques jours plus tard. Par la suite on accusa Raymond de Saint-Gilles d’avoir imaginé le subterfuge de la lance pour fanatiser ses compagnons.

La prise de Jérusalem

Le 7 juin 1099, trois ans après leur départ d’Occident, 12 000 soldats du Christ, déguenillés, tombèrent à genoux en pleurant lorsqu’ils aperçurent au loin les remparts puissants et élevés de Jérusalem, la Ville Sainte ! Les Croisés bénéficièrent des rivalités entre musulmans. Pendant que les Turcs étaient à Antioche, les Egyptiens fatimides avaient pris la ville de Jérusalem. Godefroi de Bouillon fit dresser les tentes autour de la ville et installer les machines de sièges, les tours pour l’escalade des remparts, construites par les charpentiers génois, les catapultes et tous les engins conçus par les techniciens militaires. La garnison de la place, qui ne dépassait pas le millier, observa tous ces travaux avec étonnement et quelque crainte. Le calife égyptien envoya ses ambassadeurs auprès des chefs croisés : il promettait, comme autrefois, toute liberté aux pèlerins chrétiens pour séjourner dans la ville et visiter les lieux saints. Les chefs de la croisade tinrent conseil. Allait-on abandonner, si près du but, l’objectif principal de l’expédition et s’interdire de former des royaumes latins en Orient, alors même que certains chevaliers s’étaient déjà taillé quelques fiefs dans les territoires conquis ? Aussi exigèrent-ils une reddition sans conditions. Les musulmans refusèrent. Le siège de la ville commença. Durant quarante jours, les mille défenseurs résistèrent aux douze mille croisés qui les assiégeaient. Le 15 juillet, Godefroi, Tancrède et leurs hommes réussirent à escalader les remparts de la ville. A coups de hache, ils atteignirent les portes, qu’ils ouvrirent toutes grandes. Les soldats se ruèrent dans la cité. Exaspérés par les privations, exaltés par les harangues des prédicateurs, affamés, ils ne pensèrent plus qu’à se venger et à rançonner la population, comme ils l’avaient fait à Antioche. Ce fut une page peu glorieuse de la chrétienté.

Le pillage de Jérusalem

Un témoin oculaire, Raymond d’Agiles, raconta : « On vit alors des choses jamais vues. De nombreux infidèles furent décapités, tués par les archers ou contraints de sauter du haut des tours. D’autres encore furent torturés puis jetés dans les flammes. On pouvait voir dans les rues des monceaux de têtes, de mains et de pieds. On chevauchait partout sur des cadavres. Ce fut un tel massacre dans la ville que les nôtres marchaient dans le sang jusqu’aux chevilles. Les croisés pillaient à satiété : ils parcouraient les rues, entraient dans les maisons, raflaient or, argent, chevaux, tout ce qu’ils trouvaient… »

L’héritage de la première Croisade

Les Etats Latins d’Orient

Les croisés atteignirent enfin la basilique édifiée sur le Saint Sépulcre du Christ, que les infidèles avaient reconstruite après qu’un souverain fanatique eut cherché à l’abattre. Là, ils s’embrassèrent, pleurant de joie, les croisés avaient enfin atteint leur objectif. Le pape Urbain II mourut sans avoir eu connaissance du succès de l’expédition. On proposa à Godefroi de Bouillon le royaume « latin » ainsi conquis aux dépens de Raymond de Saint-Gilles qui était l’autre prétendant. Il refusa la couronne, se contentant du titre plus modeste d’« avoué, ou défenseur du Saint Sépulcre », ne voulant ceindre une couronne d’or là où le Christ avait une couronne d’épines. Il vainquit une armée égyptienne à Ascalon, puis s’occupa activement de l’organisation de son royaume. Il mourut brusquement, un an après la conquête, peut-être empoisonné par un musulman. Le royaume de Jérusalem fut donc confié à son frère Baudouin. Cette première croisade va donner naissance à quatre principautés chrétiennes en Terre Sainte créée sur le modèle féodal de l’Europe Occidentale. Ainsi, les 4 Etats Latins d’Orient sont :

  • Le comté d’Edesse, fondé par Baudouin
  • La principauté d’Antioche, occupé par Bohémond
  • Le comté de Tripoli, pris en 1109
  • Le royaume de Jérusalem, offert à Godefroi de Bouillon

Les Etats Latins d’Orient

Les Etats francs se consolidèrent pour apparaître comme une véritable puissance régionale. La France peut alors développer des échanges commerciaux avec d’autres ports de la Méditerranée.

La naissance des ordres de chevalerie

Pour défendre les États latins, des ordres de moines-soldats sont organisés en armée permanente : ainsi les Hospitaliers, en 1113, et les Templiers, en 1118. Des forteresses sont érigées, tel le fameux krak des Chevaliers en Syrie. Profitant de cette nouvelle communication avec l’Orient, le commerce méditerranéen s’intensifie et devient florissant. L’ordre du Temple est né en Terre sainte, en 1119, après la première Croisade, à l’initiative du chevalier champenois Hugues de Payns qui voulait protéger les pèlerins se rendant à Jérusalem. Il a été officialisé par le concile de Troyes, neuf ans plus tard à la demande de Bernard de Clairvaux. L’ordre tire son nom du temple de Salomon, à Jérusalem, où il a installé son siège à ses débuts. L’ordre gagne en influence au cours des siècles et recrute dans toute l’Europe. Il va défendre les puissances latines en Orient, isolés des forces occidentales.

Le phénomène Da Vinci Code

L’intrigue du best-seller “Da Vinci Code” se base sur les secrets, souvent contestés, du Prieuré de Sion. Le roman explique que le Prieuré de Sion serait une société secrète fondée en 1099, après la première croisade, par Godefroi de Bouillon. Ayant découvert un grave secret concernant sa famille, dissimulé depuis l’époque du Christ, il chargea la société secrète de veiller sur ce secret et de le transmettre aux générations ultérieures. D’après la légende Godefroi serait un héritier des Mérovingiens. Par cela même, Godefroi serait un descendant du Christ et de Marie-Madeleine qui vint se réfugier en Gaule. Pour beaucoup, les informations sur la descendance du Christ constituent le Saint-Graal, habituellement représenté sous la forme du calice (vase sacré), immortalisé dans les contes de Chrétien de Troyes. Le Prieuré est fortement lié à l’Ordre du Temple, Hugues de Payns, le fondateur des Templiers serait également le premier grand maître du Prieuré de Sion. Le Prieuré existerait toujours, et le mystère qui l’entoure pose bien des questions. Bien sûr, toutes les thèses de Brown sont à prendre avec recul, car il s’agit d’un roman. Concernant le Prieuré, sa création remonterait seulement aux années 50. 

  • Les ordres de Chevalerie européens
  • L’Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem (1099)
  • L’Ordre Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, ou, Ordre Souverain de Malte (1113)
  • L’Ordre du Temple (1118)
  • L’Ordre de Calatrava (1158)
  • L’Ordre de Saint-Jacques-de-l’épée (1170)
  • L’Ordre d’Alcántara (1177)
  • L’Ordre de Saint-Benoît d’Aviz, ou, d’Avis (1187)
  • L’Ordre Constantinien de Saint-Georges (1190)
  • L’Ordre Teutonique (1198)
  • L’Ordre de Saint-Lazare de Jérusalem, et, Notre-Dame du Mont Carmel (avant 1200)
  • L’Ordre des Chevaliers Porte-Glaive (1202)
  • L’Ordre de Sainte-Marie d’Espagne (1272)
  • L’Ordre de Montesa (1317)
  • L’Ordre du Christ du Portugal (1319)
  • L’Ordre Très Noble de la Jarretière (1348)
  • L’Ordre des Chevaliers de la Noble Maison de Saint-Ouen, ou, Chevaliers de l’Etoile (1351)
  • Le Très Honorable Ordre du Bain (1399)
  • Le Noble Ordre de la Toison d’Or (1430)
  • L’Ordre de l’Eléphant (1462)
  • L’Ordre de Saint-Michel (1469)
  • L’Ordre de San Stefano (1561)
  • L’Ordre des Saint-Maurice-et-Lazare de Savoie (1572)
  • L’Ordre du Saint-Esprit (1578)
  • Le Bailliage d’Utrecht de l’Ordre Teutonique (1580)
  • L’Ordre Très Ancien et Très Noble du Chardon (1687)
  • L’Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis (1693)
  • La Légion d’Honneur (1802)

Les croisades 

La lutte pour Jérusalem et la Terre Sainte, a conduit à huit croisades en Orient. Au delà de l'aspect militaire, le choc des cultures entre Chrétiens et Musulmans a eu de nombreuses conséquences sur le commerce ou le développement technique.

Consultez l'article suivant☛ Histoire. Les Croisades

Les Cathares 

L'essor des Cathares, qui pratiquent une religion hérétique dans le Sud de la France, a bouleversé l'ordre royal. Le mystère des Cathares a donné lieu à de nombreuses légendes qui ont alimenté l'ésotérisme populaire. 

Consultez l'article suivant☛   Le temps des Croisades. Les Cathares

 

La menace Plantagenêt (1137 - 1270) Philippe Auguste 

Le règne de Philippe Auguste marque une grande avancée de la monarchie française. Son temps est marqué par un conflit contre l'Angleterre qui a renforcé ses possessions sur le royaume de France. Après la bataille de Bouvines (1214), La France est victorieuse de l'Angleterre et du Saint-Empire Germanique. A la fin du règne de Philippe Auguste, le royaume de France est le plus puissant d'Occident. 

Consultez l'article suivant☛  Les Croisades, les Plantagenets et les Cathares

La légende de Saint-Louis (1223 - 1270) 

st le symbole du roi chrétien au Moyen-Âge. Tandis que le royaume prospère. Saint Louis fait asseoir son autorité en entreprenant notamment deux croisades en Orient.

Consultez l'article suivant☛ 

☛   Histoire. La Légende de Saint Louis (Louis IX, Roi de France) 

Les Rois maudits (1270 - 1328) Philippe le Bel  

Grand roi administrateur, Philippe le Bel entre en conflit avec la papauté ainsi que l'ordre des Templiers. Le Grand Maître des Templiers est brûlé vif et lance une malédiction aux rois capétiens qui finissent dans la déchéance et sans descendance directe.

La guerre de Cent Ans (1328 - 1461) 

Le conflit de succession du royaume de France oppose directement la France et l'Angleterre. Un long conflit de 116 ans entraine peu à peu la déchéance du royaume de France : défaites militaires, guerre civile, épidémie de peste noire, etc.

Jeanne d'Arc 

Brulée vive à 19 ans, Jeanne d'Arc symbolise le sursaut français à la fin de la guerre de Cent Ans. Présente directement sur les champs de bataille, la jeune fille participe au siège d'Orléans et au sacre du dauphin Charles VII. Elle est finalement capturée puis jugée par les Anglais.

La fin du Moyen-Âge (1461 - 1495) Louis XI 

Au sortir du Moyen Âge, Louis XI se distingue politiquement face à son adversaire, le bourguignon Charles le Téméraire. Par son réalisme politique, il remet de l'ordre dans le royaume et contribue à restaurer le pouvoir monarchique.

La condition des pauvres

Différentes conditions pour le peuple

 

Les artisans : Ce sont les plus favorisés, ils s’occupaient de travailler le fer, le cuivre, le bois, la laine… Ils obtenaient un atelier et une maison par un seigneur et devaient lui fabriquer des outils en contrepartie (des armes en général). Mais ils restaient des hommes libres.

Les alleutiers : Parmi les agriculteurs qui cultivaient les champs du seigneur, nombreux étaient ceux qui étaient également libres. Ce sont les alleutiers qui étaient propriétaires d’un alleu (terres libres sans le contrôle d’un seigneur). Ils nécessitaient cependant une protection, et réclamaient ainsi le soutien d’une armée à un seigneur. En échange, ils fournissaient au suzerain une partie de la récolte et devaient effectuer des corvées (travaux gratuits) : réparation d’un mur du château, construction d’un pont, moissons… Ils devaient en outre payer une taxe pour utiliser le four ou le pont seigneurial. Mais malgré ces charges lourdes, il en résultait un accord entre hommes libres.

Les serfs : Beaucoup plus modestes que les autres, ils étaient quant à eux attachés à une terre et à un seigneur, ils n’étaient donc pas libres, mais ils vivaient dans des conditions beaucoup moins dures qu’on ne le pense. Cette « servitude » leur apportait une sécurité et une certaine stabilité.

 

Le monde rural

 

La ruralité est le nerf du système, elle constitue la base de la survie économique. Les industries sont en effet peu présentes, elles se réduisaient à la fabrication des armes, de forteresses, de cathédrales… Et le commerce interrégional existait à peine. La majorité des paysans restent des hommes libres chez eux, l’esclavage se limitait à la cour royale et à la vassalité. Les paysans semaient à la main et utilisaient des bœufs pour cultiver. Chaque année, des terres étaient laissées en jachère (non cultivées) afin de les rendre fertiles. Mais très vite, les conditions du paysan se dégradèrent. Le temps devint plus humide et plus froid au XIIIe siècle, les récoltes furent mauvaises. Bientôt, il n’y avait plus assez de soleil pour extraire le sel de l’eau de mer, la viande ne se conservait plus. Ainsi, des maladies apparurent : la typhoïde, la dysenterie et la peste, elles s’ajoutèrent à la famine qui poussait certaines personnes à manger chiens, chats et même leurs propres enfants.

Les chevaliers. La chevalerie

 

Rompant avec la tradition franque qui consistait à partager le royaume entre les fils, le seigneur féodal fit de son fils aîné l’unique héritier du fief. Les autres fils recevaient une somme d’argent, une armure, un cheval dressé pour le combat, un écuyer et une épée. Nantis de ce bagage, ils s’aventuraient sur les routes, et avec l’aide de Dieu et de leur épée pouvaient-ils conquérir un fief. Ce furent les premiers chevaliers. C’est sous l’influence de l’Église que fut créée la chevalerie, un ordre militaire et presque religieux, difficile à accéder. Ses membres devaient s’engager à servir le bien, la justice et l’honneur.

 

L’initiation du chevalier

 

Seuls les fils de nobles pouvaient devenir chevaliers. De rares exceptions étaient faites pour « les chevaliers de l’épée » qui obtenaient ce titre pour leur courage sur le champ de bataille. Mais le postulant devait suivre un long apprentissage. Dès sept ou huit ans, le jeune cadet devenait page et servait le seigneur comme un domestique noble. A quatorze ans, il devenait écuyer, il portait son écu (bouclier représentant les armoiries), il devenait son assistant sur le champ de combat. Il apprenait dans le même temps, le maniement des armes et à monter le cheval en portant son bouclier et sa lourde lance. Il s’entraînait à l’esquive des coups avec la quintaine (mannequin en bois qui pivotait sur un axe). L’instruction durait sept années en général.

 

L’investiture du chevalier

 

La cérémonie d’investiture du chevalier avait traditionnellement lieu le jour de l’Ascension (quarante jours après Pâques). Le seigneur fournissait le coûteux équipement du chevalier. La veille de la cérémonie, le postulant portait une chemise blanche et une tunique rouge, couleur du sang. A la tombée de la nuit, le chevalier passait la nuit agenouillé devant l’autel de la chapelle à prier. A l’aube, une sonnerie de trompette annonçait le début de la cérémonie. Durant la messe, le chapelain rappelait les devoirs du chevalier. Après la communion, le cheval du futur chevalier entrait dans la chapelle. Puis la main tendue au-dessus de l’Évangile, le jeune homme jurait solennellement de respecter les règles de la chevalerie. Il revêtait alors son armure (haubert, cuirasse, brassards, jambières). Puis le seigneur frappait du plat de l’épée, les épaules et la tête du chevalier (adoubement). Le seigneur prononçait alors ces mots : « Au nom de Dieu, de saint Michel et de saint Georges, je te fais chevalier. Sois preux, loyal, généreux. » Le chevalier mettait son casque, saisissait sa lance et sautait à cheval. Cette chevauchée était le symbole de son errance à travers le monde où il devra faire respecter la justice, défendre la foi…

À propos

Voyageuse épicurienne, carpe diem. Passionnée d'histoire, généalogie. J'adore visiter les châteaux, édifices religieux, monuments historiques, villages de caractère et médiévaux. Mon univers est riche et curieux. J'aime l'art, dessin, peinture, lecture, musique, balades, photographie, arts divinatoires, gastronomie, bien-être. Mes ami(e)s, famille, enfants et petits-enfants complètent mes passions